L’extrême droite s’acharne contre les Algériens et les musulmans : Quand la haine se banalise en France

Les actes racistes contre les Algériens et les musulmans, en général, se multiplient en France et prennent une tournure extrêmement dangereuse et fortement inquiétante. Ainsi, dimanche dernier, un ressortissant algérien a été violemment agressé à Sainte-Geneviève-des-Bois, en Île-de-France.

L’agresseur a justifié son acte criminel par un soupçon de tentative de vol de sa voiture, ce qui est bien évidement totalement infondé et complètement faux, comme l’attestait l’enquête préliminaire. Encouragé par la montée en puissance du discours xénophobe, orienté particulièrement contre les Algériens, l'agresseur a tout simplement cédé à ses pulsions racistes. Il a été tabassé tellement fort, que le jeune Algérien est aujourd’hui entre la vie et la mort. Et les exemples de ces expressions violentes de la haine en France sont nombreux. En effet, le 31 mai, un quinquagénaire de nationalité française avait abattu de sang froid un Tunisien à Puget-sur-Argens au sud de la France, et blessé l’un de ses voisins, de nationalité turque. Le meurtrier est connu pour sa diffusion régulière de vidéos sur les réseaux sociaux au contenu foncièrement xénophobe et islamophobe. Mais les autorités n’avaient rien fait pour l’interpeller. Le 25 avril, c’est un ressortissant malien qui avait fait les frais de cette montée en puissance du racisme en France. Aboubakar Cissé avait été tué d’une dizaine de coups de couteau dans une mosquée pendant sa prière. Le 8 avril, ce sont deux femmes d’origine algérienne qui avaient été victimes d’une agression raciste à Joué-lès-Tours, en région Centre-Val de Loire. Leur agresseur les avaient traitées de «sales arabes» avant de leur balancer un «retournez chez vous» bien haineux. Ce sont là quelques faits parmi tant d'autres qui illustrent cette montée préoccupante des actes islamophobes et xénophobes sur le sol français. Des agressions et des meurtres qui ne sont que le fruit du discours politique ambiant, qui se distingue par une forte stigmatisation des immigrés. Ce climat de haine, loin de susciter l’indignation unanime qu’il mérite, semble au contraire glissé dans une forme de banalisation insidieuse, renforcée par l’inaction des sphères politiques dominantes, quand celles-ci ne versent pas carrément dans la complaisance, comme le font d’ailleurs certains médias de l’Hexagone. En effet, ces actes, d’une gravité extrême, n’ont pas provoqué le sursaut attendu ni l’indignation qu’aurait dû susciter une telle violence. Pire encore, ces faits graves n’ont été que faiblement relayés par les médias grand public et ignorés par une grande partie de la classe politique qui s’enferme dans le mutisme ou le relativisme. Ce silence est d’autant plus préoccupant qu’il s’inscrit dans une tendance déjà amorcée il y a bien longtemps, à savoir celle de l’indulgence envers les violences d’extrême droite. En effet, entre 2017 et 2018, seize militants de l’extrême droite avaient planifié des attentats contre des lieux de culte musulmans, préparant des attaques ciblées contre des imams et des fidèles, et allant jusqu’à envisager l’empoisonnement de nourriture halal. Cette affaire, d’une gravité exceptionnelle, a pourtant été correctionnalisée, c’est-à-dire traitée comme une simple infraction et quasi ignorée des grands médias. Cette banalisation progressive de la haine envers les musulmans et les ressortissants étrangers participe à créer un climat où la parole xénophobe est encouragée par un discours officiel, incarné par des figures du gouvernement telles que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui fait un abcès de fixation sur les Algériens et les musulmans. Ainsi, la recrudescence des actes racistes n’est pas à chercher ailleurs. Elle est le fruit de l’investissement massif d’une bonne partie de la classe politique française dans l’idéologie fasciste de l’extrême droite, qui n’est plus l’apanage d’une minorité politique mais plutôt la matrice de tout un courant, celui de la droite française, aujourd’hui radicalisée. Et en se radicalisant, elle entraîne avec elle des pans entiers de la société. Ce basculement idéologique dans l’extrême droite est symptomatique d’une classe politique qui est sortie de son orbite politique et a perdu l’équilibre tant maintenu et conservé par des hommes d’Etat et de grandes figures politiques qui s’érigeaient, à chaque fois que cela était nécessaire, contre l’idéologie fasciste et mortifère du Front national, aujourd’hui devenu Rassemblement national. Les digues historiques, mises en place pour se protéger contre le courant extrémiste, ont bien cédé et ouvert la voie à toutes les dérives. Cela fait qu’au lieu de les soutenir et de les défendre, les communautés ciblées se trouvent plutôt pointées d’un doigt accusateur. Face à la montée de l’algérophobie, de l’islamophobie, et plus largement de toutes les formes de racisme, l’indignation ne peut être à géométrie variable. L’histoire a montré où mènent les sociétés qui ferment les yeux sur la haine.

