Le Mali, le Niger et le Burkina Faso quittent la CÉDÉAO : Dangereuse sortie de route

Les Mali, le Niger et le Burkina Faso ont décidé, dimanche, de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO). Cette surprenante démarche aux lourdes conséquences comporte des risques, en raison, notamment, de la situation géographique et économique de ces trois pays enclavés, se privant d’une issue vers les côtes ivoiriennes et sénégalaises.

Ce n’est certainement pas une bonne nouvelle. Porteuse d’impacts nocifs pour la stabilité de la région, l’acte est accueilli comme une singulière prise de risque. La CÉDÉAO, qui n’a encore pas réagi, annonce seulement qu’elle n’a reçu aucune notification dans ce sens. Sur le plan légal, un retrait sans préavis d’un an n’est pas recevable. Ce délai est nécessaire pour trouver les moyens permettant une progression dans le processus de rupture. 
Affaiblis par de lourdes sanctions et des menaces d’intervention militaire, les trois pays sont acculés. Les autorités, issues de coups de force jugés salutaires pour sortir de l’engrenage de la violence, se sentent livrées à une pression politiques, diplomatiques et économiques sans précédent. Est-ce une raison pour perdre pieds en un moment si sensible ? L’engrenage dans une aventure où la seule issue est l’isolement n’est pas une bonne stratégie. Le moment est mal choisi, en ce sens où les trois pays sont sous les projecteurs de l’Afrique et du monde pour la conduite vers la normalisation institutionnelle. Les autorités des trois pays font face à la lourde responsabilité de conduire leurs pays vers un retour à un gouvernement civil. Aussi, l’accusation de vouloir prolonger la situation actuelle est vite tombée. Le doute surgit même auprès des amis de ces trois pays, soupçonnés, à tort ou à raison, de vouloir s’accrocher au pouvoir. En Afrique et dans le monde, c’est l’interrogations au sujet de la motivation de ce passage à l’acte qui ne concorde certainement pas avec la stabilité et la sécurité de la région. Cette surprise intervient après la regrettable décision unilatérale prise par les autorités maliennes, le 25 janvier, de mettre fin aux Accords d’Alger, avec «effet immédiat». C’est une inquiétante désorientation qui indique un manque de recul. La décision unilatérale a fait réagir aussi l’Union européenne qui a «regretté» hier la mise à mort de l’accord de réconciliation d’Alger, considérant que «les populations civiles du Nord seront les premières à subir les conséquences de cette décisions». Cela étant, le poids des sanctions imposées par la CÉDÉAO est sans doute lourd à porter. Cette rupture, qui confine les trois pays sahéliens dans une redoutable posture, va dans le sens de la pression tellement préjudiciable au cours normal des choses. En particulier, l’aggravation du facteur d’enclavement par l’arrêt de la circulation des biens et des personnes qui empêche l’accès aux côtes ivoiriennes et sénégalaises. 
C’est dire que les populations des trois pays devront subir une autre source d’étouffement économique.
 
Rachid Lourdjane
 

 

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