Salah Goudjil, vigie de la mémoire, retrace l’épopée d’une Algérie souveraine - Du serment des martyrs à l’Algérie nouvelle : Une fidélité assumée

Ph. : A. Asselah
Ph. : A. Asselah

À l’occasion du 63e anniversaire de la double fête de l’Indépendance et de la Jeunesse, El Moudjahid, doyen de la presse nationale célébrant lui-même ses 60 ans, a reçu un témoin capital de l’épopée algérienne, l’ex-président du Conseil de la nation, Salah Goudjil.

Moudjahid au regard aiguisé sur l’histoire, il a offert à la nouvelle rédaction web du journal, un récit poignant des combats pour la liberté et des titanesques défis de la reconstruction. Un forum où la mémoire vivante a parlé, avec éloquence et franchise.
D’emblée, Goudjil rend un hommage appuyé à la résilience héroïque du peuple algérien. «Un peuple qui a su se solidariser et s’élever comme un seul homme contre le colonialisme abject», souligne-t-il, rappelant l’essence même de la lutte de Libération nationale, dont il maîtrise le contexte avec une précision d’historien.
Il salue également El Moudjahid, pour ses six décennies d’engagement, l’exhortant à retrouver son «bastion de militantisme», en alliant éthique professionnelle et exigences de la nouvelle ère numérique. Plongeant dans les premiers jours de l’indépendance, Goudjil brosse un tableau sans fard de l’Algérie de 1962. Il évoque un pays exsangue, confronté à des défis vertigineux. Institutions à bâtir, économie dévastée, exode massif, menaces persistantes, la litanie des difficultés illustre l’immensité de la tâche. Il se rappelle avec émotion un premier «miracle» symbolique, celui de la première rentrée scolaire post-indépendance. Un succès arraché dans des conditions extrêmes, marquées par le départ précipité des enseignants français et le blocage de leurs salaires par le ministre français des Finances de l'époque, Valéry Giscard d'Estaing. Salah Goudjil souligne ensuite deux transformations institutionnelles majeures, pierres angulaires de l’État naissant. La première, décidée lors d’une réunion cruciale à Boussaâda, concerne la mutation de l’Armée de Libération Nationale (ALN) en Armée Nationale Populaire (ANP). «Ce n’est pas quelconque !», insiste-t-il, mettant en lumière la singularité de cette armée, digne héritière de l’ALN. Il en exalte le «lien viscéral indestructible avec la nation et le peuple, justifiant pleinement son appellation d’Armée Populaire Nationale». Il rappelle ainsi son caractère strictement républicain, entièrement dévoué à la protection de l’indépendance, de la souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire. La seconde transformation majeure intervient à Tlemcen, et celle- a ci a porté sur la transformation du FLN en parti politique. Goudjil en profite, pour rappeler la force vitale de l’unité nationale, illustrée de façon spectaculaire, lors de la crise de 1963. Malgré les «tiraillements» et les positions diamétralement opposées au sein du FLN, les dirigeants algériens firent front uni face à l’invasion marocaine. Il cite l’exemple emblématique du colonel Mohand Oulhadj, rassemblant ses troupes en Kabylie, pour rejoindre Houari Boumediène à Béchar et défendre le sud du pays. Une démonstration de cohésion face à l’agression extérieure.
Sur le dossier marocain, Goudjil établit une distinction claire, à savoir que «l’Algérie fait le distinguo entre le régime du Makhzen, qui piétine la légalité internationale en perpétuant la colonisation du Sahara occidental, et le peuple marocain, avec lequel l’Algérie n’a point de problème et lui voue toute la considération et le respect.
L’ex-président du Sénat s’est longuement attardé sur cette décennie fondatrice (1966-1976) qu’il a évoquée comme un formidable chantier national. Dès 1966, l’édification de l’État jeune s’accélère avec l’élaboration de la première charte de la commune et de la wilaya, aboutissant à l’ordonnance de 1967 définissant les règles de la décentralisation locale, un jalon essentiel dans la construction administrative. Mais c’est la reconquête de la souveraineté économique qui marque le plus les esprits internationaux. Goudjil énumère avec fierté les exploits épatants qui subjuguèrent la communauté internationale. Il s’agit là des nationalisations successives des mines, des banques, puis, point d’orgue, des hydrocarbures en 1971. Ces actes forts ont «renforcé l’indépendance politique et économique» du pays. Ce long processus d’édification nationale trouva son aboutissement symbolique et programmatique dans le grand débat sur la Charte nationale de 1976.
Sur un autre volet, Salah Goudjil a également exprimé sa confiance en la capacité du président de la République Abdelmadjid Tebboune à mobiliser les énergies, à honorer les sacrifices passés et à conduire la nation vers un avenir de prospérité et de stabilité renouvelée. Il a ainsi fait part de ses convictions profondes en vertu desquelles l’action du chef de l’État incarne à la fois la fidélité au serment des martyrs de la Révolution et aux principes sacrés de la Proclamation du 1er novembre 1954 axés sur la souveraineté nationale, la dignité, la justice sociale et l'indépendance de décision. Cette dynamique de continuité et de renouveau se manifeste concrètement par la priorité accordée par le Président Tebboune à la construction d'un État de droit aux institutions fortes, impulsant des réformes majeures, ainsi que par une stratégie ambitieuse de diversification économique visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures. En quittant le Forum d’El Moudjahid Web, Salah Goudjil laisse bien plus qu’un récit historique.
Il transmet une leçon de résilience, une ode à l’unité forgée dans l’adversité, et un rappel puissant des sacrifices et des efforts titanesques consentis pour bâtir l’Algérie souveraine. Son témoignage, à la fois lucide et empreint de fierté, résonne comme un appel à préserver ce legs précieux face aux défis du présent et de l’avenir. Une mémoire vive, essentielle, pour éclairer la marche continue de la nation.

K. A.

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