M. A. O.

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Des avocats décrivent une situation absurde : L’usage abusif des OQTF dénoncé

Depuis l’arrivée de Bruno Retailleau à place Beauvau en septembre 2024, tous les moyens sont bons pour s’attaquer aux ressortissants d’origine maghrébine ou de confession musulmane. Et la principale arme dégainée à chaque fois est la fameuse «Obligation de quitter le territoire français» dont l’usage abusif est de plus en plus dénoncé par les victimes mais également par des hommes de loi qui parlent même, dans certains médias, de «situation absurde». Le cas le plus récent de cet abus caractérisé est celui de cette mère de famille de 58 ans, une binationale sommée de quitter la France sous quarante-huit heures, un pays où elle vit depuis 1993. En plus d’une OQTF injustifiée, cette dame est frappée d’une interdiction de retour sur le territoire français (IRTF). Une double peine pour une femme dont le seul tort est de s’être rendue dans ce pays pour une visite familiale. Si elle revendique la nationalité accordée à certains étrangers, la France n’hésite pas à renvoyer d’autres binationaux dans leur pays d’origine. Parmi les cas relatés par certains médias, il y a celui de cet étudiant tunisien en médecine, visé par une OQTF, fait partie de ceux que des avocats qualifient de victimes de décisions «incompréhensibles» émanant des préfectures françaises. Âgé de 21 ans, cet étudiant est en cinquième année de médecine à Paris. Il est arrivé en France à 12 ans pour rejoindre son frère, titulaire d’un baccalauréat avec mention obtenu à seulement 16 ans, et engagé dans les services hospitaliers en pleine pandémie de la covid 19. Mais son parcours exemplaire n’a pas suffi à convaincre l’administration. «J’étais anéanti. Après toutes ces années à me former et à soigner des patients dans les hôpitaux français, j’ai été traité comme un délinquant», a-t-il déclaré dans un média, avec beaucoup d’indignation. Le motif invoqué par la préfecture pour justifier son refus est l’absence «d’attaches familiales suffisantes» et «d’insertion professionnelle ou de perspective d’emploi» qui ne tiennent pas la route. Des arguments jugés déconnectés de la réalité par son avocate, Me Caroline Andrivet, qui a qualifié cette décision de «stéréotypée» tout en se demandant s’il y a eu une analyse rigoureuse des pièces justificatives fournies. Grâce à une forte mobilisation de la communauté médicale sur les réseaux sociaux, ce jeune étudiant a obtenu une autorisation provisoire de séjour, lui permettant de poursuivre ses stages hospitaliers. Il a également engagé un recours en justice dans l’espoir de faire reconnaître son droit à rester. De l’avis de plusieurs avocats français, l’obligation de quitter le territoire français, une mesure administrative prise par la préfecture, est désormais infligée de manière jugée plus systématique, même à des profils jugés excellents. Cette situation a été qualifiée d’absurde par Me Anaïs Leonhardt. «Depuis Gérald Darmanin, et plus encore sous son successeur Bruno Retailleau, on assiste à une explosion des refus. Les préfectures invoquent des risques pour l’ordre public sans fondement sérieux», avait déclaré à un média français, assurant que ce tournant sécuritaire s’est accentué avec l’envoi d’une circulaire par Bruno Retailleau, relevant de cinq à sept ans la durée de présence en France nécessaire pour une admission exceptionnelle au séjour (AES). L’autre facteur dissuasif est la décision de porter la durée de validité des OQTF à trois ans, contre un an auparavant, souvent accompagnée d’une interdiction de retour en France. Le but recherché par ces mesures abusives est de restreindre le nombre de régularisations, que Retailleau entend réduire drastiquement pour servir ses ambitions politiques à la faveur de la présidentielle de 2027. Ainsi donc, désormais, le refus d’un visa entraîne presque systématiquement une OQTF, alourdissant considérablement les conséquences pour ceux qui tentent de se régulariser en toute transparence. L’histoire d’une quadragénaire arrivée légalement en France en 2018 pour rejoindre ses parents illustre l’absurdité de certaines décisions. Malgré douze bulletins de salaire attestant d’un emploi régulier dans une entreprise de nettoyage, sa demande a été rejetée. La préfecture a estimé que son activité ne témoignait pas d’une insertion professionnelle d’une «intensité suffisante». Cette logique dissuasive est dénoncée par de nombreux professionnels du droit. Elle confirme que les OQTF ne sont que des instruments politiques utilisés pour servir leurs agendas électoraux.

M. A. O.

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