
Khalîl Ibn Ahmad Al Farâhîdî (718-791) est un écrivain et philologue du sud de l'Arabie (actuel Oman). Il naquit à Oman puis s'installa à Bassora, en Irak, où il abandonna l'ibadisme pour le sunnisme. Bassora et Koufa sont alors deux foyers culturels très importants et rivaux, où se développent la recherche et la traduction en langue arabe. Considéré comme le fondateur de la grammaire arabe, Khalil Ibn Ahmad publia le premier dictionnaire d'arabe, Le Kitab al-Ayn (Le livre source), probablement terminé par son disciple Al-Layth ibn Al-Muzaffar. Ce dictionnaire a été imprimé en huit volumes à Baghdad entre 1980 et 1985 par Khalīl ibn Aḥmad, Mahdī Makhzūmī et Ibrāhīm Sāmarrāʼī. Le livre source cherche à élucider l'origine des mots arabes. Les mots ne sont pas rangés par ordre alphabétique, mais selon la phonétique, par rapport à la localisation de la prononciation, du son le plus profond dans la gorge, (ayn) au plus labial, (mìm). Ce document et d'autres établissent que la connaissance des points diacritiques était déjà répandue parmi les Arabes, en l'an 22 après l'Hégire, ce qui permet de penser qu'elle l'était aussi au temps du Prophète, même si les Arabes n'avaient pas pensé à la généraliser. Il faudra attendre l'expansion de l'islam et donc de l'arabe pour ressentir le besoin de donner à la notion de la langue arabe les instruments de sa meilleure lisibilité. De même, le persan Sîbûyeh ou Sibawayh fut celui qui rendit explicites les règles de la grammaire arabe qui n'était pas enseignée en tant que science. Khalil Ibn Ahmad a joué un rôle prépondérant dans la réforme du script (calligraphie) de l'arabe qui a permis d'améliorer la différenciation des consonnes. Il est aussi le fondateur des règles des deux sciences («El-Arood») : celle de la poésie arabe et celle de la lecture du Coran. Khalil ibn Ahmad établit le système diacritique de l'arabe (Harakat). Il serait plus juste de dire qu'il rendit explicite et contribua à généraliser l'emploi des points diacritiques qui existaient déjà du temps du Prophète. Khalil Ibn Ahmad écrit également des poèmes. C'est au cours d'une promenade dans le bazar de Bassora qu'il note la cadence des coups de marteau des dinandiers. Ce mouvement lui révèle le rythme de composition de la poésie préislamique. Après avoir mené une vie d'ascète, il meurt en 791 à Bassora.