«Vetki», un Facebook version DZ : Le pari audacieux d’un jeune développeur Algérien

Benchabane Mohamed Lamine fait partie des jeunes algériens inspirants, dynamiques et engagés, qui ont du génie en prenant des initiatives concrètes. Que ce soit à travers des start-up innovantes, des projets artistiques ou des initiatives communautaires, notre jeunesse démontre une ingéniosité impressionnante. Lamine, 34 ans, est un jeune développeur algérien originaire de Médéa. Passionné par la technologie depuis son adolescence, il s'est rapidement tourné vers le monde du numérique. Après avoir décroché son diplômé en Finance en Algérie, il s’envolera par la suite en Russie pour obtenir un master en informatique. Mais ce qui distingue Lamine, ce n’est pas seulement son talent en programmation, c’est surtout sa vision. Observant que les réseaux sociaux populaires ne répondent pas toujours aux spécificités culturelles, linguistiques et sociales de la jeunesse algérienne, il décide de créer "Vetki ", une application de réseau social 100% algérienne, qui se veut un espace d’échange authentique, où les utilisateurs peuvent partager des moments de vie, des projets, des idées et des causes locales. « Vetki est une plateforme de médias sociaux que j’ai créée avec une vision claire : offrir à l’Algérie son propre espace dans le monde numérique. En tant que développeur et entrepreneur, je voulais construire quelque chose qui reflète notre culture, notre manière de penser, et surtout, notre identité ». Et d’ajouter : « L’inspiration m’est venue durant mes études en Russie. J’y ai rencontré des étudiants venus du monde entier, notamment de Chine et de Russie. Naturellement, on voulait rester en contact après les cours, alors nous échangions nos réseaux sociaux. Mes amis chinois me partageaient leurs applications nationales, les Russes faisaient de même. Mais quand ils me demandaient quelles plateformes étaient populaires en Algérie, je n’avais rien de local à leur proposer. Je donnais souvent Facebook ou Instagram, et leur réaction était presque toujours : ‘’Ah, ça vient des États-Unis ? Nous, on ne les utilise pas vraiment’’». Poursuivant son récit, il confie que pour pouvoir rester en contact avec eux, il a dû télécharger et apprendre à utiliser toutes leurs applications. « C’est là que l’idée m’est venue : pourquoi ne pas créer une plateforme de médias sociaux spécifiquement pour les Algériens ? », nous dira Lamine. Pour lui, et tant que développeur, il savait pertinemment que ce serait une aventure de « grande envergure » car créer un réseau social ne se résume pas à écrire un code. « C’est un projet complexe, gourmand en ressources, qui implique des défis technologiques, des questions de sécurité, et un investissement financier conséquent. Malgré tout, dans mon petit coin de travail, j’ai commencé à développer ‘’Vetki’’ en 2024.Le plus grand défi n’était pas seulement technique, c’était aussi de rivaliser avec les géants du secteur comme Facebook, Instagram ou TikTok.

Des milliers d’utilisateurs en quelques semaines

Ces plateformes dominent le marché avec des milliards de dollars et une présence mondiale. Alors je me suis posé la question : ‘’Où se situe la faille ? Que manque-t-il pour les Algériens ?’’ ». Après une longue réflexion, le génie algérien a trouvé une opportunité : X (anciennement Twitter). Bien que très populaire dans le monde, cette plateforme ne l’est pas en Algérie. « J’ai compris que l’idée de base de X — des messages courts et une interaction rapide — était excellente, mais l’interface utilisateur était trop complexe pour une grande partie des Algériens. Elle ne correspondait tout simplement pas à notre manière d’interagir en ligne. J’ai donc fait un choix audacieux : simplifier le concept de X pour le rendre plus accessible et intuitif pour les utilisateurs algériens. J’ai misé sur une interface claire, des fonctionnalités locales et une expérience adaptée à notre culture. C’était un pari risqué, mais comme on dit : ‘’Qui ne tente rien, n’aura rien’’ ». ‘’Vetki’’est lancé en janvier 2025. À sa grande surprise, la plateforme a rapidement trouvé son public et des milliers d’utilisateurs se sont inscrits en quelques semaines. « Bien sûr, comme souvent en Algérie, les critiques n’ont pas tardé — mais elles étaient constructives. Je les ai accueillies à bras ouvert », sourit Lamine

F. L.

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