
Le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, propose que le 24 février, journée de la nationalisation des hydrocarbures, soit «le cinquantenaire de la rupture dans le secteur énergétique et la réconciliation entre les différents acteurs du secteur, à travers une transition qui nous mènera vers une nouvelle ère où la scène énergétique, sa transformation, l’énergie produite et distribuée et son usage ne seront plus les mêmes qu’ils le sont aujourd’hui».
S’exprimant, dimanche, à l’ouverture de la rencontre avec les cadres dirigeants de Sonelgaz, le ministre souligne que 50 années se sont déjà écoulées depuis la reprise de la souveraineté sur nos richesses naturelles, «mais un des aspects de ce rôle est de devenir la préoccupation majeure pour le long terme : la sécurité ou l’indépendance énergétique du pays». Il est donc temps de lier définitivement les missions du secteur des hydrocarbures et celui de la production et distribution d’électricité et de gaz dans nos réflexions, notre vision, notre stratégie pour faire face aux défis futurs lesquels défis sont légion. M. Attar évoque l’urgence de diversification de ressources, la rareté des ressources financières, les besoins énergétiques du pays à très long terme… et la préservation de l’environnement «qui nous amènera à nous impliquer aussi bien dans la gestion des usages de l’énergie de façon directe ou indirecte, plus que sa simple distribution». Le premier responsable du secteur rappelle que la pandémie et ses impacts aussi bien économiques que sociaux «ont mis en évidence nos faiblesses et surtout ouvert une fenêtre sur ce que l’avenir du monde sera dans un futur très proche, et la seule façon de se préparer est de se réinventer si nous ne voulons pas être complètement dépassés». Pour aller de l’avant, le ministre préconise un débat ouvert et franc, de chercher les raisons des erreurs et de jeter un regard sur le présent et le futur.
Une nouvelle loi sur l’électricité
Faisant une rétrospective du chemin parcouru depuis cinquante ans et des efforts consentis, M. Attar s’interroge : Est-ce suffisant ? N’y a-t-il pas d’autres choix en tenant compte des ressources existantes, des besoins du pays à long terme, et des mutations énergétiques qui affectent le monde entier ? Concernant le rôle de Sonelgaz depuis des décennies, il a indiqué que le groupe dispose d’un capital expérience et compétence appréciable, rappelant que 30 travailleurs de la compagnie ont perdu la vie emportés par le Coronavirus. Estimant que le développement des capacités de production s’est fait sans prendre en compte la chute rapide des sources d’énergies conventionnelles, il s’avère de ménager ces dernières, ou encore des progrès technologiques très rapides qui allaient complètement bouleverser non seulement la nature des ressources, mais aussi les usages de l’énergie.
Dans le même ordre d’idées, il a fait part de la première prise de conscience avec la loi sur l’électricité de 2002 «presque pas mise en application». Souffrant d’une «trentaine de textes d’application qui n’ont pas vu le jour, cette loi est dépassée». Que faire ? M. Attar affirme qu’un comité de pilotage a été installé afin d’amender cette loi ou d’en préparer une autre à laquelle Sonelgaz doit participer». Par ailleurs, le ministre a souligné que Sonelgaz disposait en 2020 d’une capacité de production installée de 23.391 MW presqu’entièrement en gaz, et prévoit d’atteindre 38.000 MW en 2030. A cet horizon, la puissance maximale appelée pendant un pic devrait être d’environ 27.000 MW.
Sonelgaz : plus de 1.700 milliards de DA de dettes
M. Attar dira qu’il est grand temps de faire confiance aux progrès technologiques, aux EnR et à l’efficacité énergétique pour inverser non pas le programme de développement des capacités de production, mais surtout le recours à des nouvelles ressources, et de nouvelles technologies. S’agissant des moyens financiers, M. Attar reconnaît qu’ils font «cruellement défaut en matière d’investissements», indiquant que les dettes de Sonelgaz s’élèvent à 1.700 milliards de dinars. «La politique énergétique doit être guidée par une vision à long terme car la production comme la consommation sont liées à des investissements lourds ayant des durées de vie très longues. Il est donc temps de revoir notre modèle énergétique qui semble dépassé». M. Chemseddine Chitour, ministre des Energies renouvelables et de la Transition énergétique relève, tout de go, l’impératif d’une vision d’ensemble avec à la clé la lutte contre le gaspillage, l’Algérie consommant 800 milliards de m3 de gaz par semaine risque d’atteindre prochainement la barre d’un milliard. «Il faut laisser un viatique aux nouvelles générations».
1.600 projets de raccordement des zones d’ombre en 2020
En chiffres, l’objectif est d’atteindre 10% d’économie en énergie. Relevant les efforts qui se font avec d’autres ministères, M. Chitour indique qu’avec l’Habitat, à titre d’exemple, il est convenu que le cahier des charges de construction inclut le diagnostic énergétique sans lequel ne sera pas remis le certificat de conformité. D’autres efforts s’imposeront tels que la conversion des véhicules au Gpl, la locomotion électrique, relevant la nécessité de «retrouver la foi et aller vers l’Algérie nouvelle par le savoir».
Il convient de préciser que 57 opérations particulières incluant transport et distribution sont prévues pour passer l’hiver 2020-2021 dans de bonnes conditions et qu’en 2020, 1.600 projets de raccordement des zones d’ombre ont été réalisés.
Fouad Irnatene