Marché aux bestiaux de Bourkika : Une baisse notable des prix

Après huit mois de fermeture, le marché aux bestiaux de Bourkika, situé dans la wilaya de Tipasa, a rouvert ses portes, hier, dans un contexte marqué par une baisse notable des prix des moutons locaux, longtemps jugés excessifs, et ce après le début d'importation d'un million de têtes.

Dès l’ouverture, le marché a enregistré une affluence importante de gens venus se renseigner sur les prix. «Les prix des moutons locaux varient désormais entre 60 000 et 100 000 DA, une nette diminution par rapport à l’an dernier, où ils atteignaient jusqu’à 15 millions de centimes. «Cette offre compétitive a poussé les producteurs locaux à ajuster leurs prix pour rester compétitifs. L’arrivée des moutons importés a changé la donne. Les spéculateurs ne peuvent plus augmenter les prix sans risquer de se retrouver avec des invendus», explique un éleveur local. Le président de la Fédération nationale des éleveurs a précisé pour sa part que l'impact de l'importation n'est pas le même pour tous les producteurs. «Les vrais éleveurs ayant un cheptel stable et une production locale abondante ne sont pas affectés par la concurrence des moutons importés», explique Ibrahim Amrani qui souligne que la pluviométrie «exceptionnelle» de cette année a permis une production locale «plus abondante», contribuant à maintenir des prix «raisonnables» tout en garantissant la rentabilité des éleveurs. A propos de la spéculation, exacerbée par les périodes de sécheresse, il affirme que le manque de fourrage a augmenté les coûts de production et soutient que la hausse des prix des aliments pour animaux, notamment le fourrage importé, a aggravé la situation. «Certaines régions agricoles, touchées par des sécheresses prolongées, ont vu leurs prix s'envoler», regrette-t-il. Cependant, cette année, la reprise de la production d'herbages dans plusieurs régions agricoles a permis de réduire les coûts. «La situation s’est inversée», se félicite le président de la fédération nationale des éleveurs. Et d’ajouter : «Malgré cette amélioration, il est nécessaire de maintenir une vigilance constante pour lutter contre la spéculation. Les intermédiaires demeurent un problème majeur et les autorités doivent intervenir pour garantir un contrôle strict de la chaîne d'approvisionnement.» De leur côté, les associations de consommateurs comme l’APOCE restent vigilantes et si elles saluent la baisse des prix, elles appellent à un contrôle «renforcé» du marché. «Les prix étaient artificiellement gonflés ces dernières années en raison des pratiques spéculatives des intermédiaires. L’arrivée des moutons importés a rétabli une certaine équité pour les consommateurs», a déclaré à ce sujet Fadi Tamim, le SG de l’association de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement, jugeant primordial un suivi «rigoureux» pour éviter le retour de ces pratiques.

S. E.

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