
Le 16 avril, l’Algérie célèbre la Journée nationale du Savoir, en hommage au Cheikh Abdelhamid Ben Badis, pionnier du renouveau intellectuel et moral du peuple algérien. Cette date, profondément enracinée dans la mémoire nationale, transcende la simple commémoration .Elle s’impose désormais comme un repère stratégique dans l’affirmation de la souveraineté scientifique de l’État algérien. Au lendemain de l’Indépendance, l’Algérie ne comptait que quelques centaines d’étudiants répartis dans une poignée d’universités. Aujourd’hui, c’est une véritable armée de plus de 1,8 million d’étudiants qui peuplent les amphithéâtres de 117 établissements d’enseignement supérieur, couvrant l’ensemble du territoire national. Ce bond démographique et structurel n’est pas un hasard : il est le fruit d’une volonté politique ferme d’élargir l’accès au savoir et de faire de l’université un pilier de la reconstruction nationale. Mais le quantitatif n’est qu’une étape. Depuis quelques années, l’université algérienne entre résolument dans une phase de saut qualitatif, alignée sur les grandes priorités de l’État. Intelligence artificielle, cybersécurité, nanotechnologies, énergies renouvelables : ces filières stratégiques ne sont pas de simples innovations techniques, elles incarnent un choix de souveraineté. Elles traduisent une orientation politique claire : arracher l’Algérie à toute dépendance technologique et faire de son université le cœur battant de son indépendance intellectuelle. Dans cette optique, la promotion des mathématiques a été érigée en priorité nationale, symbole d’un retour aux fondamentaux et d’un engagement ferme en faveur de l’excellence. Parallèlement, la décision portant introduction progressive de l’anglais comme langue d’enseignement dans les filières scientifiques s’inscrit dans une stratégie de projection internationale, dictée par une volonté de faire de l’université algérienne un acteur intégré aux réseaux de recherche mondiaux. L’anglais devient ainsi un outil de d’émancipation scientifique, et non un simple vecteur de communication. Cette dynamique de transformation s’étend jusqu’au cœur de la gouvernance universitaire. L’université algérienne n’est plus un simple lieu de transmission du savoir, mais devient un véritable moteur de création de richesse. L’implantation d’incubateurs, de maisons de l’entrepreneuriat et de centres de développement de startups au sein des établissements traduit une rupture assumée avec le modèle académique classique. C’est l’émergence d’une université proactive, connectée aux enjeux de développement national et pleinement engagée dans l’économie de la connaissance. Cette orientation répond directement aux directives du président de la République, qui a fait de la jeunesse et de l’innovation des axes structurants de l’Algérie nouvelle. À cette ambition intérieure s’ajoute une dimension géopolitique affirmée. L’Algérie renforce son attractivité en tant que pôle régional de formation, en multipliant les programmes d’accueil pour les étudiants étrangers, en élargissant la coopération universitaire et en consolidant les passerelles avec les universités partenaires. C’est là, une autre forme de souveraineté : faire rayonner le savoir algérien à l’international et en faire un levier d’influence et de solidarité. L’université algérienne n’est plus dans une logique d’adaptation. Elle est entrée dans une ère nouvelle, portée par une vision stratégique et des choix courageux. C’est dans ce sens que la Journée nationale du Savoir prend toute sa portée. Elle rappelle que le savoir n’est pas une fin en soi, mais un outil de développement, d’émancipation et de souveraineté.
K. H.