C'est à partir d'aujourd'hui que sera engagé le cycle de réunions des représentants de la Ligue arabe en prévision du prochain Sommet prévu les 1 et 2 novembre prochain. La première de ces réunions programmées dans le cadre de la dernière ligne droite des préparatifs intenses et exceptionnels de cet événement majeur est celle des délégués permanents et hauts fonctionnaires du Conseil économique et social de la Ligue arabe. Selon des sources proches de cette organisation citées par des médias égyptiens et l'agence de presse palestinienne Wafa, cette première réunion de deux jours sera suivie par une seconde concertation à un niveau ministériel du même Conseil économique et social, et à laquelle succédera la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères samedi et dimanche prochains.
Lors de la visite qu'il a effectuée le 17 octobre dernier en Algérie pour s'enquérir des préparatifs du Sommet, le SG de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, avait tenu à préciser qu'il sera de retour à Alger pour prendre part à la réunion des MAE arabes, ultime concertation à la veille de l'ouverture officielle du Sommet d'Alger. Sur un autre volet, la réunion d'aujourd'hui des délégués permanents et hauts fonctionnaires du Conseil économique et social de la Ligue arabe sera axée essentiellement sur l'examen de l'agenda des travaux du Sommet d'Alger. Un agenda en tête duquel figure la question palestinienne qui, faut-il le rappeler, a connu une grande avancée à la faveur de l'initiative de réconciliation qu'avait parrainée le président de la République Abdelmadjid Tebboune et qui a été couronnée par la Déclaration d'Alger, signée le 13 octobre dernier par 14 factions palestiniennes ayant ainsi mis fin à leurs divisions et divergences d'une quinzaine d'années. De l'avis unanime des experts et des politologues, le Sommet arabe d'Alger s'inscrit dans la continuité de la réconciliation palestinienne, prélude à la réconciliation interarabe dans la perspective de s'ériger en tant que bloc uni et solide pouvant peser dans la reconfiguration internationale et de s’imposer comme un espace influent, eu égard à son potentiel de richesses et sa position géostratégique d'espace communiquant entre l'Amérique, l’Europe et l'Asie.
Les délégués permanents du Conseil économique et social de la Ligue arabe devront se pencher en outre sur la question impérieuse de la coopération interarabe sur fond de promotion de la Zone arabe de libre-échange (Zale) et de développement du partenariat gagnant-gagnant avec l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA). A ce propos, la sécurité alimentaire et la sécurité énergique sont des défis de l'heure qui s'imposent pour le Monde arabe dont la consécration d'une manière pérenne nécessite la mise en place d'une série de mécanismes efficients à même de mieux fructifier les leviers de développement jusque-là peu ou prou exploités sur la base d'une action commune rénovée. Autre défi qui s'impose, celui de l'instauration de la paix et de la stabilité durables dans l'espace arabe, en s'appuyant sur l'approche algérienne qui a prouvé son efficacité en matière de résolution pacifique des conflits.
Les foyers de tension à assainir sont multiples et complexes. Seul le recours au dialogue politique responsable garantissant la cohésion et l'unité des peuples, la souveraineté des États et leur intégrité territoriale pourrait accélérer le retour à la normale en Libye, en Somalie ou encore au Liban, pour ne citer que ces pays en proie à des crises internes qui n'ont que trop duré. Sensibles et incertains, le contexte international et les conséquences de la crise ukrainienne seront aussi parmi les thèmes devant être examinés lors du Sommet arabe d'Alger pour en sortir avec des positions confortant la souveraineté des États arabes dans leur prise de décision allant dans le sens de préserver leurs intérêts stratégiques, dans un monde qui offre l'image d'un océan déchaîné.
Événement phare, exceptionnel, voire historique, le Sommet arabe d'Alger constitue, selon des experts, cette opportunité à saisir afin que les Etats arabes puissent accomplir un rebond déterminant pour l'avenir de leur action commune pour la concrétisation des aspirations de leurs peuples qui misent beaucoup, par ailleurs, sur le parcours éloquent de la diplomatie algérienne et ses positions immuables dans la défense de ce qui est juste, dans le respect de la légalité internationale et des valeurs humaines et civilisationnelles.
Karim Aoudia