
Invité en Italie par son homologue Matteo Piantedosi, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a pris part, hier, à la réunion quadripartite de coordination sur la migration irrégulière, qui regroupe également la Tunisie et la Libye.
Au menu de la rencontre, «l'évaluation du niveau de coopération entre les quatre pays en matière de lutte contre la criminalité transfrontalière, en particulier la migration irrégulière et la traite des êtres humains». Dans son intervention, Brahim Merad a affirmé que le traitement du phénomène de la migration irrégulière exigeait «une vision globale et intégrée», saluant les efforts consentis par l'Algérie dans le cadre du traitement des cas de migration irrégulière. Il a réaffirmé que l’Algérie «accorde un intérêt particulier à la poursuite du soutien de la coopération et du partenariat avec l'Italie, notamment dans le cadre du plan Mattei et du processus de Rome, qui tendent à renforcer le développement commun et durable à long terme dans les pays africains afin d'accélérer leur développement».
Il faut aborder les causes profondes du phénomène
Le ministre a soutenu que l'Algérie reste «convaincue» qu'un traitement du phénomène de la migration irrégulière aux effets multidimensionnels «ne peut être envisagé dans le cadre de mesures conjoncturelles, mais nécessite une vision globale, intégrée, coordonnée et solidaire, qui aborde essentiellement les causes profondes du phénomène, en assurant les facteurs de sécurité et de stabilité et en soutenant le développement dans les pays d'origine».
Il s'est dit convaincu que «notre action commune et le maintien d'un niveau soutenu de coordination multilatérale sont de nature à contribuer de manière significative à relever les défis majeurs dans le domaine de la migration irrégulière». «Nous nous rencontrons près d'une année après notre première réunion, le 2 mai 2024, dans le cadre de ce mécanisme créé pour intensifier l'action commune quadripartite (…) Ce qui témoigne de la volonté de nos quatre pays d'œuvrer à assurer la pérennité de ce processus commun, et de la conviction que nous partageons tous concernant l'importance de la coordination entre l'Algérie, l'Italie, la Tunisie et la Libye, en tant qu'Etats concernés directement par la migration irrégulière et ses conséquences», a déclaré le ministre de l'Intérieur, soulignant «l'importance particulière» que revêt la rencontre, étant «une occasion précieuse pour évaluer le niveau de notre coopération et l'efficacité des mesures prises à ce jour». Se félicitant des efforts consentis par l'Algérie, dans le cadre des démarches visant à traiter les cas de migration irrégulière, à travers les actions que nous menons actuellement, en collaboration avec le bureau de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en Algérie, M. Merad a souligné que les relations algériennes avec l'Italie, la Tunisie et la Libye «connaissent des niveaux privilégiés de progrès, de coopération étroite et d'action commune qui ont enregistré, ces derniers temps, une dynamique sans précédent, à travers plusieurs rencontres périodiques de haut niveau ayant permis de mieux faire face aux différents défis».
Les différentes rencontres de consultation et de coordination régionales, tenues avec les deux pays frères, la Tunisie et la Libye, ont permis «d'unifier les visions concernant les problématiques liées au phénomène de la migration irrégulière, ainsi que d'intensifier la coopération opérationnelle sur le terrain, qui a abouti à des résultats très positifs», a dit le ministre. Dans le cadre des mêmes efforts visant à assurer une plus grande maîtrise des techniques opérationnelles pour faire face à ce phénomène, à renforcer les capacités humaines inhérentes, et à moderniser les méthodes scientifiques et techniques d'intervention et de renseignement, M. Merad a annoncé l'organisation par l'Algérie, la semaine prochaine, d'un colloque scientifique sur «les méthodes d'investigation et de surveillance des réseaux de trafic de migrants et de traite des êtres humains», en collaboration avec l'Université arabe Naif des sciences de la sécurité, relevant du Conseil des ministres arabes de l'Intérieur, et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Pour les pays des deux rives de la Méditerranée, il s'agit de trouver un terrain d’entente, en particulier autour des questions de migration et des déplacements.
Depuis quelques années, on a vu émerger un certain nombre de modèles de partenariats différents, tels que la coopération en matière de migration. Ces types d’approches globales sont prometteurs pour faciliter la coopération sur les routes migratoires mixtes, ce qui pourrait profiter à tous les États, le long du continuum migratoire.
L’Algérie demeure un partenaire fiable
Selon l'organisation FRONTEX, le nombre de franchissements irréguliers des frontières de l'Union européenne a diminué de 25% au cours des deux premiers mois de 2025, pour atteindre près de 25.000. Si la plupart des itinéraires ont enregistré une baisse du nombre d'arrivées, celui de la Méditerranée centrale a résisté à cette tendance.
Malgré une baisse de 40% par rapport à l'année dernière, le corridor ouest-africain est resté la voie la plus active pour la migration irrégulière, avec 7.200 arrivées enregistrées en janvier-février. La plupart des migrants provenaient du Mali, du Sénégal et de la Guinée. La route de la Méditerranée centrale a connu la plus forte augmentation au cours des deux premiers mois de l'année, avec une hausse de 48% sur un an pour atteindre près de 6.900 arrivées. Cela en fait la deuxième route migratoire la plus active vers l'UE.
La Libye reste le principal point de départ sur cette route, les passeurs s'appuyant de plus en plus sur des réseaux puissants. Le coût d'une traversée maritime varie entre 5.000 et 8.000 euros par personne.
Les traversées maritimes continuent de mettre la vie des migrants en grand danger, nombre d'entre eux s'appuyant sur des réseaux criminels organisés pour tenter le voyage. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que 248 personnes ont péri en mer en janvier et février. Sur l'ensemble de l'année dernière, ce chiffre a atteint 2.300, soulignant le coût humain tragique de ces itinéraires périlleux.
Toutefois, ce problème de migration irrégulière ne concerne pas uniquement les Maghrébins mais aussi les ressortissants des pays du voisinage sud de la région, à savoir l'Afrique subsaharienne, qui transitent par les quatre pays de la région pour traverser la Méditerranée en direction de l'Europe.
En effet, la mise en place du système Schengen et le durcissement des conditions d'entrée et de séjour sur le territoire européen ont transformé l'Afrique du Nord en plateforme de transit vers l'Europe à défaut de pouvoir migrer par les canaux légaux.
L'Algérie demeure un partenaire fiable dans la gestion des mouvements migratoires.
Il existe, une répartition horizontale des missions de régulation des flux migratoires, entre différents départements et acteurs institutionnels, qui trouve néanmoins une coordination nationale et internationale auprès de la Présidence et le premier ministère dans le respect des conventions internationales auxquelles l'Algérie est partie prenante, telle la traite des êtres humains et le trafic des migrants.
T. K.