«Ben Boulaïd est le Père de la Révolution Algérienne»

Salah Goudjil, interrogé sur l'homme politique national l'ayant le plus marqué, a désigné sans hésitation Mostefa Ben Boulaid. Il a rappelé une anecdote des années 1960 où Krim Belkacem, brandissant un portrait de Ben Boulaid, déclara : « J'ai toujours été contre la notion de zaïm, mais cet homme est pour moi le père de la Révolution. » Goudjil insiste : en suivant le parcours de Ben Boulaid, il apparaît comme le véritable père de la Révolution. Membre fondateur et responsable de l'Organisation Spéciale (O.S.) dans les Aurès, il fut le seul à s'opposer au gel de l'O.S. par le MTLD en 1950, suite à son démantèlement par la France coloniale. Il affirma : « Vous pouvez geler l'Organisation dans vos régions, mais pas chez moi dans les Aurès. » C'est ainsi que les Aurès devinrent un refuge pour de nombreux membres recherchés de l'O.S., dont Bentobal, Bitat et Benaouda.
Au sein du Groupe des 22 et des 6 du CRUA, Ben Boulaid était le seul membre du Comité central du MTLD. Lors de la préparation du déclenchement de la Révolution, il fut le seul à reconnaître que les membres du CRUA n'étaient pas assez connus du peuple et qu'il serait difficile d'obtenir leur adhésion. Il suggéra alors que seul Messali Hadj possédait le charisme nécessaire pour mobiliser la population. En juillet 1954, Ben Boulaid se rendit chez Messali Hadj pour tenter de le rallier à la cause, mais sans succès. Il approcha ensuite le Docteur Lamine Debaghine, qui déclina l'offre en raison de son âge avancé, tout en étant favorable à l'idée. Ben Boulaid fut également celui qui déclara aux 5 du CRUA que sans la Kabylie, proche de Messali, la Révolution ne pourrait réussir. Il proposa d'aller rencontrer Krim Belkacem. La suite est connue : Krim et Ben Boulaid, qui se connaissaient déjà via l'O.S., devinrent inséparables, et la Révolution put être menée dans l'unité. Goudjil conclut en citant d'autres figures politiques, comme Boumediène et Ben Bella, mais insiste surtout sur les chouhada, particulièrement ceux morts dans l'anonymat, dont le sacrifice ne doit jamais être oublié.

Y. Y. 

Sur le même thème

Multimedia