Mustapha Mekidèche, économiste, à propos de la production du coronavac, à El Moudjahid : «Une étape pour le développement d’autres filières»

La production du vaccin chinois contre le coronavirus par le groupe Saidal est effective depuis mercredi. Dans cet entretien, l’expert en économie Mustapha Mekidèche met en avant les retombées économiques de cet important projet, son rôle dans le développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie et le renforcement de sa position en tant qu’acteur sanitaire principal dans le continent africain.

Propos recueillis par Salima Ettouahria

El Moudjahid : La production effective du vaccin anti-Covid a débuté mercredi dernier à l'unité de production du groupe public Saidal. Quel est, selon vous, son impact sur l’économie nationale ?
Mustapha Mekidèche : C’est un impact positif par plusieurs aspects. D’abord, la fabrication du vaccin consolidera la crédibilité de l’Algérie sur le plan international dans le domaine de l’industrie pharmaceutique. Ensuite, la filière de l’industrie pharmaceutique progresse de manière importante et la fabrication de ce vaccin, en partenariat avec la Chine, marque justement le début d’une étape nouvelle pour le développement d’autres filières. Elle lui donne de plus en plus une ouverture internationale puisque le vaccin fabriqué en Algérie sera destiné non seulement à couvrir les besoins nationaux mais également permettra d’assurer une production qui va aller prioritairement aux pays d’Afrique qui accusent un retard énorme dans ce domaine par rapport aux pays d’autres continents. Cela va contribuer donc à couvrir une partie de la demande des pays africains.

Quelles sont les retombées de ce projet sur l’industrie pharmaceutique ?
Les retombées sont à la fois scientifiques et technologiques au premier plan pour les équipes de Saidal et de façon plus générale de l’industrie pharmaceutique dans la mesure où nous allons vers des produits de haute technologie et pour lesquels l’Algérie va remonter dans la chaîne de fabrication pour améliorer ses capacités scientifiques et technologiques dans le domaine. Je crois que c’est une marque de confiance de la part de ce grand pays qu’est la Chine qui a vacciné plus d’un milliard d’individus et qui a confiance en les capacités technologiques et industrielles de la filière pharmaceutique algérienne qui constitue un élément important pour l’économie algérienne. Il ne faut pas oublier aussi l’impact sur la recherche et le développement car la production des vaccins et biothérapies s’appuie sur un investissement important dans ce domaine. L’industrie pharmaceutique algérienne, qui investit peu jusqu’à présent dans la recherche, sera amenée à intégrer ce maillon dans la chaîne des valeurs, ce qui est un facteur d’augmentation de la valeur du produit final mis sur le marché.

L‘Algérie peut-elle devenir un acteur sanitaire majeur en Afrique et profiter des opportunités des marchés africains ?
Les marchés africains sont des marchés qui n’ont pas été couverts de façon prioritaire lors de la pandémie. Dans le cadre des principes du panafricanisme et de la solidarité avec l’ensemble des pays du continent, l’Algérie va jouer un rôle important pour contribuer à couvrir les besoins des pays africains qui sont, de ce point de vue, très en retard par rapport au taux de vaccination mondial et contribuera à améliorer la situation sanitaire et juguler la pandémie sur notre continent. C’est l’objectif de la coopération d’une importance capitale que l’Algérie considère comme prioritaire.

Quelle est la contribution de la filière de l’industrie pharmaceutique dans la relance économique ?
L’un des exemples industriels sur lesquels l’Algérie compte pour relancer son économie hors hydrocarbures est la filière pharmaceutique qui, d’ailleurs, a commencé à émerger depuis déjà plusieurs années. L’évolution de la situation sanitaire va permettre de donner des opportunités de développement pour non seulement couvrir les besoins sanitaires internes et, par conséquent, diminuer la facture d’importation des médicaments, mais également de couvrir les besoins en médicaments de notre continent mais aussi des pays arabes et également des pays développés. Les standards de fabrication sont des standards internationaux qui sont communs à toute l’industrie pharmaceutique à travers le monde. C’est ce que nous avons constaté à travers les différentes informations diffusées par Saidal.
Aujourd’hui c’est le vaccin anti-Covid-19 chinois, demain cela pourra être, comme déjà annoncé, le vaccin Spoutnik V ou d’autres coopérations avec d’autres grands laboratoires, non seulement pour la fabrication de vaccins mais pour couvrir d’autres médicaments qui sont actuellement importés.
S. E.

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