Drame d’Oran : Les autorités réagissent avec célérité

Un drame a frappé, dans la nuit de samedi à hier, le lieu-dit Haï Es-Sanaoubar (anciennement Terrain Chabat), situé dans le quartier Si-Salah (anciennement Les Planteurs), à flanc de la colline Murdjajo, dans la ville d’Oran. Un glissement de terrain a provoqué l’effondrement d’habitations précaires, causant le décès de quatre personnes, outre des blessés.

Ce drame pose une nouvelle fois la problématique de l’approche à avoir vis-à-vis des zones d’habitations précaires. Le quartier Si-Salah contient ce type d’habitation depuis près de deux siècles, plus précisément depuis 1840, soit quelques années après l’arrivée des colons français qui ont chassé les autochtones des agglomérations, les poussant à se débrouiller pour habiter. Au fil des années, l’habitat précaire s’y est développé au point d’occuper jusqu’à 360 hectares, dont une bonne partie sur la partie ravinée en contrebas du Murdjajo. Les autorités locales ont initié et mis en œuvre, depuis l’indépendance, plusieurs plans et opérations destinés à reloger la population, mais non seulement des familles ont refusé de quitter l’endroit, malgré sa précarité, pour des raisons économiques, mais d’autres personnes sont venues au fur et à mesure occuper les lieux, souvent même des gens issus des zones urbaines, fuyant la cherté des loyers en ville. Il y a donc une part d’inconscience chez de nombreux citoyens (dont des médecins et des enseignants) qui ont préféré occuper des habitations précaires de manière illicite pour faire des économies sur leurs budgets. Construire dans un ravin comporte des risques qu’il fallait anticiper et prévenir. En attendant de situer la responsabilité des uns et des autres dans ce drame, il est à noter la réaction rapide des autorités, qu’elles soient locales ou nationales. Les autorités administratives et sécuritaires locales se sont déplacées vers le lieu de l’effondrement quelques minutes après sa survenance afin de secourir les blessés, loger provisoirement les rescapés et sécuriser le périmètre. Les autorités centrales se sont rendues sur les lieux dès hier matin, soit quelques heures seulement après le drame. Les trois départements ministériels concernés par l’affaire, à savoir ceux de l’Intérieur, de l’Habitat et de la Solidarité, ont vu leurs ministres respectifs, Brahim Merad et Mohamed Tarek Belaribi et Soraya Mouloudji, effectuer le déplacement d’Alger, instruits par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, afin d’évaluer la situation, prendre les mesures urgentes qui s’imposent et examiner, avec les autorités locales, les suites à mettre en œuvre, chacun dans son domaine de compétence : mesures sécuritaires et administratives, relogement des sinistrés et solidarité avec les victimes. Cette célérité mise pour réagir au drame du quartier Si-Salah se veut comme une concrétisation de la directive maintes fois réitérée du président de la République, durant les Conseils des ministres, de mettre le bien-être du citoyen en tête des priorités de la gouvernance. Il est important que le citoyen, où qu’il soit et quelle que soit sa situation sociale, soit pris en charge de manière rapide, efficace et efficiente dans son quotidien et à plus forte raison lorsqu’il vit des drames ou des catastrophes. La priorité, en l’occurrence, est d’assister les victimes de Si-Salah, en attendant d’initier les actions devant permettre de réduire, sinon d’éviter pareils drames à l’avenir.

F. A.

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La distribution des aides accélérée

La ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Soraya Mouloudji, a donné, hier à Oran, des instructions à la Direction de l'action sociale et de la solidarité de la wilaya pour accélérer la distribution des aides et renforcer la prise en charge psychologique des blessés à la suite du glissement de terrain ayant causé la mort de quatre personnes. Mme Mouloudji a donné des instructions pour «accélérer la distribution des aides» et afin que «les cellules de proximité de solidarité procèdent aux enquêtes sociales dans la zone sinistrée, sous la supervision des autorités locales», précise un communiqué du ministère. Pour rappel, sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, une délégation ministérielle s'est rendue dans la wilaya d'Oran pour s'enquérir des conditions de prise en charge des blessés à la suite du glissement de terrain survenu dans le quartier Sanaouber, dans le chef-lieu de wilaya, dans lequel quatre (4) personnes sont mortes et 13 autres ont été blessées. La délégation est composée du ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Brahim Merad, de la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Soraya Mouloudji, et du ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Mohamed Tarek Belaribi, qui sont accompagnés du Directeur général de la Sûreté nationale, Ali Badaoui, et du Directeur général de la Protection civile, Boualem Bourelaf.

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L'urgence d'une action publique d'anticipation

Ces dernières années, les glissements de terrain ont causé des victimes et des dégâts importants dans le nord du pays, notamment à Alger, Aïn El Hammam, Azzazga, El Tarf, Souk Ahras et plusieurs autres localités. En termes simples, un glissement de terrain est un phénomène dû aux forts nuages qui saturent la partie supérieure d'un enclos, provoquant une instabilité. La gravité provoque le déplacement du sol saturé vers le sol, ce qui entraîne un déplacement rotationnel du terrain (chute puis descente). Ce mouvement puissant modifie le paysage, causant des dommages aux arbres, aux routes et aux bâtiments. Ce qui s'est passé à Oran peut être une catastrophe naturelle, mais aussi une irresponsabilité humaine. Dr Laâla Boulbir, spécialiste en architecture et urbanisme à l’université Larbi Ben M'hidi d’Oum El Bouaghi, déclare que «les extensions urbaines récentes risquent d'être catastrophiques sur le double plan paysager et structurel». Les acteurs privés semblent vouloir faire porter la charge à la collectivité, sans vraiment en évaluer les enjeux et les risques». Il s'agit d'un sujet qui doit être traité efficacement et de manière préventive pour protéger les populations, les infrastructures et le bien public. Au cours des dernières années, les pouvoirs publics ont dépensé en moyenne environ 255 millions de dollars (35,14 milliards de dinars) par an pour faire face aux inondations, tremblements de terre et incendies de forêt, dont environ 70% consacrés aux inondations. Selon les prévisions d'une étude réalisée par la Banque mondiale, les pertes liées aux catastrophes pourraient atteindre en moyenne près de 0,7% du PIB du pays par an. Pour Dr Boulbir, «ces incidents dans les grandes villes témoignent de la vétusté du parc urbain.» La dynamiques de développement motive les autorités publiques à relancer des programmes massifs de logements, la réalisation d’infrastructures, notamment de transports collectifs et l’élaboration des plans stratégiques pour plusieurs wilayas. Malheureusement, plusieurs grandes villes du pays sont «malades» de leurs vieux bâtis, qui risquent de s’effondrer à la moindre catastrophe naturelle, menaçant la vie des citoyens. Dr Boulbir note que «toute opportunité fait l’objet d’assaut et rien ne semble résister à l’appétit des spéculateurs». Aujourd'hui, à l’échelle territoriale, «l'essentiel de l'urbanisation est réduit à ces conglomérats hétéroclites, étalés en grappes, au gré des disponibilités foncières, faisant émerger un urbanisme anarchique». L’urbaniste rappelle dans ce contexte l’existence de «l’observatoire de la ville pour soutenir la démarche publique d'amélioration du bien-être dans les quartiers vulnérables, mais aussi le monde rural».

T. K.

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