Le centre de recherche en langue et culture amazighes (CRLCA) de Béjaïa a organisé dans son auditorium le colloque national intitulé : «De Tajmaât aux associations : transformation des modèles de gouvernance dans les villages kabyles». Selon les organisateurs, ce colloque porte sur l’évolution des modèles de gouvernance en Kabylie, avec un focus particulier sur le passage des Tajmaât et l’émergence des associations locales. Il vise à explorer l’impact de ces transformations sur la gouvernance participative, le développement durable et la cohésion sociale dans les villages kabyles. Un événement important avec un thème très étudié et qui a réuni des chercheurs, universitaires et experts pour discuter de ces mutations sociales et culturelles, et offrir un cadre privilégié pour enrichir le débat sur les dynamiques socioculturelles de la région. Tajmaât est un terme qui désigne la place publique en Kabylie, un espace de rencontres où les villageois se retrouvent quotidiennement. C’est surtout le lieu, situé généralement au centre du village, où se réunissent les villageois, selon un modèle ancestral de prise de parole et de délibérations participatives au sein des tribus amazighes. Tajmaât est un espace socioculturel et politique très répandu en Méditerranée depuis l’antiquité, comme l’atteste l’architecture de plusieurs villages, non seulement en Kabylie mais ailleurs en Algérie. Tajmaât est une institution sociale représentée par des hommes, souvent qualifiés de sages, et ayant pour tâche la gestion des conflits et des affaires publiques du village ainsi que l’application du droit coutumier. Le mode d’organisation se met en place sous l’égide de Tajmaât, du comité de village ou de quartier, en s’appuyant sur la tolérance, le partage, la réciprocité et le travail collectif. C’est dans cet objectif que ce colloque, organisé par le CRLCA, vise à explorer la trajectoire de l'évolution des modèles d'organisation sociale en Kabylie et à mettre en lumière leur importance au sein de ces sociétés. Cet événement offre une opportunité d'enrichir le débat autour de cette problématique en réunissant des chercheurs et des spécialistes pour échanger, analyser et contribuer à la compréhension des dynamiques socioculturelles qui façonnent la région. Pour donner un cachet particulier à cet évènement national culturel. le CRLCA a permis à plusieurs intervenants d’aborder des thèmes qui traitent du rôle imminent que joue Tajmaât, composée d’une frange de population constituée de sages, d’intellectuels et de personnes ayant un effet positif de réflexion et de décision dans la vie commune des villages. Ainsi, Chachoua Kamel a axé son intervention sur la signification de Tamurth (la propriété), Taddarth (village) et Tajmaât (assemblée). Histoire sociale de la construction sociale de la collectivité villageoise en Kabylie : Tajmaât et la gouvernance locale dans les villages kabyles. Chaouane Emma a parlé du comité de village à la Tajmaât d’Ifigha : Étude d'un retour au primordial modèle kabyle de gouvernance de la «terre-Taddart». Plusieurs intervenants se sont relayés face à l’assistance, dont Zoreli Mohamed-Amokrane avec «La Tajmaât et la bonne gouvernance, une question de pertinence» et Yahiaoui Safia avec «La Tajmaât kabyle : entre persistance et transformation». D’autres conférences ont été suivies avec une grande attention par les participants qui ont marqué le rôle important de ces associations de village. Takheroubt Slimane et Izerouel Yazid ont relaté des points importants sur le fonctionnement des villages avec le thème «Timεemmert comme substitut de la Tajmaât traditionnelle : cas du conflit territorial à Ath Djennad en Kabylie». Meddour Khaled et Yakkouben El-Manaâ ont abordé la place de «Tajmaât» et les logiques de l’association moderne. Des ateliers sur l’organisation sociale entre comités de villages et associations ont été mis en place lors de ce colloque national.
M. L.