L’Algérie se positionne comme futur géant mondial de la batterie au Lithium : Une stratégie ambitieuse en pleine élaboration

L'Algérie nourrit une ambition colossale : devenir un pôle mondial majeur pour la fabrication et l'exportation de batteries au lithium. Loin de se contenter de ses ressources d'hydrocarbures, le pays déploie une stratégie avant-gardiste, axée sur la transformation industrielle et l'intégration de chaînes de valeur de haute technologie.

Cette vision est portée avec détermination par la Société nationale de Recherche et d'exploitation minière (SONAREM) et son PDG, Belkacem Soltani, en partenariat étroit avec des figures de proue de l'industrie mondiale des batteries, à l'instar de l'éminent chercheur Karim Zaghib. L'initiative algérienne se distingue par son approche pragmatique et méthodique. Selon les déclarations de Belkacem Soltani, les discussions avec Karim Zaghib ont été décisives. «Karim Zaghib nous a sollicités pour fabriquer les batteries au lithium», a révélé Soltani, soulignant l'intérêt extérieur pour le potentiel industriel algérien. Face à la nécessité de bâtir rapidement une expertise et une capacité de production, l'Algérie a choisi d'engager une première phase de transformation des ressources minières déjà identifiées et exploitables : le fer et le phosphate. «Nous nous sommes mis d'accord avec notre chercheur, pour faire la transformation du fer et du phosphate, en attendant de confirmer notre potentiel géologique en lithium», a précisé le PDG de la SONAREM. Cette étape initiale n'est pas un palliatif, mais une pierre angulaire stratégique, visant à maîtriser les processus de transformation essentiels à l'industrie des batteries. Les dérivés du fer et du phosphate sont, en effet, des précurseurs indispensables à la fabrication des anodes et cathodes, des composants critiques de toute batterie. Parallèlement à cette démarche concrète, la SONAREM mène des études géologiques intensives, pour évaluer le potentiel exact des gisements de lithium sur le territoire algérien. «Notre potentiel géologique en lithium se trouve au niveau des chotts et au niveau des roches du Hoggar», a indiqué Soltani, traçant les contours d'une future exploitation nationale de ce «nouvel or blanc». Ces études sont primordiales et positionneront l'Algérie comme un acteur majeur dans l'industrie des batteries électriques à l'échelle mondiale, une fois les réserves confirmées et quantifiées. La concrétisation de cette ambition repose sur un partenariat solide avec Karim Zaghib, qui apporte son expertise et son savoir-faire mondialement reconnus. Une délégation algérienne, proactive, avait déjà participé à un Congrès international des mines à Montréal, où des réunions stratégiques ont eu lieu, pour faire avancer ce projet d'envergure. C'est lors de ces échanges qu'un protocole d'accord a été signé avec le chercheur. Ce document scelle un engagement fort à «accompagner la création d'unités de transformation, notamment pour produire de l'acide phosphorique et sulfurique». Ces acides sont, selon Soltani, des «éléments et des produits indispensables pour la fabrication de l'anode et la cathode», illustrant la détermination algérienne à maîtriser l'ensemble de la chaîne de valeur, des matières premières aux composants finis. Une équipe dédiée travaille sans relâche à la mise en œuvre d'un plan stratégique précis, élaboré conjointement avec le professeur Karim Zaghib. Cette feuille de route détaillée encadrera chaque étape du développement de la filière, de l'exploration minière à l'industrialisation des batteries, en passant par la formation des compétences et l'intégration technologique. Au-delà de l'enjeu minier et industriel, le développement de la filière lithium-ion représente, pour l'Algérie, un levier stratégique de diversification économique et de création de valeur ajoutée.

M. M.

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