
La révision de l’Accord d’association commercial entre l’Algérie et l’Union européenne va entrer dans sa phase concrète. En effet, le Directeur général du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe au sein de la Commission européenne, Stefano Sannino, est en Algérie, depuis hier et jusqu’à jeudi, afin de discuter, avec des responsables algériens, de perspectives de renforcement de la coopération algéro-européenne, avec comme principal sujet de discussion le Nouveau Pacte pour la Méditerranée, en débat au niveau de la Commission européenne. Par Nouveau Pacte pour la Méditerranée, la Commission européenne, organe exécutif de l’Union européenne (UE), entend un nouveau cadre de coopération politico-économique avec les pays du pourtour méditerranéen, dont l’Algérie est un acteur majeur. Devant la réticence affichée par plusieurs partenaires de l’Union européenne, en tête desquels l’Algérie, à poursuivre des partenariats plus avantageux pour la partie européenne, à l’image de l’Accord d’association qui restreint les exportations vers l’UE, cette dernière tente de trouver un cadre de coopération plus intégré, où les échanges commerciaux se feront dans les deux sens sans léser aucune des deux parties. Le Nouveau Pacte pour la Méditerranée se veut comme ce nouveau cadre auquel aspirent toutes les parties. Il fait actuellement l’objet de consultations régionales afin de recueillir les observations et les enrichissements des partenaires, dont l’Algérie, avant son adoption définitive, d’où l’importance de la visite qu’est en train d’effectuer Stefano Sannino. L’insistance exprimée par l’Algérie pour la révision de l’Accord d’association avec l’Union européenne participe d’un sentiment d’injustice. Il n’est plus concevable que les clauses limitant les possibilités d’exportation vers l’Union européenne soient encore en vigueur, alors que le contexte économique a évolué depuis la promulgation et la mise en œuvre de cet accord. Désormais, l’Algérie produit des marchandises hors hydrocarbures concurrentielles et à des prix compétitifs qui méritent de figurer dans la nomenclature des produits exportés vers l’UE, sans limitation de quantités. En plus clair, le marché de l’Union européenne doit s’ouvrir aux exportateurs algériens. Par ailleurs, la coopération bilatérale ne saurait se restreindre aux simples échanges commerciaux. L’Union européenne est appelée à investir en Algérie dans des créneaux mutuellement fructueux, surtout que les opportunités existent. Vendre à l’Algérie, c’est bien. Investir et produire en Algérie, avec possibilité de diriger une partie de la production vers l’Europe, voire exporter vers d’autres espaces économiques, c’est mieux. Dans un contexte mondial marqué par des guerres commerciales et tarifaires impitoyables et une indécision des marchés internationaux, une coopération intégrée entre l’Union européenne, forte de sa technologie et de son savoir-faire, et l’Algérie, riche de ses ressources naturelles, de son emplacement géographique, de sa forte démographie et des perspectives de développement de ses routes commerciales panafricaines, est plus qu’une nécessité. Il s’agit d’une option pragmatique et réaliste visant à fructifier les liens de voisinage, tout en préservant la stabilité économique des pays du pourtour méditerranéen. En clair, c’est une option gagnant-gagnant qu’il serait préjudiciable de négliger. L’Union européenne, à travers la Commission européenne, semble l’avoir bien compris, dans l’intérêt de tous.
F. A.