
Après la banane, qui a connu une flambée des prix en plein mois de ramadhan, c'est au tour de la sardine à devenir inaccessible aux Algériens, en raison de son prix prohibitif. Comment expliquer que la sardine, ce modeste poisson aux vertus nutritives incontestables, soit devenue un aliment de luxe, inaccessible à la majorité des Algériens, en raison de prix prohibitifs qui dépassent allègrement les 2.000 DA le kilogramme ? La réponse est évidente : la spéculation et la mafia ont le contrôle du marché. Les Algériens sont pris en otage par des personnes animées uniquement par leur intérêt personnel et leur cupidité. La sardine, qui devrait être un aliment de base, une sorte de viande du pauvre, est devenue un privilège réservé à une minorité élitiste. À cet effet, M. Fadi Tamim, représentant de l'Association de protection des consommateurs a souligné à El Moudjahid l'importance d'intensifier les campagnes de contrôle dans les mers et même dans les marchés, rappelant qu'il est nécessaire de renforcer la flotte de pêche afin de rendre ce produit accessible aux clients. Cependant, et en dépit des efforts déployés, la production locale reste insuffisante pour couvrir la demande des consommateurs, notamment durant cette période, entraînant une augmentation des prix. La sardine, par exemple, atteint les 2.000 DA/kg. Cette situation est attribuable à la variation de la production locale tout au long de l'année, avec une baisse de la production entre décembre et avril en raison des intempéries, et de la pêche anarchique qui est l'un des principaux indicateurs de la hausse des prix et qui déstabilise les prix. L'augmentation de la consommation ainsi que l'amélioration des réseaux de froid et de transport frigorifique permettant la distribution jusqu'aux wilayas du Sud, sont également des facteurs contribuant à cette augmentation des prix. Avant d'ajouter que l’Algérie avec son vaste littoral méditerranéen et son potentiel aquatique, cherche à maximiser l’exploitation durable de ses ressources marines tout en répondant aux besoins alimentaires nationaux. Appelant les investisseurs et professionnels de la pêche à mettre en place des mécanismes dans le secteur, en insistant sur la formation des professionnels de la pêche, la maîtrise des entrants aquacoles, et bien plus encore. Ces efforts visent à renforcer l’industrie de la pêche, à accroître la production de poissons et de fruits de mer, à créer des emplois, et à contribuer à la sécurité alimentaire du pays. Il est important de réaliser des projets d'envergure qui vont permettre d'acquérir des avancées significatives dans la construction navale, l’augmentation des capacités productives ainsi que la valorisation des ressources halieutiques. Au terme de cette intervention, M. Tamim a souligné qu'il est important de mettre en place une stratégie relative au développement et à la promotion de la pêche en haute mer. Ceci permettra de baisser les prix. De son côté, M. Saïd Merval, propriétaire du magasin de la poissonnerie ‘‘Merval Plus’’ nous a fait savoir qu'il fallait interdire les pratiques illégales de la pêche des poissons durant cette période de reproduction... et pourtant le décret exécutif du 20 mars 2000 interdit formellement la pêche de la sardine en dessous d’une taille réglementaire. Mais les pratiques illégales persistent, mettant en péril l’équilibre déjà fragile des écosystèmes marins. Dans ce contexte, l'intervenant a indiqué qu'il est strictement interdit de pêcher des sardines de moins de 5 cm, capturées avant même d’atteindre leur maturité, pourtant elles envahissent les étals des marchés, et sont proposées à des prix «attractifs» variant entre 350 et 400 DA. "Ces sardines pêchés prématurément sont une véritable perte pour le cycle de reproduction naturel de l'espèce", a-t-il fait savoir. En conclusion, Merval a mis en avant qu'il est temps que les autorités ‘‘jettent l'ancre’’ et mettent fin à cette ‘‘pêche aux profits’’ pour que les Algériens puissent enfin se nourrir de sardines à prix raisonnable. « L'Etat doit être sévère et sanctionner lourdement ces pêcheurs qui veulent nuire à la biodiversité marine », a-t-il précisé. En effet, la sardine, qui est censée être un aliment de base pour les Algériens, est devenue un luxe inaccessible, un véritable ‘‘os à ronger’’ pour les citoyens qui doivent se contenter de ‘‘nager’’ dans les eaux troubles de la spéculation. Il est grand temps que la tutelle prenne des mesures radicales et concrètes pour mettre fin à cette situation.
Z. G.