Le chef de l’état exige une meilleure gestion des zones d’ombre : Tolérance zéro

Conseil des ministres :
M. Tebboune exprime son mécontentement de la gestion de certains dossiers

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a exprimé dimanche dernier son mécontentement sur la gestion de certains dossiers relatifs au développement dans les zones d'ombre et la gestion du secteur bancaire, tout en se félicitant des progrès enregistrés dans des secteurs vitaux tels que l'industrie pharmaceutique et les start-up.

Intervenant lors de la réunion du Conseil des ministres, après un exposé sur le bilan des performances du gouvernement pour l'année écoulée, le Président Tebboune a donné des instructions à l'effet de relancer les secteurs ayant un impact direct sur la vie quotidienne des citoyens, en passant à la «vitesse supérieure» à l'entame de l'année 2021. Abordant le secteur de l'Intérieur et des Collectivités locales, le président de la République a insisté sur l'impératif de faire la distinction entre les différents programmes de développement local, soulignant par la même certaines initiatives positives, tel l'approvisionnement en eau et en gaz par voie de réservoirs dans certaines régions frontalières. Néanmoins, il a mis en garde contre la poursuite du phénomène d'approvisionnement en eau par les méthodes rudimentaires, une tragédie dont des enfants ont été victimes. Le président de la République a pointé du doigt également les aspects négatifs enregistrés dans certains secteurs d’activités, soulignant que le bilan des performances ministérielles pour 2020 est plutôt «mitigé» avec du «positif et du négatif». Il s’agit notamment du secteur des Finances, pour lequel le président de la République a relevé un «point noir» qui entache ce secteur et qui consiste en le système bancaire qu'il convient de revoir, a-t-il instruit, par un travail d'inspection au niveau de toutes les banques, notamment en consacrant la transparence dans l'octroi de crédits.
Il a, en outre, ordonné l'accélération de la numérisation du secteur des douanes afin de lutter contre la surfacturation et d'absorber les fonds circulant dans le marché parallèle.
A ce propos, le Président de la République a plaidé pour l'accélération du processus de numérisation des différents secteurs sensibles d'importance économique, notamment les impôts, les douanes et les domaines, et ce dans le souci de permettre aux autorités publiques de disposer d'outils nécessaires à la mise en place de ses politiques, à leur mise en œuvre et à leur évaluation.
S’agissant du secteur des Mines, M. Tebboune a souligné la nécessité de poursuivre les efforts en vue de valoriser les ressources minières que recèle notre pays, tout en mettant l’accent sur l'importance d’entamer, dans les plus brefs délais, l'exploitation effective de la mine de fer de Ghar-Djebilet et du gisement de zinc et de phosphate de Oued Amizour, ainsi que la nécessité de parachever les procédures de lancement des grands projets structurels dans ce secteur.
Concernant le secteur de la pêche, il a donné des instructions à l'effet d’accorder toutes les facilitations nécessaires au lancement d’une industrie navale locale, afin de développer, a-t-il insisté, la flotte nationale et rehausser les capacités de production pour l’approvisionnement du marché.
Dans ce sillage, il a chargé le Gouvernement d’examiner «le lancement de projets de partenariat dans le domaine de la pêche avec les différents partenaires de pays frères et amis».
L’autre secteur examiné lors de cette réunion du Conseil des ministres, est celui de l’Agriculture et du développement rural. A cette occasion, le président Tebboune a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’affaire d’importation de blé avarié de Lituanie. Il a chargé aussi le ministre des Finances de procéder à un audit au sein de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC).

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Certains walis ont failli dans la gestion des zones d’ombre  :
Tolérance zéro 

Le dossier des zones d'ombre a été examiné par le Président de la République qui l'inscrit au cœur de ses priorités de l'heure. Lors du Conseil des ministres, il a exprimé son mécontentement quant au manque de mobilisation de certains walis. Cela sera assurément suivi par des mesures tendant à pallier le manquement constaté. Le propos est de Hassene Kacimi, cadre au ministère de l'Intérieur, pour qui «la prise en charge des besoins élémentaires des citoyens des zones d'ombre est un impératif à l'édification de l'Algérie nouvelle».
Il est inacceptable, indique le même responsable, «qu'après tant d'années d'opulence financière, plus de 8 millions d'Algériens n'ont pas encore accès à l'eau, à l'électricité, au transport scolaire et autres commodités. Il y a une volonté bien réelle de la part du président de la République d'atténuer, dans l'urgence les souffrances des populations des zones d'ombre et de hisser par la suite ces régions enclavées au rang d’espaces économiquement viables». Il ajoute que le chef de l'État «ne pourrait en aucun cas tolérer que ses engagements en ce sens ne soient pas consacrés de façon perceptible à cause d'un quelconque laxisme ou de carence dans la gestion des collectivités». Le ministère de l'Intérieur est donc tenu, affirme Hassene Kacimi, «de s'impliquer plus intensément dans la prise en charge des besoins des populations des zones d'ombre». Notre interlocuteur ne manquera pas, par ailleurs, de saluer l'optimisation des mécanismes de gouvernance par le Président de République en consacrant «le principe d'évaluation de l'action de l'Exécutif et en procédant à l'examen de chaque secteur d'activité». Selon lui, «cette manière de faire est une nette avancée dans la gestion des affaires publiques et permettra de mieux situer les responsabilités, d'asseoir une meilleure traçabilité et de promouvoir le principe de transparence qui est d'un impact certain en termes de rétablissement de la confiance entre le citoyen et les institutions». Pour le politologue et universitaire Idriss Attia, si certains walis ont failli dans la gestion des zones d'ombre, cela démontre que «la mentalité purement bureaucratique sévit encore dans la mesure où des responsables au niveau local ont toujours tendance à se cloisonner et à s'enfermer dans leur bureau au lieu d'aller sur le terrain et privilégier le contact direct avec les citoyens».
Il estime, à cet effet, que « la première des problématiques à solutionner en matière de gestion des collectivités locales, est de revoir la place du wali qu'il faudrait émanciper des carcans bureaucratiques et hisser au rang de véritable managers très au fait des préoccupations et des besoins de la population». Concernant les zones d'ombre, poursuit notre interlocuteur, «le président de la République a été très clair dans ses orientations et directives lors de deux rencontres Gouvernement- walis qu'il a présidées l'année dernière». Aujourd'hui, «s'il est avéré que les recommandations du chef de l'État n'ont pas eu le suivi voulu de la part de certains walis, cela est essentiellement dû au manque de passerelles de communication à même de favoriser la concertation avec les représentants de la société civile au niveau local». «Ce qui est demandé en matière de gestion des zones d'ombre, c'est de simples initiatives, des projets pas du tout coûteux au bénéfice d'une tranche de population délaissée depuis des années et dont la réalisation est toutefois tributaire du degré de coordination intercommunale et de la qualité du suivi de la part des walis.
Il semblerait que c'est bel et bien à ce niveau que les insuffisances sont constatées. L'année 2021 sera encore celle des zones d'ombre», comme l'a promis le conseiller du président de la République Brahim Merad dans un entretien récent avec El Moudjahid. Il avait alors révélé que sur 32.000 projets recensés au profit de ces régions, près de 6000 seulement ont été réceptionnés au courant de l'année dernière, assurant de la disponibilité des financements nécessaires pour la réalisation de plus de 12.000 autres projets socioéconomiques.
Karim Aoudia

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