Ikbal Cherifi, directeur général adjoint de l’ENTMV : «L’entreprise continue de subir les mêmes contraintes»

La compagnie nationale de navigation maritime coule sous le poids d’une crise financière inédite. L’Entreprise nationale de transport maritime des voyageurs (ENTMV) qui dévoilait, en décembre dernier, son bilan suite à la suspension, depuis le 17 mars 2020, du trafic des voyageurs, dans le sillage des mesures prises par l’Etat en matière de prévention contre la propagation du Covid-19, évoquait alors des pertes financières estimées à 9 milliards de dinars.
Son P-DG, M. Ahcène Gueraïria, avait déclaré, en effet, que l’entreprise traversait une «crise financière» et qu’elle rencontrait «plusieurs difficultés, notamment pour le paiement des salaires des travailleurs, en raison de la suspension des dessertes maritimes».
Pour s’enquérir de l’évolution de la situation au sein de la compagnie, avec le maintien de la fermeture des frontières, nous avons pris attache avec le directeur général adjoint de la compagnie qui nous a parlé de statu quo depuis pratiquement une année. «Depuis notre dernière déclaration de décembre 2020, les dessertes maritimes sont toujours suspendues et ce depuis le 17 mars 2020. Par conséquent, les difficultés citées restent d’actualité et l'entreprise continue de subir les mêmes contraintes», nous dira M. Ikbal Gherifi.
L’entreprise a continué à assurer les salaires des travailleurs tout comme pour les dépenses liées aux maintiens techniques des navires qui s’accentuent en raison de leurs immobilisations». D’autre part, précisera-t-il, les dettes détenues sur l’ENTMV «sont des charges inscrites sur les livres de comptes de l’entreprise et on sera, tôt ou tard, tenus de les honorer». Cependant, nous explique M. Ikbal Cherifi, «dans l’état actuel, avec la suspension de l’activité, il est plus que difficile de faire face à nos créanciers sans une action des autorités publiques qui permettrait à l’ENTMV de régler ses dettes et de différer le remboursement».
Sur un autre plan, celui des faibles capacités de l’entreprise, le DG adjoint d’Algérie Ferries affirme que «la flotte, certes, va être renforcée par une nouvelle acquisition avec la mise en service du car-ferry Badji Mokhtar II au mois de mai, mais il n’en demeure pas moins que le CF Tariq Ibn Ziyad arrive à sa fin de vie et sera inévitablement retiré du service et son remplacement est plus que nécessaire».
Par conséquent, souligne-t-il «l’ENTMV devra, avec seulement trois car-ferries, faire face à la concurrence des Français et des Espagnols, qui disposent de flottes plus riches et aussi subventionnées par leurs Etats respectifs». Aussi, indique M. Ikbal Cherifi, «l’acquisition d’autres car-ferries, au moins deux (02), est plus que nécessaire si l’on souhaite garder une indépendance en matière de transport des personnes, vis-à-vis de la concurrence et garantir à nos concitoyens résidents à l’étranger le retour au pays avec un armement national».
Des engagements de la part des pouvoirs publics pour faire face à ces difficultés ? Pas pour l’heure suivant la réponse du DG adjoint de l’ENTMV. «Nous avons maintenu les salaires et l’état technique des navires avec les quelques opérations de fret roulant que nous avons mises en place depuis le 02 novembre 2020, sans pour autant faire face à toutes nos dépenses avec les recettes réalisées.
Aussi, nous avions contracté un crédit auprès de la BEA pour faire face à ces mêmes dépenses.» A la question de savoir si l’entreprise entendait augmenter les prix des prestations fournies aux clients, la même source nous a précisé qu’ «aucune augmentation n’est prévue au titre des prestations à fournir aux passagers, si l’activité est amenée à reprendre ». Mais, «toutefois pour des services supplémentaires et prestations différentes avec le car-ferry Badji Mokhtar III, un ajustement tarifaire sera probablement opéré.
D. Akila

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