Protection de l’environnement en Algérie : Les actions concrètes

L’Algérie qui fait face à ses défis environnementaux majeurs est engagée dans une dynamique ambitieuse articulée autour de plans stratégiques solides tels que le PNAE-DD et le Plan national d’adaptation aux changements climatiques.

Ces initiatives, soutenues par une volonté politique affirmée et une coopération internationale, visent à restaurer les terres dégradées, réduire la pollution, gérer durablement les ressources naturelles et renforcer la résilience climatique. « La désertification constitue un problème particulièrement alarmant». Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies, a souligné samedi, dans un message à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse qui coïncide avec le 17 juin de chaque année, que «les terres se dégradent à un rythme inquiétant, causant des pertes économiques mondiales estimées à près de 880 milliards de dollars par an». Il a insisté sur le fait que «la restauration des terres dégradées est essentielle non seulement pour l’économie, mais aussi pour la réduction de la pauvreté, la création d’emplois, la préservation des ressources en eau et la sécurité alimentaire, notamment pour les petits exploitants agricoles et les femmes». Cette dégradation des sols entraîne également des déplacements massifs de populations, aggravant l’insécurité alimentaire et sociale. Pour le cas de notre pays, la désertification est combattue avec le projet du Barrage vert couvrant 4,7 millions d’hectares dans 13 wilayas, mobilisant un budget de 75 milliards de dinars pour 2023-2030. Ce programme a réalisé 64% des plantations et créé plus de 10.000 emplois directs. Il inclut aussi 64 unités de collecte d’eau pour sécuriser l’approvisionnement. La stratégie nationale vise la réhabilitation durable des sols, la gestion des ressources et la participation active des populations locales. Par ailleurs, la pollution plastique est un autre défi urgent. La ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, a annoncé mercredi dernier l’élaboration d’un plan national de lutte contre la pollution plastique, soulignant que cette pollution a des conséquences graves sur les écosystèmes, la biodiversité et la santé publique. Ce plan s’inscrit dans une stratégie plus large de gestion intégrée des déchets, renforcée par la loi 25-02 sur la gestion, le contrôle et l’élimination des déchets. Mme Djilali a rappelé que cette loi représente un virage qualitatif vers une économie circulaire qui valorise les matériaux usagés et crée une valeur ajoutée environnementale et économique. Elle a également insisté sur le potentiel économique du secteur des déchets, estimé à environ 151 milliards de dinars annuellement, pouvant générer plus de 480.000 emplois. La ministre a souligné que la protection de l’environnement est une responsabilité collective, impliquant notamment la sensibilisation des jeunes à travers des activités éducatives destinées à renforcer leur conscience écologique. Toujours pour faire face aux défis climatiques et environnementaux, l’Algérie a présenté un Plan national d’adaptation aux changements climatiques, «un outil stratégique pour renforcer la résilience du pays». Lors de la cérémonie de présentation, organisée mardi dernier, au Centre international de conférences (CIC) à Alger, en présence du ministre de l'Hydraulique, Taha Derbal, de représentants des secteurs concernés, et de la représentante résidente du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en Algérie, Natasha Van Rijn, la ministre de l'Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali a affirmé que ce plan «traduit une forte volonté politique de protéger le pays et ses citoyens des risques climatiques». Il permet la conception de plans d’adaptation locale et sectorielle et la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation des actions. Pour sa part, le ministre de l’Hydraulique, M. Taha Derbal, a souligné la nécessité de recourir à de nouveaux modèles de prévision et à des solutions durables, telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées, pour garantir un accès équitable à l’eau. Ce plan, fruit d’une coopération avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et financé par le Fonds vert pour le climat, vise également à renforcer la gouvernance, la coordination institutionnelle, la participation du secteur privé et la mobilisation des ressources financières. Cela étant, au cœur de la politique environnementale de notre pays, se trouve le Plan national d’Aactions pour l’environnement et le Développement durable (PNAE-DD). Ce plan décennal vise à concilier le développement économique et la protection de l’environnement en améliorant la qualité de vie, en préservant le capital naturel et en réduisant les pertes économiques liées à la dégradation écologique. Il repose sur une démarche participative impliquant ministères, agences, institutions, universités, centres de recherche et associations écologiques. Le PNAE-DD cible plusieurs axes prioritaires dont entre autres, la lutte contre la pollution industrielle et urbaine par une gestion intégrée des déchets, la protection des ressources hydriques et naturelles, la préservation des zones côtières et du patrimoine archéologique, ainsi que le renforcement des cadres réglementaires et institutionnels avec la création d’organismes dédiés comme l’Agence nationale des déchets. Il promeut également le développement de l’économie circulaire par le tri, le recyclage et la valorisation des déchets, ainsi que la transition énergétique vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. En somme, autant d’efforts dont la réussite dépendra de la mobilisation de l’ensemble des acteurs, des institutions aux citoyens, en passant par le secteur privé et les médias, qui jouent un rôle clé dans la sensibilisation et l’éducation à l’environnement.

