
Les associations jouent un rôle fondamental dans la société, en contribuant au bien-être social, culturel et environnemental. Cependant, pour maximiser leur impact et assurer leur pérennité, il est crucial qu'elles évoluent et adoptent une approche plus entrepreneuriale.
Cette transformation ne signifie pas abandonner leurs missions sociales, mais plutôt intégrer des pratiques économiques durables qui leur permettent de générer des ressources propres et de réduire leur dépendance aux subventions publiques. Le bureau de liaison entre l'université et les entreprises, sous l’égide du centre des interfaces universitaires, le café des affaires, a organisé, le mois dernier, une rencontre scientifique à l’université Hamma- Lakhdar d’El-Oued, visant à encourager les associations à adopter une approche entrepreneuriale.
Cette rencontre, qui a réuni des représentants du conseil économique, social et environnemental, experts, universitaires et acteurs de la société civile, a porté notamment sur la réalité de l'action économique de la société civile et les mécanismes de transition de la pensée traditionnelle à la pensée entrepreneuriale.
Cette initiative a mis en lumière le potentiel des associations en tant que forces économiques émergentes et a souligné l'importance de leur intégration dans la dynamique nationale de développement.
Les participants à cette rencontre ont souligné que cette initiative vise à sensibiliser les associations à leur rôle crucial dans le projet de développement national. Selon eux, la société civile dispose d'un important capital humain, jeune et dynamique, capable de générer richesse et emploi. Ils estiment qu'il est impératif pour les associations d’adopter une approche entrepreneuriale, en abandonnant progressivement la dépendance aux aides publiques pour se tourner vers l'investissement économique.
Cette transformation leur permettrait de devenir des acteurs économiques à part entière, tout en respectant le cadre législatif en vigueur.
Selon le recteur de l'université d'El-Oued, le Pr.Omar Farhati, cette initiative s'inscrit dans la stratégie nationale visant à renforcer l'ouverture des universités sur leur environnement socio-économique.
Une plateforme d’échange
Il a précisé que le Café des Affaires joue un rôle de plateforme d'échange entre acteurs économiques, universitaires et représentants de la société civile, afin d'encourager l'adoption de modèles entrepreneuriaux basés sur des fondements scientifiques et économiques.
De son côté, le responsable du bureau de liaison entre l'université et les entreprises, Dr Bahi Abd el-Malek, a mis en avant l'importance de ce forum comme un espace d'échange constructif. Il a souligné que l'université offre aux associations un accompagnement sous forme de formations et de conseils, leur permettant de se structurer en véritables entrepreneurs communautaires, capables de contribuer efficacement à l'économie nationale et de soutenir plusieurs secteurs stratégiques. Lors de cet événement, Dr Mekataf Karima, présidente du département de développement durable au conseil économique, social et environnemental, a pris la parole via Zoom pour présenter une intervention intitulée «Les efforts de l'État pour renforcer la dimension entrepreneuriale dans l'action associative».
Elle y a exposé le rôle fondamental de la société civile dans la mise en œuvre des politiques économiques et sociales du pays, ainsi que les mécanismes permettant aux associations de se repositionner dans le secteur économique grâce à l'entrepreneuriat.
Par ailleurs, Dr Chawki Medelal, spécialiste en droit à l'université d'El-Oued, a détaillé le cadre juridique régissant l'entrepreneuriat associatif, expliquant les dispositions légales permettant aux associations d’exercer des activités économiques. Il a également évoqué la possibilité pour certaines associations, notamment environnementales, de participer aux marchés publics, renforçant ainsi leur rôle dans l’économie nationale tout en poursuivant leurs missions sociales.
Le professeur Nour el-Dine Djouadi, économiste à l'université d'El-Oued, a mis en lumière le potentiel considérable des associations algériennes, estimées à plus de 130.000 à travers le pays, qui pourraient devenir des acteurs économiques majeurs.
Il a illustré son propos avec des exemples internationaux, rappelant qu'en 2004, les associations de 36 pays avaient investi plus de 2 milliards de dollars, représentant 5% de leurs PIB respectifs. Ces initiatives avaient également permis la création de 45 millions d'emplois à travers le monde. Il a également cité l'exemple de l'Égypte, où les associations ont investi 6 millions de dollars entre 2013 et 2014, ainsi que le Canada, où les organisations associatives attirent environ 1 million de touristes par an, contribuant ainsi à la croissance économique du pays.
Lors des discussions, Djebali Belkhir, représentant de l'association caritative Daouia, affiliée au groupe Djilali Mehri, a partagé son expérience en matière de gestion et d'investissement agricole.
Il a présenté ce modèle comme un exemple de réussite à l’échelle nationale, illustrant le potentiel des associations dans le secteur économique.
De son côté, Houidi Abd el-Basset, président de l'association Ithar pour la prise en charge des orphelins, a détaillé la transformation de son organisation, passée d’un fonctionnement purement caritatif à un modèle d’entrepreneuriat social. Il a expliqué comment l’association a su développer des projets économiques durables, permettant d’assurer un accompagnement efficace aux orphelins tout en générant des ressources propres.
C. G.