Djanazet Ayoub, d’Ahmed Rezzag : une générale triomphale au TNA

Ph.:Y-Cheurfi
Ph.:Y-Cheurfi

La générale de Djanazet Ayoub, présentée vendredi soir au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, a offert au public une soirée d’une intensité rare, où le rire, les larmes, le chant et la danse se sont entremêlés avec une force sincère.

La salle affichait complet, à tel point que des centaines de spectateurs, amoureux du quatrième art, venus entre amis ou en famille, se sont assis à même le sol pour assister à ce moment unique. Entre éclats de rire, émotions partagées et téléphones levés pour immortaliser les scènes marquantes, l’atmosphère relevait d’une véritable célébration du théâtre vivant.

Sur scène, plus d’une vingtaine d’artistes dirigés par Ahmed Rezzag, avec la complicité de son assistante Sali Bennacer, ont déployé une énergie remarquable. Comédie noire inspirée des travers sociaux les plus tenaces, Djanazet Ayoub explore avec humour l’amertume du réel à travers le chaos d’une famille déchirée. L’histoire s’ouvre sur le décès d’Ayoub, riche patriarche marié à cinq femmes, père de nombreuses filles et qui finit par adopter un garçon pour pallier l’absence d’héritier mâle. Son âme, errant quarante jours dans la maison familiale, observe les siens et dévoile, à travers sa présence invisible, un univers où éclatent conflits, hypocrisies et luttes intestines. Autour de sa vieille mère, incarnée avec puissance et finesse par Lynda Sellam, les épouses et enfants s’affrontent, révélant les maux de la société : héritages contestés, traditions étouffantes, non-dits familiaux et rivalités amères.

Même le voisin, campé par Hamid Achouri, et sa femme, interprétée par Samira Sahraoui, tentent d’obtenir une part du «butin», ajoutant une touche supplémentaire de satire à cette fresque aussi drôle que cruelle.

À l’issue de la représentation, Ahmed Rezzag s’est dit profondément touché par l’accueil du public «le public a toujours été là, c’est l’ami du théâtre. Il répond présent dès qu’un spectacle les interpelle. Merci à toutes les femmes, à tous les hommes, à tous ceux venus nous voir ce soir». Pour le metteur en scène, l’œuvre ne traite pas seulement de l’héritage matériel, mais interroge un héritage plus vaste : celui des traditions, des mentalités et des lois que la société perpétue malgré elle, et qu’il invite à repenser avec humour et lucidité. Pour Sali Bennacer, assistante à la mise en scène, la soirée fut chargée d’émotion «l’équipe a dépassé toutes les attentes, ils ont assuré.

C’est une superbe relève. Je suis très fière de toute l’équipe. J’ai été un peu dure avec eux, mais c’était pour qu’ils réussissent». Entre comédie acerbe et critique sociale, Djanazet Ayoub réussit le pari de faire rire tout en mettant en lumière les failles d’une société en quête de renouveau.

S. O.

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