Y. Y.

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Pour une Algérie plus verte

L’État a mis en place des politiques et des actions concrètes pour répondre aux enjeux liés à la gestion de l’eau, des déchets et à la préservation de la biodiversité. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d'une stratégie nationale visant à assurer un développement durable face aux pressions climatiques et démographiques. Parmi ces projets la restauration et extension du Barrage vert. Lancé dans les années 1970 pour lutter contre la désertification, il a été relancé en 2023 avec un financement de 75 milliards de dinars. Depuis, plus de 21.000 hectares ont été reboisés, 376 kilomètres de pistes rurales aménagés et 80 points d’eau installés. Ce projet vise à planter des millions d’arbres, dont des arganiers adaptés aux conditions climatiques arides, et contribue à la séquestration du carbone et à la résilience des écosystèmes. L’Algérie a aussi renforcé ses infrastructures de gestion des déchets via la mise en place des Centres d’enfouissement technique (CET) qui ont atteint 117 CET de déchets ménagers et assimilés. Il a été également question de réaliser de nouvelles décharges ainsi que la réhabilitation de 156 CET pour améliorer la gestion des déchets solides. 16 centres de recyclage et 15 unités de compostage ont été établis pour valoriser les déchets organiques. Avec une disponibilité en eau inférieure à 600 m³/habitant/an, l’Algérie est l’un des pays les plus touchés par le stress hydrique en Afrique du Nord. Les épisodes de sécheresse prolongée, la croissance démographique et les besoins accrus du secteur agricole accentuent la pression sur cette ressource vitale. Face à cette situation, l'Etat a fait asseoir une feuille de route qui se base essentiellement sur le développement des stations de dessalement, où elle a investi dans la construction de plusieurs stations de dessalement de l’eau de mer (notamment à Alger, Tipasa, Oran, Mostaganem, Skikda..., et récemment à Tigzirt), visant à produire plus de 2 millions de m³ d’eau par jour. Il s'agit aussi de la mobilisation des eaux superficielles et souterraines par l’aménagement de barrages (plus de 80 opérationnels) et la réhabilitation de forages ont permis une meilleure répartition régionale des ressources. L’Algérie abrite une biodiversité exceptionnelle, avec plus de 16 parcs nationaux et plusieurs zones humides classées Sites Ramsar. Des écosystèmes uniques comme ceux du Tassili n’Ajjer, du parc national d’El Kala ou de la vallée du M’Zab témoignent de cette diversité. Des actions concrètes ont été menées à travers la création et la gestion d'aires protégées où plusieurs parcs nationaux ont été renforcés avec du personnel de surveillance et des programmes de suivi écologique. En collaboration avec le PNUD, l’Algérie a aussi entrepris la réhabilitation du complexe des zones humides de Guerbes-Sanhadja (Skikda). Ce projet inclut la restauration de 103 hectares de dunes, le soutien aux activités économiques durables et la participation des communautés locales, en particulier des femmes rurales. Dans la vallée du M’Zab, des projets soutenus par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) valorisent les pratiques agricoles traditionnelles pour préserver l’agrobiodiversité oasienne. Face à des défis environnementaux complexes, l’Algérie a su poser les fondations d’une politique environnementale ambitieuse et multisectorielle. Le chemin est encore long, mais les acquis posent les bases d’un avenir plus respectueux de l’environnement et des générations futures.

K. A. A.

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