
Le président de la République algérienne, M. Abdelmadjid Tebboune, a souligné hier, lors du Conseil des ministres, l’importance capitale des nouvelles données statistiques publiées par le ministère de l’Agriculture.
Ces données constituent, selon lui, une première étape essentielle pour remettre le secteur agricole sur la bonne voie, favoriser la promotion des différentes filières agricoles, notamment l’arboriculture et étendre les surfaces irriguées à l’échelle nationale. Cette déclaration s’inscrit dans une vision stratégique claire visant à renforcer la souveraineté alimentaire de l’Algérie et à dynamiser un secteur longtemps confronté à des défis structurels.
Objectif 3 millions de terres irriguées
L’Algérie dispose actuellement d’environ 2,1 millions d’hectares de terres irriguées. Le gouvernement s’est fixé pour objectif ambitieux d’atteindre 3 millions d’hectares irrigués dans les prochaines années, ce qui représente une augmentation significative de près de 43%. Pour y parvenir, plusieurs mécanismes sont mis en place, notamment le raccordement des périmètres irrigués à des stations d’épuration des eaux usées. Cette approche innovante permet de recycler ces eaux, en particulier pour l’irrigation des cultures céréalières et fruitières, contribuant ainsi à une gestion plus durable des ressources hydriques dans un contexte de rareté croissante. Parallèlement, un vaste programme de mobilisation des terres agricoles inexploitées est en cours. En 2025, il est prévu de mobiliser environ 122.000 hectares dans 12 wilayas, dont plusieurs situées dans le sud du pays. Ce programme vise à élargir les surfaces cultivées, à accroître la production nationale et à renforcer l’autosuffisance alimentaire. Plusieurs projets majeurs sont déjà en cours dans le Sahara. L’Algérie s’est engagée à transformer 500.000 hectares en terres agricoles productives dans un délai de trois ans. Ce projet ambitieux cible principalement la production de blé dur, de graines oléagineuses et de légumes secs. Il bénéficie de partenariats internationaux, notamment avec l’Italie et le Qatar. La production de betterave sucrière est également en plein essor dans plusieurs wilayas sahariennes telles qu’El-Menia, Ouargla, Ghardaïa et Touggourt. Des groupes publics et privés développent des projets sur plus de 300.000 hectares. Dans la région d’Oued Souf, le maraîchage sous serre connaît un développement remarquable. La production de pomme de terre y a atteint environ 400.000 tonnes en 2022, tandis que les cultures de tomates, poivrons et courgettes sous serre permettent d’approvisionner les marchés toute l’année. Ce succès attire de nombreux investisseurs et témoigne du potentiel agricole du Sahara lorsqu’il est soutenu par des infrastructures adaptées et une politique volontariste. Pour soutenir ces projets, le gouvernement mise sur l’innovation technologique. L’utilisation de drones, de robots agricoles et de systèmes d’irrigation de pointe permet d’optimiser la productivité tout en maîtrisant la consommation d’eau et les coûts. La recherche scientifique, notamment via le Centre national de recherche scientifique et technique (CNRST), joue un rôle clé dans le développement de solutions adaptées aux conditions climatiques difficiles du Sahara. Par ailleurs, la culture des oliviers, des palmiers et des arbres fruitiers en Algérie connaît une croissance notable, témoignant d’un développement dynamique de ces filières agricoles stratégiques pour l’économie nationale et la sécurité alimentaire. L’oléiculture occupe une place prépondérante parmi les cultures fruitières, représentant environ 45 % de la superficie totale dédiée aux arbres fruitiers en Algérie. Actuellement, la superficie agricole consacrée aux oliviers est estimée à près de 443.000 hectares. L’objectif est d’atteindre un million d’hectares d’oliviers à l’horizon 2030, ce qui ferait de l’Algérie l’un des plus grands producteurs mondiaux d’olives et d’huile d’olive. La production d’huile d’olive s’élève à environ 100 millions de litres par an, positionnant l’Algérie au 4e rang mondial en production d’olives de table et au 7e rang pour la production d’huile d’olive, selon le Conseil oléicole international. L’Algérie est le 3e producteur mondial de dattes avec une production annuelle d’environ 1,32 million de tonnes. La production a doublé en dix ans, passant de 600.000 tonnes en 2012 à plus d’un million de tonnes en 2023. Cette croissance est soutenue par des politiques publiques importantes, incluant des aides financières, la mise en place de pépinières modernes, la diffusion de techniques agricoles avancées et l’amélioration des infrastructures d’irrigation.
Y. Y.