
L’Algérie affirme sa volonté souveraine de valoriser l’innovation et les talents porteurs de son avenir.
Chargé par le Président de la République, le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, a présidé, hier à Alger, la cérémonie de remise des prix aux lauréats de la première édition du Prix du Président de la République du chercheur innovant, une distinction nationale consacrée à l’excellence scientifique et à l’innovation. La cérémonie s’est déroulée au pôle scientifique et technologique “Chahid Abdelhafid Ihaddaden” à Sidi Abdellah, en présence de membres du Gouvernement, de représentants d’institutions officielles, de cadres du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, ainsi que d’un parterre d’étudiants.
L’organisation de cet événement, d’une grande importance pour la communauté universitaire, a coïncidé avec la célébration de la Journée nationale de l’étudiant, lui conférant une portée hautement symbolique. S’exprimant à cette occasion, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a mis l’accent sur la dimension historique de cette célébration, affirmant qu’« elle réunit, cette année, une date nationale profondément enracinée dans l’histoire de l’engagement de l’étudiant algérien dans la lutte pour la libération et l’édification nationale, et une initiative souveraine qui exprime la haute sollicitude du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à l’égard de la recherche et de l’innovation pour l’accompagnement de l’effort de développement national. M. Baddari a indiqué que la volonté présidentielle de hisser l’université algérienne au rang de moteur du développement s’est traduite de manière éloquente dans le message adressé par le chef de l’État à l’occasion de la Journée nationale de l’étudiant. Il a souligné qu’il s’agit d’un encouragement direct du Président de la République à l’adresse de celles et ceux qui ont choisi le savoir comme voie, l’excellence comme critère, et l’innovation comme objectif, pour bâtir une Algérie forte de sa jeunesse, de son capital humain, fière de son histoire et ambitieuse par ses réussites scientifiques.
Dans cette même perspective, M. Baddari a insisté sur la nécessité de placer l’encouragement du mérite, de la réussite et de la créativité au cœur des priorités nationales. Le ministre a, également, mis en exergue le potentiel des lauréats dans des domaines cruciaux tels que l’intelligence artificielle, l’économie de la connaissance, la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire. Évoquant la signification profonde de cette cérémonie, Kamel Baddari a déclaré qu’au-delà de la célébration de l’excellence, cet événement vient consacrer l’émergence d’une nouvelle trajectoire nationale fondée sur le développement global. S’adressant aux lauréats, le ministre a exprimé ses félicitations les plus sincères pour l’image d’excellence qu’ils renvoient de leurs établissements universitaires et de recherche.
Il a affirmé que «c’est grâce à des profils comme les vôtres que l’université algérienne s’élève, que l’Algérie progresse». « Vous représentez l’espoir sur lequel repose l’édification de l’Algérie nouvelle et victorieuse, fondée sur l’intelligence, le génie et l’innovation » , a conclu M. Baddari. Au total, six lauréats ont été récompensés à l’occasion de cette première édition : trois dans la catégorie des enseignants chercheurs et trois autres parmi les étudiants universitaires. Ils ont été sélectionnés pour la qualité de leurs travaux, leur originalité et leur impact scientifique et économique.
En complément de la distinction honorifique décernée par le Président de la République, une récompense financière substantielle a été attribuée aux lauréats : 5 millions de dinars algériens (500 millions de centimes) pour le premier prix, 3 millions de dinars (300 millions de centimes) pour le deuxième prix, et 2 millions de dinars (200 millions de centimes) pour le troisième prix.
En cas de travaux collectifs, cette somme est répartie équitablement entre les membres de l’équipe.
K. H.
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- Amel Imen Hadj Bouzid, 1re de la catégorie Étudiants :
«C’est une grande responsabilité à assumer avec engagement»
La première place dans la catégorie “Étudiants” a été décernée à Amel Imen Hadj Bouzid, doctorante en troisième année au Centre de recherche en information scientifique et technique (CERIST), pour un projet visionnaire. La jeune chercheuse a développé un outil innovant de segmentation automatique en imagerie médicale, capable d’identifier avec précision les atteintes liées à des pathologies. Elle souligne que grâce à ce système, un diagnostic qui nécessitait jusqu’à 20 minutes peut désormais être obtenu en seulement 3 minutes, avec un niveau de précision considérablement accru. Cette distinction, confie-t-elle, représente pour elle un immense honneur, mais aussi une responsabilité à assumer avec engagement.
