
Portés par la reprise de l’économie mondiale et l’augmentation consécutive de la demande, mais aussi par la crise en Ukraine, les prix du Brent prennent de la hauteur, en renouant avec la hausse des années 2008-2014, où le baril a dépassé le cap des 100 dollars. L’Algérie, qui avait connu à cette période une phase d’aisance financière jamais réalisée, avec plus de 200 milliards de dollars de réserves de changes, engrangés grâce aux revenus des hydrocarbures, n’a pas su profiter alors de cette opportunité pour restructurer son économie, demeurée ainsi tributaire de la seule rente pétrolière. Après un long passage difficile, compliqué par la détérioration des finances de l’État, en raison de la baisse drastique des prix du pétrole entamée dès la mi-juin 2014, conjuguée aux effets de la crise sanitaire, l’Algérie reprend enfin son souffle, grâce à la remontée des cours de l’or noir dès décembre 2020, pour dépasser les 100 dollars en 2022. Un temps de répit pour l’Algérie qui devra lui permettre de consolider ses réserves en devises et de disposer de marges de manœuvre pour redresser son économie. Les chiffres communiqués par le groupe Sonatrach indiquent, à ce titre, que le chiffre d’affaires de la compagnie est passé de 20 milliards de dollars en 2020, à 35 milliards de dollars à fin 2021, à la faveur de la hausse des cours du pétrole, et que ses exportations ont totalisé 13 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), l’année dernière, avec, en parallèle, la réduction de la facture des importations de carburants de 1,5 milliard de dollars par rapport à l’exercice précédent. Aussi, la production de Sonatrach est passée de 176 millions de TEP entre 2020 et 2021, ce qui a permis d’optimiser considérablement les exportations de la compagnie, soit près de 95 millions de TEP, représentant une augmentation de 18%. Le vice-président de Sonelgaz, Rachid Zerdani, a déclaré, dans ce sens, que «la compagnie a consenti des investissements de l’ordre de 8 milliards de dollars/an, en moyenne, durant les trois à quatre dernières années, dont plus de 70% dans l’exploration/production», soit «plus de 17 milliards de dollars alloués à l’exploration, au cours des dix dernières années». Des performances qui devraient se consolider davantage en 2022, car les prix du pétrole sont censés se maintenir dans leur courbe haussière, tel que l’affirment les experts du domaine. Les économistes, pour leur part, avertissent contre tout excès d’euphorie, en mettant en garde contre sur les incertitudes qui risqueraient de bouleverser les équilibres du marché pétrolier mondial et sur ses conséquences directes sur les économies rentières comme la nôtre. Aussi, ils sont unanimes à souligner l’impératif pour l’Algérie de saisir cette opportunité pour mettre en place les moyens et les instruments du renouveau économique, à travers l’accélération des réformes et la transition vers le nouveau modèle de croissance. Il s’agit de consolider les fondamentaux de l’économie nationale et d’amorcer sérieusement l’affranchissement du pays de sa dépendance chronique aux hydrocarbures, tout en œuvrant à sa sécurité énergétique, par la mise en route rapide du programme des énergies renouvelables.
D. Akila
-------------------------------------
Prix du jour
Les cours du pétrole sont repartis à la hausse, vendredi dernier, les courtiers se protégeant avant la fermeture des échanges durant le week-end, dans un marché toujours soutenu par les craintes de perturbations de l'offre d'or noir, découlant du conflit en Ukraine. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a terminé en hausse de 3,05% à 112,67 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril a gagné 3,12% à 109,33 dollars. «Le marché essaye de se stabiliser au-dessus des 100 dollars le baril, alors que personne ne veut être à découvert avant le week-end, au cas où il se passerait quelque chose de mauvais pendant ce temps», a expliqué John Kilduff, d'Again Capital.