Mustapha AÏt Mouhoub, responsable de la communication de l’Association internationale des amis de la révolution algérienne : «La Révolution a forgé nos principes diplomatiques»

Entretien réalisé par : SAMI KAIDI

Alors que l’Algérie célèbre le 70e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution de Novembre 1954, El Moudjahid a contacté Mustapha Aït Mouhoub, journaliste et chargé de la communication de l’Association internationale des amis de la Révolution algérienne (AIARA). Il revient sur le rayonnement, ainsi que la portée internationale de cette date historique.

El Moudjahid : Pouvez-vous présenter en détail l’Association internationale des amis de la révolution algérienne. Quelles sont vos principales activités et vos projets futurs ?

Mustapha Aït Mouhoub : L’AIARA est née dans le sillage de la commémoration du 61e anniversaire de l’indépendance et à l’occasion de la clôture des festivités commémorant le soixantenaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Lors de l’Assemblée générale constitutive de l’association, tenue en présence de plusieurs invités venus d’une trentaine de pays, le ministre des Moudjahidine et Ayants-droit, Laid Rebiga, avait esquissé ses contours et ce qui était attendu d’elle, à savoir la «pérennisation des valeurs de la Révolution du 1er Novembre. L’Algérie n’oubliera jamais les amis de sa glorieuse guerre de Libération nationale ainsi que leur soutien et appui à sa cause juste et noble». Dès lors, l’objectif ayant motivé la création de cette association vise clairement à créer un espace de rencontres entre ceux qui sont encore en vie et la descendance de ceux qui ne sont plus de ce monde. Cet espace, qui agit en réseau, tend à pérenniser l’expérience unique de l’engagement de ces nombreux hommes et femmes, à travers le monde, aux côtés de la révolution algérienne et de s’inspirer des valeurs qui fondaient leur prise de position courageuse. Le doyen des ambassadeurs algériens, le moudjahid Noureddine Djoudi, fut plébiscité à l’unanimité à la tête de l’AIARA. Il est soutenu dans son action par un bureau exécutif de 13 membres, dont 6 issus de pays étrangers. Parmi les figures qui composent le directoire, l’ancien président du Mozambique, Joaquim Chissano, président d’honneur de l’AIARA. Plusieurs autres figures composent son bureau exécutif, dont, entre autre, le fils du général Giap, Zhor Ounissi et le moudjahid Ben Laalem.
L’association a créé un site devenu public depuis 8 mois, à travers lequel elle compte fédérer les amis de la Révolution et leur permettre de s’exprimer sur le legs historique et la solidarité avec notre guerre de Libération. Elle cherche également, à travers ce site, à recenser les personnes ayant aidé la révolution à travers le monde et elles sont nombreuses. Un forum périodique a été inauguré au niveau du siège de l’association et compte traiter de plusieurs thèmes. Le thème du cinéma et de la Révolution a été par ailleurs traité dans ce forum. Des séminaires sont au programme de l’AIARA qui compte ouvrir des bureaux dans plusieurs capitales.

Pour de nombreux peuples opprimés en lutte pour leur indépendance ou anciennement colonisés, la glorieuse Révolution de novembre 1954 est
-ou fut- le référent par excellence, pourquoi ?

Pour ce qui est du rayonnement de la glorieuse révolution, la figure de Noureddine Djoudi à la tête de l’AIARA symbolise, à elle-seule, toute la portée et la symbolique du 1er Novembre 1954. Djoudi fut le compagnon de Nelson Mandela lors de son séjour dans les campements de l’ALN durant la guerre de Libération, en plus d’avoir été son interprète auprès des responsables algériens. Il avait été désigné ambassadeur dans plusieurs pays africains et fut le diplomate le plus en vue durant les années 1960 et 1970 en Afrique. Il fut à la pointe de cette solidarité agissante de l’Algérie avec les peuples africains en lutte pour leur indépendance, notamment en Angola, au Mozambique, au Zimbabwe et contre l’apartheid en Afrique du Sud. Avant l’indépendance, l’ALN a eu une part dans la formation de l’encadrement des mouvements de libération de plusieurs pays dont, en particulier, les pays du Sahel. La révolution algérienne fut, en effet, une référence pour les peuples africains, de par son caractère éminemment universel, car elle tirait ses références des valeurs humaines liées au respect de la dignité de l’homme et aux droits des peuples à l’autodétermination. L’adoption par l’Assemblée générale de l’Onu, le 18 décembre 1960, de l’une des résolutions les plus pertinentes de cette organisation intervient juste sept jours après les manifestations du 11 décembre 1960 en Algérie. Ces manifestations avaient, au niveau de l’ONU, consacré définitivement le respect des droits des peuples en opposition avec le système colonialiste imposé par les puissances européennes. Les valeurs de notre révolution ont été également perçues comme un modèle, lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1963. L’action de l’Algérie en tant que membre fondateur avait joué un rôle clé pour aider les peuples encore sous le joug du colonialisme à s’affranchir de ce système avilissant.

En quoi peut-on dire que notre politique étrangère ainsi que notre diplomatie découlent ipso facto de la Proclamation du 1er Novembre et du combat libérateur de notre peuple ?

Durant la guerre de Libération nationale, l’Algérie avait forgé les principes qui guident sa diplomatie. C’est d’abord à Bandung que les Algériens avaient brillé en énonçant les contours d’une diplomatie de libération. L’équipe conduite entre autres par Hocine Ait Ahmed et M’Hamed Yazid se retrouvera par la suite à New-York pour défendre avec l’efficacité, que tout le monde reconnait aujourd’hui la cause du peuple algérien. C’est ce qui explique l’engagement franc de l’Algérie pour défendre les causes justes, notamment celles liées à l’indépendance, principalement celles des peuples de Palestine et du Sahara occidental. Ce référentiel historique, devenu avec le temps le socle de la politique étrangère de l’Algérie, est traduit aujourd’hui par l’action de notre représentant au Conseil de sécurité de l’Onu, Bendjemaa, qui a consacré le mandat de l’Algérie à la défense du peuple palestinien et mène une action sans relâche pour dénoncer le génocide en cours à Ghaza. Le caractère humaniste de la Révolution algérienne explique, somme toute, son action en faveur de la paix. A ce propos, notre pays a effectué de nombreuses médiations pour le règlement de plusieurs conflits. Des actions qui ont permis entre autre la libération des otages américains en Iran, le règlement du conflit entre l’Erythrée et l’Ethiopie et au Sahel….

S. K.

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