
L’Algérie subit, depuis le début de l’été, de fortes vagues de chaleur qui ont affecté l’agriculture du pays, déjà très impactée par l’intensification du phénomène de sécheresse qui sévit pour la quatrième année consécutive, mais aussi par les incendies qui ont touché certaines cultures et des forêts. Amené à s’exprimer sur le sujet, l’expert agricole Ahmed Allali affirme que le secteur agricole demeure sous l’effet de la sécheresse pour la quatrième saison consécutive.
«Cette année, ce phénomène a été encore plus sévère qu’auparavant, malgré les fortes précipitations qu’à connues l’Algérie en fin de saison. Ces pluies, dont les barrages nationaux ont été les principaux bénéficiaires, n’ont pas profité aux cultures qui malheureusement ont même été infectées par les maladies fongiques en raison de ces précipitations tardives dues au changement climatique». «La sécheresse a affecté négativement la culture des céréales et des pastèques rouges et melon, et il en va de même pour tous les fruits de saison. Cet été, nous n’avons pas vu de fruits en dessous du prix de 200 DZD le kg, donc la sécheresse a affecté la qualité et la quantité, puis les prix», a-t-il précisé. Notre interlocuteur poursuit : «Il faut recourir aux cultures stratégiques en régions du Sud comme l’une des solutions pour faire face au changement climatique, notamment au phénomène de sécheresse. Il faut miser sur la productivité et les bons rendements à l’hectare, qui ne doivent pas rester au niveau de 50 quintaux par hectare pour les céréales par exemple, mais doivent dépasser les niveaux de 80 et 90 quintaux par hectare, car économiquement inefficaces pour les investisseurs, qui attendent 3 à 4 ans pour récupérer leurs coûts d’investissement». Et d’ajouter : «Il faut aussi prendre en considération le coût environnemental. L’agriculteur utilise l’eau, dont la consommation doit être bien réfléchie pour que son investissement soit durable. Il faut donc passer de l’irrigation traditionnelle à l’irrigation moderne et avancée, et utiliser des variétés de semences résistantes aux maladies et aux insectes et ayant une productivité importante.
De son côté, l’expert Laala Boukhalfa a affirmé à El Moudjahid que le réchauffement climatique a affecté tous les êtres vivants à travers les incendies, la sécheresse et les pénuries d’eau. «A partir de là, il a affecté l’agriculture qui dépend toujours des moyens d’irrigation traditionnels, à savoir les puits et les barrages, ce qui a eu des répercussions négatives sur les cultures agricoles, les arbres fruitiers et même l’élevage», explique l’expert.
«La solution est mondiale et non entre les mains des agriculteurs algériens ou du gouvernement algérien», ajoute Boukhalfa, qui souligne que ce phénomène doit être traité à l’échelle mondiale, avec la contribution des grands pays industriels d’Europe, d’Amérique et d’Asie, étant donné qu’ils sont les premiers responsables du réchauffement climatique». «En Algérie, nous devons revoir la politique agricole du pays, en évitant les cultures qui nécessitent de grandes quantités d’eau, comme le melon et la pastèque, la banane et le maïs jaune, et en recourant aux cultures résistantes à la sécheresse comme le blé dur, les olives, l’avoine, l’orge, les figues, la caroube et autres.
Salima Ettouahria