Mosquées de Constantine : Un héritage architectural ciselé par l’islam

Cité aux mille visages, des oulémas, des beys et d’autres congrégations, Constantine est autant accueillante que vindicative, attirante que redoutable. Fière de sa civilisation ancestrale numide, la ville du vieux Rocher, ou comme certains la surnomment ‘’ville du savoir’’, a vu se succéder Phéniciens, Carthaginois, Romains, Byzantins, Arabes, Ottomans, Français. Mais c’est durant la renaissance arabo-berbère, inaugurée par l’épopée des Fatimides et jusqu’à l’époque des Ottomans que la cité a vu l’édification des lieux de culte les plus authentiques. L’islam a véritablement métamorphosé l’aspect architectural de la ville. Selon le défunt Maâmar Benzeggouta, historien et auteur du livre «Cirta – Constantine de Massinissa à Ibn Badis», la civilisation musulmane a marqué l’histoire de la ville ; la pénétration de l’islam dans les cœurs des autochtones berbères, notamment en cette ville de Constantine, n’a pas de date précise. Elle semble avoir eu lieu « en douceur», d’une manière dirons-nous «fortuite» , car d’abord individuelle, puis en groupes restreints, pour atteindre par la suite la quasi-totalité de la population de la ville. L’historien affirme que «dans les derniers siècles du Moyen-Age occidental, Constantine était l’une des principales villes hafsides susceptible de rivaliser avec Bougie pour la prédominance de la province occidentale de l’est de l’Ifriqia». Lorsqu’on cite les lieux de culte les plus singuliers, on évoque les mosquées Sidi Lakhdar, Rabaïne Cherif, Sidi Afane, Bachtarzi, la mosquée Sidi Elkettani, Djamâa Elkbir, la Médersa et la mosquée Souk El Ghezel, actuellement mosquée Hacène Bey. La mosquée de Saleh Bey, dédiée à Sidi Elkettani, existe depuis plus de trois siècles et illustre le règne du bey Saleh ben Mostafa (de 1185-1207), l’un des plus importants beys de Constantine. Les historiens confirment que pendant cette période, plus de soixante-dix mosquées et zaouïas ont été construites dans les quartiers de la ville. La mosquée Sidi El Kettani a été conçue avec une architecture arabo-musulmane sur le point le plus élevé du secteur sauvegardé de la ville. Raconter l’histoire des édifices religieux de l’antique Cirta, c’est aussi souligner l’importance de la mosquée Sidi Lakhdar. Celle-ci est très symbolique et son histoire est liée à l’activité réformiste de l’association des Oulémas musulmans algériens. Située au cœur du quartier El Djezarine, elle représente l’un des lieux de culte les plus fréquentés par les fidèles pendant la période coloniale, d’après les écrits de Louis Régis de 1879. «En août 1934, un Juif a uriné sur le mur de la mosquée Sidi Lakhdar en insultant les fidèles présents à l’intérieur. Aussitôt, des affrontements sanglants ont eu lieu entre les Algériens et la communauté juive, faisant des morts des deux côtés». Sidi Lakhdar constitue indéniablement un centre de rayonnement religieux et culturel, une institution d’apprentissage du Coran pour plus de 200 étudiants, sous la direction de Cheikh Abdelhamid Benbadis durant les années 40, explique l’historien Abdeslam Yakhelef. La Grande Mosquée, communément appelée Djamaa El Kebir, a été construite en 1135 après J-C, sous les Bani Hammad, une dynastie sanhajie qui a régné sur l'Algérie entre 1014 et 1152. La mosquée a connu plusieurs travaux de restauration au cours de sa longue l'histoire, y compris pendant l'ère ottomane en l'an 1766, et pendant la période coloniale, et en 2015 pendant l’évènement «Constantine, capitale de la culture arabe».

Chahinez Djahnine

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