
Dans la daïra de Beni Azziz, à environ 70 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya de Sétif, la commune d’Aïn Sebt est une des localités qui ont rudement souffert des affres de la décennie noire et de l’exode qui a poussé de nombreuses familles de ces zones montagneuses à trouver refuge au chef-lieu de la daïra ou à Aïn el Kebira.
De notre correspondant Farouk Zoghbi
Située aux confins de la wilaya de Jijel, au cœur des zones montagneuses, où les populations pratiquaient l’élevage et l’agriculture de montagne, quand les hommes ne regagnaient pas chaque matin à l’aube la ville, pour pratiquer notamment le métier de maçon ou d’autres activités aussi pénibles pour joindre les deux bouts, Aïn Sebt, affectée aussi par les derniers incendies, a su, au fil des ans, revenir à ses terres et ses biens et entretenir l’espoir reconquis, d’autant plus consolidé par l’intérêt des pouvoirs publics et la présence sécurisante des éléments de l’ANP sur les hauteurs.
Aujourd’hui, les séquelles de la décennie noire et les retards accusés de longues années durant dans ces contrées, que l’oubli et l’indifférence ont marqué, laissent place à une nouvelle ère d’espoir et de progrès. Des familles entières poussées à l’exode reviennent au fur et à mesure vers leurs biens et leurs terres que le developpement gagne chaque jour un peu plus.
La terre de nos aînés
«Nous avons la paix, la tranquillité et la sécurité aussi au moment où bien des préoccupations de notre quotidien sont désormais prises en charge. Je pense à l’eau, aux routes, à l’école, à la santé et même au gaz naturel qui nous a fait tant défaut, notamment durant les hivers rigoureux que connaissent ces montagnes, qui a déjà gagné beaucoup de terrain pour alimenter de nombreux foyers. Des repas chauds sont offerts aux enfants dans les écoles. Les choses ont donc changé et je crois qu’il n’y a aucune raison de ne pas revenir vers nos terres et nos biens que nous avons été hélas contraints de quitter durant la décennie noire», soutient Brahim, un de ceux que l'exode a poussés vers d’autres lieux, sans jamais rompre le lien et l’attachement profond qui le lient à la terre de son enfance. «Cette terre de nos ancêtres où nous sommes nés et avons grandi» ajoute notre interlocuteur.
Pour le président de l’APC d’Aïn Sebt, Aissa Barket, «cette dynamique du retour est perçue avec beaucoup de satisfaction et ceux qui ont été contraints de partir sont pratiquement tous revenus avec leurs familles, motivés il est vrai par la quiétude et la sécurité qui règnent de jour comme de nuit dans cette commune. Un juste retour également favorisé par l’intérêt qui est désormais porté au developpement local dans des secteurs sensibles comme le gaz naturel, l’eau, la route, ce qui permet de fixer les populations même s’il reste encore beaucoup à faire sur d’autres fronts non moins importants, compte tenu du retard accusé durant ces années difficiles». Mais cette population croit aujourd'hui comme jamais en cette Algérie nouvelle qui daigne enfin porter un regard particulier sur leur quotidien.
Le gaz naturel défie la montagne
Parmi les grands projets initiés dans ces zones démunies implantées dans la commune d’Aïn Sebt et sur tout le territoire montagneux de la daïra de Beni Azziz, figure le grand projet de raccordement au gaz naturel des 12 mechtas de Rouabah, Missida, Barika, El Merdj, Larbaâ, Ouled Messaoud, Boubkeur, Ameziane, Ahmoudene, Bouhrig, Ouelben et Ouled Abdelmoumene.
Les travaux de ce grand projet, qui gagnent chaque jour un peu plus de terrain au cœur d’un relief complexe, et qui permettent aux habitants de ces zones reculées d’espérer en des hivers meilleurs, ont atteint aujourd’hui un taux d’avancement de près de 70%, en attendant de lever certaines contraintes techniques liées à la réalisation de tronçons de la pénétrante Djendjen-El Eulma pour raccorder les 1.700 foyers implantés à travers les 12 méchtas éparses sur un réseau de distribution de 148 km en zone montagneuse et une enveloppe de 26 milliards de centimes afin d’améliorer les conditions de vie et fixer les populations de ces zones rurales. Par ailleurs, la réalisation de 6 autres opérations du genre dont celles d’Aïn Djohra, Rass Edouar et Aïn Ouari, portera le taux de couverture de la daïra de Beni Azziz de 70 à plus de 95% avec le raccordement à cette source d’énergie de 3.540 foyers. Pour l’alimentation en eau potable, qui constitue aussi une préoccupation majeure des populations de la commune d’Aïn Sebt, des actions sont engagées pour améliorer la situation qui prévaut et faire que les populations ne soient plus soumises aux contraintes d’antan.
Des forages pour l’eau potable
Suite à la dernière visite du wali dans cette région, Aissa apprécie l’impact positif produit par de telles actions sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens et n’oublie pas le calvaire enduré de longues années durant : «Dans ces montagnes, les hivers sont très froids et se chauffer n’est pas chose facile. L’eau n’est pas toujours disponible, ce qui nous oblige à débourser jusqu’à 1.200 dinars pour une citerne tractée. Notre espoir est grand donc de voir de telles contraintes levées.»
Dans ce contexte, la réalisation d’un forage d’un débit de 6 à 8 litres/seconde pour les habitants de Mechta Boubkeur et un second de 8 litres/seconde pour alimenter les mechtas d’El Merdj et Larbaa avec un renforcement d’Aïn Sebt sont autant de projets en voie de réalisation avancée pour le premier et au stade de visa de marché pour le second pour un montant de 50 millions de dinars, apprend-on auprès de la direction des ressources en eau.
Valoriser la forêt d’Ouelbene
Aujourd’hui, la commune d’Aïn Sebt est devenue un carrefour de transit pour de nombreux estivants qui se rendent sur la côte jijéliène et empruntent la RN 77. Cet itinéraire à la fois agréable et ombragé pour échapper aux bouchons devenus quotidiens sur la RN 9 entre Sétif et Béjaïa, laisse entrevoir de nouveaux horizons et s’attelle à faire valoir les multiples potentialités du tourisme climatique : «Notre priorité est d’arriver à classer le massif d’Ouelbene en forêt récréative. Cela nous permettra de valoriser cet espace forestier et d’en faire un grand parc en drainant l’investissement», ajoute le président de l’Assemblée populaire communale d’Aïn Sebt qui évoque par ailleurs quelques préoccupations importantes comme «l’assainissement du centre d’Aïn Sebt qui date des années 80, celui de la localité d’Aïn Djohra, la relance du projet d’aménagement urbain, l’allégement de la pression qui pèse sur certains établissements scolaires et le renforcement du transport scolaire» sachant que la commune ne dispose que de 4 bus pour les 10 écoles primaires, 2 CEM et un lycée qui est la fierté des habitants d’Aïn Sebt.».
F. Z.