Exhumer le passé, déterrer les peurs et convoquer les réminiscences telle est la thématique du récent ouvrage de l'autreure Kaouther Adimi.
Exutoire ou catharsis ou les deux ? Ce récit pathétique se veut une sorte de complainte libératrice pour ressusciter toutes les émotions et ressentis latents engrangés et enfouis au fond de soi.
C'est ce que propose l'autrice Kaouther Adimi dans son roman au titre quelque peu équivoque La joie ennemie paru en août 2025 aux éditions Barzakh.
Ce récit émouvant exhume un passé pas si lointain pour décrire une Algérie exangue qui était à feu et à sang. La tragédie nationale qui a secoué le pays durant une période donnée à laisser de nombreuses séquelles sur l'auteure, qui suite à une nuit passée au musée de l'Institut du monde arabe, pour écrire sur l'artiste peintre Baya Mahieddine a vu remonter en surface tous ses non-dits ses silences et ses angoisses. Durant cette nuit, elle a reglé ses comptes avec cette panique qui l'a submergée et qui l'a paralysée durant de nombreuses années. Suite au retour au pays de ses parents en 1994, nouvellement installés pour une bourse d'études en France, Kaouther enfant assiste au lendemain de ce retour à un faux barrage. Une scène qui l'a perturbeé et qu'elle a dissimulée lui causant de nombreux troubles.
A travers ses élucubrations mentales, ses frayeurs, et sa douleur latente, Kaouther rappelle succintement, cette époque sclérosante et oppressante empreinte de violence qui a marqué tout un peuple durant plus d'une décennie.
C'est un récit fluide, plein de clairvoyance permettant au lecteur de revisiter cette époque à jamais révolue et de quantifier l'horreur et la barbarie
"Face aux toiles de Baya, Kaouther Adimi décide enfin d'affronter cette période : combler les trous exhumer les archives, confronter les versions, interroger les proches, notamment le père. Un roman cathartique où l'art et l'écriture célèbrent la lumière, la joie, conjurant les ténèbres" est-il mentionné.
Dans cette narration, l'autrice enfant à garder durant de nombreuses années , cet effroi et cette terreur de cette journée fatidique suivant le retour au pays,. "je savais que ce livre existerait, que cette nuit ne serait pas vaine, j'avais tenu, j'avais réussi à atteindre l'aube, j'étais enfin sortie de la grande nuit" dit elle .
il est évident que subir un tel traumatisme a de quoi perturber plus d'un à plus forte raison,lorsqu'on est enfant et que l'on maîtrise pas toutes les données.
Kaouther a su excorciser "ses vieux démons" et sa douloureuse remémoration par l'écriture. Cet acte littéraire est la preuve tangible du degré de résilience et de maturité de l'écrivaine qui s'est libérée de ses terreurs.
Un livre intime, profond qui témoigne du courage des femmes algériennes dont la résilience n'est plus à prouver.
K. A.