
Dans son nouvel ouvrage La ville aux yeux d’or, Keltoum Staali convoque ses souvenirs, revisite ses pans mémoriels et dévide son passé. Elle raconte son vécu, ses rêves et ses fantasmes. Sa mémoire enjambe le temps, exhume le passé et se remémore des moments plaisants et désagréables.
Cette réappropriation de sa vie antérieure, en donnant rendez-vous à son passé, lui permet de mieux appréhender son présent à travers la vie de Meriem son héroïne principale. Tout au long de ce texte, des feedbacks, des réminiscences et des élucubrations mentales.
C’est l’histoire de Meriem qui revient à Alger pour écrire un ouvrage. Mais l’écrivaine décrit en parallèle la ville de ses amours, de ses réminiscences mais aussi la vie en Algérie avec toutes ses dérives et ses problèmes. De ce fait, elle invoque l’émigration, l’exil, la nostalgie, la condition féminine, le problème identitaire, la langue arabe, la jeunesse en mal d’être, la colonisation, l’indépendance, la décennie noire, les relations hommes-femmes tout en sublimant tantôt Alger, tantôt en déplorant son état de dégradation. Dans cet entrelacs de visions, de souvenances, l’écrivaine joue avec la fiction entremêlée de rushes de sa vie. Elle dépeint les mœurs et coutumes, le mode de vie des femmes. Elle garde un regard neuf sur cette ville qu’elle apprécie particulièrement et qu’elle magnifie à volonté. Alger, c’est la ville de son amour avec Mohamed et ses longues balades sur le front de mer, c’est aussi la Mecque des révolutionnaires et des poètes comme Mahmoud Darwich.
Résonance et sonorité des mots
Elle redécouvre Alger qu’elle a laissé un certain passé en France par une vision adulée et glorifiée. Tout au long de cette narration fantasque, qui n’est certes pas un récit autobiographique, fictions et souvenirs se trouvent combinés, ce qui n’empêche pas le lecteur d’être quelque peu dérouté. Dans cette description, Keltoum Staali évoque la langue originelle l’arabe et fait une sorte de comparaison avec le français. Elle trouve aux mots une résonance et une sonorité harmonieuses qui lui procurent beaucoup de plaisir. Assez fluide mais truffée de détails, son écriture revêt des accents poétiques. D’ailleurs à travers sa sensibilité exacerbée qui transparaît dans ce texte, Keltoum a l’âme d’une poétesse.
Sa belle écriture nous introduit dans son mode imaginaire rempli de rêves et de réminiscences. La ville aux yeux d’or est un beau roman qui subjugue par la délicatesse de la langue et par son évocation chimérique de cette ville.
Kheira Attouche