
Signe des temps, bon nombre d’idées reçues et de contre-vérités continuent à ce jour, hélas, de faire des ravages dans les esprits étroits et tortueux d’une minorité de concitoyens, et ce principalement en raison de leur ignorance de l’histoire de notre pays.
Et pour cause !... Autant dans la vie de tous les jours que dans les us et coutumes, l'autorité, telle que nous la concevons et l'avons vécue, autrement dit celle représentée par des parents et des chefs conscients de leurs devoirs, qui tienne compte des nobles principes et valeurs ayant cours au sein de notre société, voire de la justice immanente ou de la divinité, cette autorité là a toujours fait en sorte que ceux-ci -les parents- se sacrifient en général pour leurs enfants ou leurs subordonnés. Et qu'en retour, les derniers cités, a priori incapables de comprendre le sacrifice en question avant de se trouver eux-mêmes, ultérieurement, dans une posture semblable, leur conférant des responsabilités similaires, respectent à leur tour les premiers cités et les honorent, bien entendu en s'abstenant de les juger…
Ces principes et valeurs, fondamentaux à plusieurs titres, ont malheureusement été maintes fois malmenés, voire bafoués ces derniers temps dans notre pays, en l'occurrence sous l'angle sociétal. Et, autant le dire aussi, de «mille et une» façons. Moralement, les dégâts sont considérables : les valeurs traditionnelles, ayant jusque-là fait graduellement l'objet non seulement d'une perversion, mais d'une inversion pure et simple, sont à présent considérées comme obsolètes, révolues. Pour ce qui est des valeurs universelles, tout ou presque porte à croire que les citoyens lambda y sont réfractaires. A présent elles font place à une «morale» nouvelle, morale on ne peut plus douteuse. Toujours est-il que cela fait de cette frange de la population des êtres errants, de surcroit au milieu du gué.
Conséquences prévisibles : des familles -et Dieu seul sait combien elles sont nombreuses- se sont disloquées, voire divisées. Des liens d'amitié se sont rompus. Les malheureux nouveaux clients de la soi-disant «justice» d'outre Méditerranée, autrefois héros patentés de la lutte antiterroriste, ont vu leurs «meilleurs» compagnons et anciens laudateurs d'ici leur tourner le dos. Des enfants ont été les innocentes victimes de l'honnêteté de leur père. Des patrimoines privés, comme au temps des biens autogérés, se sont édifiés «mystérieusement», de surcroit avec une rapidité époustouflante et continuent de s'afficher avec une insolence inouïe.
C'est précisément ce déni de soi qu'il faut combattre et, à terme, vaincre à tout prix.
Des personnages de basse extraction, sans scrupules, ont entretemps osé et triomphé, tels des parasites au long cours. Un peu partout dans la masse, chacun s'est enfermé dans sa coquille sans s'occuper de ses semblables, voire de ses plus proches voisins. La charité musulmane, paralysée par l'individualisme et la cupidité, a presque entièrement disparu. Par incivisme criant, par manque d'éducation de base ou tout simplement par indifférence coupable, des pans entiers d'urbanité sont à présent menacés par une bazarisation épigonale rampante, informelle, des places et grandes rues -bazarisation qui en tout cas n’a rien à voir avec les vrais bazars levantins-, ce qui, à s’y méprendre, ne peut être qu’un inévitable signe annonciateur d'une clochardisation qui sans cesse envahit, en le balafrant chaque jour que Dieu fait, l'environnement urbain des grandes villes du pays.
C'est ce déni de soi qu'il faut combattre et, à terme, vaincre à tout prix. Et ce, grâce à une capacité avérée de résilience que possèdent malgré tout notre pays et son peuple, qualité au demeurant fort enviée par de nombreuses autres nations.
Kamel Bouslama