« Tous les policiers français se sont sauvés seul le commissaire, un Martiniquais qui collaborait avec les djounouds est resté dans son bureau. Je suis monté sur le toit, j’ai enlevé le drapeau français et j’ai placé à sa place l’emblème national. »
Le moudjahid Asselate Mokhtar, dit Si Meziane, natif de Béjaia a joué un rôle éminent durant la guerre de Libération nationale déclenchée le 1er Novembre 1954. Il dira « Certes durant les deux années de guerre (1954 et 1955) la guerre ne s’est pas propagée, c’est à partir de 1956 que la mobilisation des moudjahidine s’est intensifiée dans la région ou j’étais responsable, à savoir Mezzaïa (Imezayene), dans l’ouest de Bejaia où les moussabline et moudjahidine se concentraient et menaient des actions de sensibilisation des populations des sept villages pour instaurer la confiance entre tous les villageois, mais surtout faire attention aux postes avancés des colons ».
Si Meziane gagna rapidement la confiance des populations de la région car son père faisait partie des moudjahidine engagé dans la révolution. Asselate dira : « C’est Arezki l’Aurès qui a mis en place les permanences alors que Arezki Oukmanou, d’El Kseur, était le chef avec les djounoud et moussabiline, secondé par Salah Hihat. C’étaient les premiers à avoir pénétrer le village d’Imezayene ». Pour mieux s’organiser dans la région sans attirer l’attention de l’armée coloniale, le groupe a choisi une maison comme lieu de rencontre située à la sortie du village. Si Meziane a été chargé de ramasser les cotisations mais aussi d’assurer la liaison, la garde, l’acheminement du courrier et désigner les guides et la surveillance des lieux qui s’étend jusqu’à Ighil Bordj et Oussama, avait le grade de lieutenant et pour responsable direct le capitaine Amira Bouaouina. Bouaouina est décédé début de l’année en cours avec le grade de colonel. Malgré toute cette vigilance, le village a été dénoncé aux colons et un ratissage spécial du village a été mené par l’armée coloniale qui a tué froidement 11 personnes, dont le père de Si Meziane rué de coups et brûlé vif dans son magasin de moulinerie. Si Meziane a rejoint le maquis le 12 mai 1956 et affecté dans la Zone 1, avant de parcourir plusieurs régions du pays. A l’aube de l’indépendance, le 5 juillet 1962, Si Meziane avait décidé de confectionner des drapeaux algériens qu’il devait distribuer aux populations pour fêter l’indépendance.
Si Meziane occupa la scène, il a été affecté dans la Wilaya III, Zones 1 et 2 qui s’étend jusqu’à Beni Mansour, le long de la Soummam et les hauts plateaux. En 1958, il faisait partie du bataillon de choc dans les Aurès. Mais son nationalisme et son amour à la patrie le tenaient à cœur, il décida de hisser le drapeau algérien sur le commissariat de police de la place Lumumba, après que tous les éléments de la police française ont déserté les lieux. Il dira à cet effet : « Tous les policiers français se sont sauvés seul le commissaire, un Martiniquais qui collaborait avec les djounoud est resté dans son bureau. Je suis monté sur le toit, j’ai enlevé le drapeau français et j’ai placé à sa place l’emblème national, puis j’ai tiré 4 coups de feu de mitraillette pour annoncer notre souveraineté, ensuite je suis descendu à la mairie, complètement vidée de son personnel français, et j’ai fait la même chose avec le drapeau puis j’ai placé Youcef Kebbache, moudjahid incarcéré par le colon, maire de la ville de Bejaia et aussi nous avons placé un sous-préfet à Sidi Aïch. 71 ans se sont écoulés après le premier coup de feu de la guerre de Libération.
L’Algérie a arraché son indépendance au prix de mille et un sacrifices, et du sang de ses glorieux martyrs, mais Si Meziane, malgré son âge, fréquente chaque jour le bureau de l’organisation des moudjahidine et apporte sa contribution dans tous les événements nationaux organisées dans la wilaya de Bejaia.
M. L.