Plus de temps à perdre avec les traîne-pieds

L’investissement représente, dans la nouvelle politique économique impulsée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, un axe majeur, voire stratégique, où toute négligence et tout laxisme sont interdits. De gros efforts ont été déployés, pour donner de la crédibilité à l’acte d’investir en Algérie, avec, notamment, une nouvelle loi sur l’investissement plus attractive que la précédente, des organismes dédiés et une mobilisation des autorités locales, pour apporter aide et assistance aux investisseurs, qu’ils soient algériens ou étrangers.Cependant, encourager les investissements suppose aussi une implication sérieuse et concrète des investisseurs, car les avantages octroyés ne constituent pas des chèques en blanc.
L’élément le plus important dans tout investissement, au-delà de l’existence d’un projet et des moyens de son financement, est le foncier, c’est-à-dire la parcelle de terrain destinée à l’investissement en question. Terres cultivables dans le cas de l’investissement agricole, terrains viabilisés dans le cas de l’investissement industriel, le foncier de l’État est très demandé, surtout que rares sont les privés détenteurs de parcelles assez grandes pour abriter leurs projets. L’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) est l’instance habilitée à répartir le foncier après approbation des projets, en attendant la mise en place du guichet unique. Or, des investisseurs (plus exactement des candidats à l’investissement, puisqu’ils n’ont pas enregistré leurs dossiers) ont bénéficié de parcelles de terrain qu’ils n’ont pas encore exploitées. Cette situation pénalise doublement l’économie nationale : des projets programmés ne sont pas encore lancés, alors que l’État fait preuve de célérité dans le traitement des dossiers, et des investisseurs motivés, prêts à concrétiser leurs projets de suite, ne peuvent pas le faire, car dans l’attente de la disponibilité du foncier. Autrement dit, la politique de l’État en matière d’encouragement et de facilitation de l’investissement est parasitée par quelques investisseurs peu sérieux ou se croyant encore à une époque où le foncier était distribué sans exiger des comptes à son bénéficiaire.
La loi sur l’investissement a un rôle clairement défini : encourager l’investissement productif, à travers des mesures incitatives, afin de booster l’économie hors hydrocarbures. Il s’agit d’un immense défi qui ne peut s’encombrer de retards ou d’atermoiements. L’inscription de plus d’une dizaine de milliers de projets auprès de l’AAPI est la meilleure preuve de la profusion des candidats à l’investissement, dont beaucoup qui sont sérieux et rigoureux. Il est hors de question de retourner à l’époque du foncier de complaisance, lorsque des dizaines de milliers d’hectares étaient octroyés à une caste de profiteurs véreux qui les détournaient de leur vocation originelle. La mesure de l’AAPI est venue justement le rappeler. L’Algérie n’a plus de temps à perdre avec les traîne-pieds.

F. A.

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