
«Malgré l'incertitude à l'échelle mondiale, les perspectives à court terme de l'économie algérienne restent globalement positives», a affirmé, hier à Alger, M. Charalambos G. Tsangarides, chef de mission du Fonds monétaire international. Cette projection positive est portée «par une reprise progressive de la production d'hydrocarbures grâce à la levée graduelle des mesures de réduction de la production décidée par l'OPEP+, ce qui devrait soutenir la croissance en 2025, tandis que l'inflation resterait modérée». A moyen terme, ces perspectives «s'amélioreraient si des réformes de diversification de l'économie étaient soutenues et si les plans d'action des autorités et des réformes structurelles sont mis en œuvre», affirme le même responsable qui conduit son équipe dans le cadre de la clôture de mission des consultations 2025. Dans le même registre, note le FMI, «l'inflation a fortement diminué, passant d'une moyenne annuelle de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024». Ce n’est pas tout. D’autres indicateurs positifs ont été relevés par le responsable du FMI. Des exemples ? «La politique monétaire est restée accommodante au premier semestre de 2025», annonce M. Tsangarides. Pour leur part, les réserves de change sont restées, en 2024, «conséquentes, s'établissant à 67,8 milliards de dollars, couvrant environ 14 mois d'importations». Relevant, d’autre part, d’«importantes» vulnérabilités budgétaires, le responsable du FMI préconise «un ajustement budgétaire progressif, mais urgent, afin de renforcer la résilience budgétaire et reconstituer les marques budgétaires». Ce rééquilibrage «permettra de freiner l'augmentation des besoins de financement due aux déficits élevés et à la chute des cours des hydrocarbures, ce qui contribuera à réduire les vulnérabilités». Une plus grande flexibilité du taux de change «renforcera la capacité de l'économie à absorber les chocs extérieurs dans un contexte de volatilité accrue des cours des hydrocarbures et d'incertitude à l'échelle mondiale». Aussi, a indiqué M. Tsangarides, une consolidation des cadres institutionnels et des réformes visant à renforcer la résilience budgétaire, une diversification de l'économie et une promotion de l'investissement privé sont «essentielles pour stimuler la croissance et créer des emplois à moyen terme». En chiffres, note le FMI, le déficit budgétaire «s'est considérablement creusé en 2024, atteignant 13,9 % du PIB, en raison de la baisse des recettes d'hydrocarbures et de la hausse des salaires et des dépenses d'investissement, et devrait rester élevé en 2025». Parmi les priorités de réforme à moyen terme figurent, selon le FMI, «l'amélioration de la soutenabilité des finances publiques, le renforcement des cadres opérationnels de la politique monétaire et financière, et la poursuite des réformes structurelles visant à stimuler l'investissement privé, la croissance inclusive et la création d'emplois». La stratégie d'ajustement budgétaire «serait renforcée par des réformes visant à augmenter les recettes hors hydrocarbures et à rationaliser les dépenses». Pour le chef de mission du FMI, «une réforme des subventions aiderait à reconstituer les marges de manœuvre budgétaires et à créer un espace budgétaire pour les dépenses prioritaires, notamment l'aide ciblée aux ménages vulnérables». L'amélioration de l'efficacité des investissements publics, quant à elle, «appuierait la réalisation des objectifs de diversification économique des autorités. Il serait essentiel d'améliorer la surveillance, l'efficience et la gouvernance des entreprises publiques pour maîtriser les risques macro-financiers».
F. I.
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Réformes institutionnelles :
Les efforts de l’Algérie salués
La mission du FMI «salue les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la loi organique budgétaire de 2018, qui devrait améliorer la transparence et renforcer la responsabilité dans l'exécution budgétaire, la création au sein du ministère des Finances d'une unité chargée de superviser les entreprises publiques et de renforcer la gestion des risques budgétaires, ainsi que l'application attendue de la nouvelle loi sur les marchés publics».
Aussi, l’équipe du FMI «félicite les autorités pour la poursuite de la mise en œuvre de la loi monétaire et bancaire de 2023, l'amélioration de la gestion de la liquidité et le renforcement des capacités en matière de prévision macroéconomique et d'analyse des politiques».
La mission «encourage la poursuite de ces réformes et «salue également les récentes réformes de la gouvernance et les efforts continus visant à renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ainsi qu'à accroître la transparence et la responsabilité dans le secteur public».
F. I.
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L’Algérie, pays sans dette extérieure
Interrogé sur le cas de l’Algérie comme étant un pays sans dette extérieure, le représentant du FMI a indiqué que «c’est une chance d’être dans cette situation dans laquelle très peu d'autres se trouvent».
Une prouesse qui trouve son explication, selon M. Charalambos, dans les «efforts du gouvernement qui a pu profiter de l’environnement positif marqué par des prix élevés des hydrocarbures pour utiliser ces ressources et ne pas emprunter sur le marché extérieur».
F. I.