
La question de la sécurité alimentaire est encore une fois sur la table du gouvernement. Le président de la République a souligné, lors du Conseil des ministres, que «l'élargissement des capacités de stockage s'inscrit dans le cadre de la nouvelle politique et de la vision prospective de l'État concernant la question de la sécurité alimentaire».
Pour Dr Ishak Kherchi, analyste et professeur en entrepreneuriat à l'université de Chlef, l'examen de ce dossier concerne «la promotion d’un écosystème d'une agriculture durable et de proximité fondée sur les aptitudes et qualités de chaque territoire, steppe, montagne, oasis, hautes plaines sèches, périmètres irrigués», et qui intègre rigoureusement et pleinement «les enjeux climatiques, environnementaux, économiques et sociétaux». Le président de la République a également chargé le Premier ministre et les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture de régulariser définitivement les dossiers de remise en état des terres agricoles d'ici fin janvier 2024, en délivrant les actes de propriété aux concernés. Ainsi, les autorités peuvent également fournir des facilités et des incitations, notamment en annulant certaines procédures administratives pour les agriculteurs qui cultivent des céréales, en plus d'embaucher davantage d'ingénieurs industriels. Par ailleurs, il est évident qu’à terme, les finances publiques ne pourront plus à la fois subventionner l’emploi des facteurs de production, soutenir les prix à la production, à la transformation et à la consommation, et supporter les pertes de change résultant de l’appui à l’importation des produits agricoles de base.
Le Dr Kherchi rappelle l'objectif tracé par les autorités publiques d’augmenter la production à 71 millions de quintaux à l'horizon 2024, qui «reste possible, surtout avec la tendance actuelle à la mise en œuvre de pôles agricoles destinés à l'agriculture intensive dans le Sud, en plus de la création de l'Office pour le développement de l'agriculture industrielle dans les terres désertiques». Cela peut contribuer grandement, estime-t-il, «à atteindre cet objectif dans les horizons envisagés».
L'universitaire souligne que le gouvernement, à travers ce dispositif, «œuvre à accompagner les investisseurs, afin de faciliter l'obtention de propriété agricole, ainsi que le suivi et l’accompagnement technique des agriculteurs, pour améliorer les processus de production et fructifier les récoltes». Par ailleurs, plusieurs observateurs identifient ce qu’ils qualifient de «crise du système productif agricole». Cette crise, qui se traduit par une «faible» productivité agricole en Algérie, est une donnée «permanente» dans les zones sèches où sont localisées les grandes cultures.
En 2021, plus de la moitié de la Surface agricole utile (SAU) a été consacrée à ces cultures, plus particulièrement aux céréales. Avec une jachère qui occupe plus du tiers de la SAU nationale (37,3%), le système céréales/jachère concentre plus de 80% de la SAU totale et rassemble près de 60% des exploitations. Cultivées en sec sur une superficie estimée en 2021-2022 à 3,5 millions d’ha, dont 1,5 million d’hectares sont consacrés uniquement au blé dur, soit 42,8%, 1,3 millions d’hectares à l’orge soit 37,1%, le reste étant dédié au blé tendre, soit un peu plus de 20% et plus marginalement à l’avoine.
Pour rappel, le gouvernement a décidé de confier à l’Office algérien des céréales (OAIC), le monopole de l'importation de blé. «Cela s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption. Cette décision permettra une plus grande transparence et une meilleure gouvernance dans la gestion du stock de blé importé, ce qui évite les fluctuations, et également une meilleure distribution de cette substance sur le marché national», conclut Dr Kherchi.
Tahar Kaidi