- Ben Salem Ahmed Elyas, 2e lauréat (catégorie Étudiants) :
«Un honneur qui permettra d’aller de l’avant»
Ben Salem Ahmed Elyas, étudiant à l’École supérieure d’informatique de Sidi Bel-Abbès, a été récompensé pour son projet innovant : un dispositif médical avancé utilisant l’intelligence artificielle pour le diagnostic, la surveillance et le traitement du cancer. Ce système permet d’accélérer les diagnostics et d’améliorer la précision des prélèvements opératoires grâce à un test rapide en bloc opératoire. Honorer par cette distinction, Ben Salem exprime que ce prix représente pour lui « un honneur qui va certainement me permettre d’aller de l’avant », soulignant l’importance de cette reconnaissance dans son parcours scientifique.
- Nargis Rayhan, 3e de la catégorie Étudiants :
«Une fierté»
Nargis Rayhan, étudiante en master à l’Université Frères Mentouri de Constantine, s’est distinguée pour son projet innovant de développement d’un stimulateur biologique naturel à 100 %, baptisé Biostim Agro.
Ce produit, basé sur des bactéries locales bénéfiques et des résidus végétaux, vise à soutenir l’agriculture durable et le développement rural.
Elle explique que ce projet a été développé en collaboration avec son équipe de recherche universitaire. Cette distinction, qu’elle considère comme « une fierté et un encouragement », lui ouvrira les portes pour transformer ce projet en une start-up. L’objectif est de mettre ce produit à la disposition des agriculteurs algériens afin d’augmenter la productivité et de générer des bénéfices pour l’ensemble de la communauté.
- Amar Azioune, 1er prix de la catégorie enseignants-chercheurs :
«Un tournant pour l’innovation nationale»
Le premier prix dans la catégorie des enseignants-chercheurs a été attribué à Amar Azioune, directeur de recherche au Centre de recherche en biotechnologie (CRBt), pour un projet novateur portant sur le développement de nouvelles technologies de puces biologiques destinées à des applications médicales. Il qualifie cette reconnaissance de « Jour historique » dans son parcours « ce prix est hautement symbolique et extrêmement motivant », insiste-t-il, avant d’ajouter : « Il honore l’ensemble des chercheurs et nous encourage à aller plus loin dans l’innovation. » Son projet repose sur des technologies jusque-là inexistantes en Algérie.
Fruit de vingt années de recherche en Europe, il a opéré un transfert de ces savoir-faire vers le pays, formé une équipe de jeunes chercheurs, et ensemble ils ont mis au point une troisième génération de biopuces, entièrement développées en Algérie. Cette technologie, assure-t-il, sera prochainement disponible sur le marché national et international.
- Zine Eddine Khemiri, 2e prix de la catégorie des enseignants chercheurs :
«C’est un véritable encouragement»
Le deuxième prix dans la catégorie des enseignants-chercheurs a été attribué à Zine Eddine Khemiri, chercheur au Centre de recherche scientifique et technique sur les régions arides (CRSTRA), pour un projet à fort impact intitulé « O3 SipTech », une technologie de pointe reposant sur des systèmes électroniques intelligents appliqués à l’irrigation. Ce dispositif innovant permet une gestion optimisée de l’eau dans les zones arides, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de développement de l’agriculture saharienne. Selon Khemiri, les économies d’eau atteignent 47 %, tout en assurant un rendement exceptionnel de plus de 80 quintaux à l’hectare. « Ce prix constitue pour nous un véritable encouragement. Il nous incite à œuvrer pour la généralisation de cette technologie à l’ensemble des exploitations agricoles situées dans les régions sahariennes », a-t-il déclaré avec beaucoup d’émotions.
- Colonel Atif Djoulah, 3e prix de la catégorie des enseignants-chercheurs :
«Défense alimentaire : un nouveau concept stratégique»
Le troisième prix de la catégorie des enseignants-chercheurs a été attribué au chercheur colonel Atif Djoulah du ministère de la Défense nationale, pour un projet innovant portant sur le concept de défense alimentaire, pensé comme une réponse stratégique aux menaces induites par les guerres hybrides. Le projet vise à mettre en place un mécanisme intégré de protection de la chaîne alimentaire nationale contre toute forme d’agression malveillante, qu’elle soit biologique ou chimique. Il s’inscrit pleinement dans les orientations de la Haute hiérarchie de l’Armée nationale populaire en matière de renforcement de la souveraineté nationale et de sécurité globale. « Ce projet s’aligne sur les directives de la haute hiérarchie militaire, avec pour objectif fondamental de protéger notre chaîne alimentaire nationale contre toute attaque malveillante, afin de consolider la souveraineté et la sécurité de l’Algérie. », a précisé le chercheur récompensé.
K. H.