Le gouvernement veut mettre fin à l’épidémie du Sida d’ici à 2030 : Mobilisation totale

Ph. Louiza M.
Ph. Louiza M.

«L’Algérie est inscrite sur la liste des pays bénéficiaires de la licence volontaire de Medicines Patent Pool (MPP) et ViiV Healthcare, ce qui permettra au pays d’acquérir la molécule générique dolutégravir (DTG) pour le traitement du VIH à un prix très réduit.» C’est ce qu’a annoncé, mardi, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid.

S’exprimant à l’ouverture d’une visioconférence organisée à l’occasion de la journée mondiale de Lutte contre le sida, il a indiqué que le guide de prise en charge thérapeutique des malades atteints par le VIH sera actualisé en inscrivant le DTG en première ligne thérapeutique, et ce avec l’appui de l’OMS, et conformément aux directives internationales.
Cela permettra de traiter 80% des personnes vivant avec le VIH avec le DTG et de réduire la facture annuelle des traitements antirétroviraux avec un gain estimé de plus de 6 millions de dollars par an.
Dans son allocution prononcée en présence, du ministre délégué chargé de la réforme hospitalière, Ismaïl Mesbah, des représentants du système des Nations unies et Onusida, le ministre a relevé l’importance de la célébration de cette journée qui intervient cette année dans un contexte particulier marqué par la pandémie du covid 19 et ses répercussions sur la santé et sur le développement.
«La pandémie a perturbé les services de santé et menace les progrès accomplis au cours des vingt dernières années aussi bien dans le domaine de la santé que du développement, y compris pour ce qui est des avancées dans la lutte contre le VIH». Le slogan national retenu pour cette année «Pendant la Covid-19, assurer les soins et le traitement du VIH est la responsabilité de tous», souligne l’importance de la continuité des services liés au VIH tel l’accès au dépistage et au traitement dans le contexte COVID-19 pour éviter la recrudescence de la stigmatisation et le rebond de l’épidémie du VIH.
Le ministre de la Santé a réaffirmé la volonté de l’Algérie de s’atteler davantage à réunir tous les moyens possibles pour renverser le processus de propagation de cette épidémie mondiale et de s’inscrire résolument dans la cible ambitieuse que l’ONUSIDA a mise en place. «Afin de permettre à notre pays de s’assurer que l’objectif des trois 90 soit atteint et ce dans la perspective de mettre fin à l’épidémie du sida d’ici à 2030», soutuent-il.
Cette volonté politique s’est traduite par une mobilisation totale du gouvernement, notamment la société civile dans un cadre multisectoriel consacré par un décret exécutif du Premier ministre et appuyé par le maintien du recours à un financement conséquent avec plus de 95 % du budget alloué sur le seul budget de l’Etat, permettant d’assurer à titre gratuit toutes les prestations, y compris le dépistage et le traitement antirétroviral pour tous.
«Cette volonté politique a été renforcée par la qualité du partenariat avec les agences du système des Nations unies et particulièrement ONUSIDA et une implication plus grande des acteurs institutionnels et de la société civile», a noté le ministre.

«L’épidémie en Algérie est peu active, avec une prévalence de 0,1%»

M. Benbouzid a également indiqué que l’Algérie a accompli des progrès indéniables par une riposte nationale multisectorielle, précisant que l’épidémie peu active, avec une prévalence de 0,1%.
Relevant l’importance de rester vigilant malgré cette faible incidence, il a fait savoir que les comportements à risque, le niveau d’utilisation des moyens de protection, la consommation de drogues injectables, les phénomènes de migration sont autant de facteurs de vulnérabilité qui doivent être constamment pris en considération. «C’est pour cela que nous avons voulu que cette journée soit une illustration de notre volonté de poursuivre ensemble notre engagement afin de relever ce défi comme en témoignent les actions réalisées et qui sont appelées à se poursuivre et à se renforcer». Il a évoqué la mise en œuvre du Plan national stratégique de lutte contre les IST/VIH/sida 2020 -2024.
Ce plan s’inscrit dans le cadre des engagements souscrits par l’Algérie visant à optimiser et amplifier la riposte nationale, au regard du profil épidémiologique et de la dynamique de l’épidémie en axant les efforts sur les populations clés et vulnérables.
L’objectif est d’élargir l’accès aux soins et au traitement de qualité dans un environnement favorable non stigmatisant et non discriminant et d’atténuer l’impact de l’épidémie. M. Benbouzid a tenu à saluer les actions mises en œuvre avec beaucoup d’engagement par tous les partenaires durant la pandémie Covid-19, notamment, la société civile,à travers leur implication de plus en plus grande dans les interventions de prévention de proximité auprès des populations vulnérables, et celles visant à soutenir, sur le plan psycho-social, les personnes vivant avec le VIH, comme la médiation sociale et l’acheminement des médicaments, appelant toute la société à se mobiliser davantage pour intensifier les efforts afin d’atteindre les objectifs assignés.
Kamelia Hadjib

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2.100 nouvelles infections au VIH en Algérie depuis 2019

Le directeur d'Onusida Algérie, Adel Zeddam a indiqué que 2.100 nouvelles infections au VIH Sida ont été enregistrées en Algérie depuis 2019, avec 150 décès, précisant que 22.000 personnes vivant avec le sida sont recensés dans le pays. Soulignant l’importance du dépistage, M. Zeddam a fait savoir que seuls 15.000 des malades sont soumis au traitement.
Il a également évoqué les répercussions négatives de la pandémie du Coronavirus sur la riposte au Sida dans le monde. «L’épidémie de la covid 19 menace les progrès enregistrées en matière de lutte contre le VIH SIDA et a accentué les inégalités existantes, ce qui occasionne accuse un retard pour atteindre les objectifs des 90 90 90».
Les répercussions de la pandémie sur la riposte VIH indiquent que le nombre de nouvelles infections au VIH, entre 2020 et 2022, augmentera de 123.000 à 280.000 cas et que cela pourra entraîner de 69.000 à 148.000 décès, M. Zeddam a fait savoir que 1,7 million de nouvelles infections au VIH ont été enregistrés en 2019, un chiffre qui reste loin de la cible fixée par l’organisation onusienne en 2016 d’atteindre moins de 500.000 nouvelles infections. Il a enfin félicité l’Algérie pour le caractère ambitieux des objectifs de son plan national stratégique de lutte (2020/2024), particulièrement dans le contexte de la Covid-19.
De son côté , le coordonnateur résident du Système des Nations unies en Algérie, Eric Overvest, a réitéré l’engagement de l’institution à fournir l’appui technique nécessaire pour les domaines prioritaires de la riposte contre le VIH sida et dans le cadre du plan national, tout en saluant l’engagement indéfectible des différents acteurs impliqués, en particulier le leadership, en l’occurrence le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière. K. H.

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