Les refuges de l’ALN ont joué un rôle primordial même pour la préparation des grandes étapes de la Révolution. L’initiateur de cette offensive, Zighoud Youcef, s’était isolé dans une planque que personne ne connaissait où il eut la lumineuse idée de la grande offensive du Nord-Constantinois qui a eu lieu le 20 août 1955.
Les refuges de Boussatour, à El Harrouch, et de Zaman, à Bouchtata, ont servi à préparer ces offensives. Allaoua Alguemi, l’un des premiers maquisards de la région, s’en souvient : « Le cloisonnement était de cours. Les réunions se faisaient en petits comités, en respectant la position hiérarchique. J’étais un simple djoundi et je ne participais donc pas aux réunions des chefs, sauf lorsqu’on m’y invite pour me donner des instructions particulières. La première réunion d’information s’était tenue à Beni Kebouche (Bouchtata). On ne nous avait donné aucun détail, mais juste les grandes lignes. Il y en a qui ont été envoyés à Ras El Hadid, d’autres à Annaba… Moi, j’étais envoyé à Seraïdi.» Les premiers mois de la Révolution avaient servi à préparer matériellement les offensives à venir. Les combattants de la première heure avait fabriqué des bombes et armes artisanales au hameau El Hadjra El Beidha, pas loin d’El Halia, dans la commune de Filfila. « Nous les avons distribuées aux combattants.
Le 20 août était essentiellement un soulèvement populaire car les combattants de l’ALN étaient en nombre très réduits. Dans ma section, nous n’étions que cinq.» Puis, il y a eu la réunion à Zaman où on avait évoqué une offensive, mais sans les détails complets : « Un jour, Amar Talaâ, qui était l’adjoint de Smaïl Zigat, m’a contacté pour me demander de réunir la population. Je me suis exécuté sans avoir la moindre idée de l’objet de la réunion. En fait, c’était cela le secret de l’ALN : le secret et la confidentialité étaient respectés.
Même si j’étais un djoundi, j’ai été mis au courant au sujet de l’offensive du 20 août qu’à la dernière minute, au même titre que la population, afin d’éviter les fuites volontaires ou involontaires. J’ai été le premier à avoir reçu ma zone d’intervention pour le 20 août : l’aérodrome militaire de la ville de Skikda. Je devais me débrouiller concernant la manière et les moyens utilisés, mais je devais attaquer l’aérodrome le 20 août à midi pile avec mon groupe constitué de 16 personnes, dont seulement 4 combattants. L’attaque a réussi, mais j’ai perdu 3 djounoud.» Même le Congrès de la Soummam a été préparé, au niveau de la Wilaya II, dans les refuges de Bouzaarour (Aïn Kechra) et Chekaïl (Ouled Attia).
F. A.