
Le Conseil consultatif de l'Union du Maghreb arabe (UMA) a abrité, mercredi en son siège, une conférence historique organisée dans le cadre du Forum de la mémoire d’El Moudjahid, en collaboration avec l'association Machaâl Echahid, pour commémorer le 189e anniversaire de la «Moubaya’a» de l'émir Abdelkader, ainsi que le 90e anniversaire de l'ignoble exécution du résistant libyen Omar El-Mokhtar par les armées coloniales italiennes.
La conférence s'est tenue devant une assistance nombreuse, dont celle du président du Comité algérien de soutien au peuple libyen, Mohamed Tahar Abdeslam. Le secrétaire général du conseil consultatif de l'UMA, Saïd Mokadem, a indiqué que cette rencontre est l'occasion de se remémorer le parcours exemplaire de deux personnages héroïques qui occupent une place de choix dans la mémoire collective maghrébine. «Le Maghreb a connu des hommes et des femmes qui ont consenti le sacrifice suprême pour que la région vive pleinement libre, indépendante et souveraine», a-t-il déclaré, regrettant l’état des relations intermaghrébines qui traversent une zone de turbulence sans précédent eu égard à l'attitude inadmissible du régime du Makhzen. «Le Maroc ne cesse de multiplier les provocations contre les pays de la région. En 2016, ce dernier a intégré l'Union africaine pour tenter de détruire de l'intérieur l'organisation régionale.» «Des officines, dit-il, tentent de comploter contre l'Algérie pour attenter à sa souveraineté et sa stabilité. Les mêmes officines qui torpillent aujourd’hui la sortie de crise en Libye.» La Libye, rappelle le conférencier, a été la base arrière de la glorieuse révolution de Novembre. «C’est du devoir de l'Algérie d'accompagner et de soutenir ce pays pour qu'il puisse se stabiliser», a-t-il conclu. Pour l'historien, Mohamed Lahcen Zeghidi, l'Emir Abdelkader et le Cheikh Omar El Mokhtar ont laissé une empreinte indélébile dans l'histoire de l'Algérie et de la Libye. Quant à l’allégeance des tribus, la «Moubaya'a» de l’Emir, en date du 27 novembre 1832, l’historien réaffirme le caractère «symbolique» de ce couronnement. «Il est l'acte fondateur de l'Etat algérien au même titre que la Déclaration du 1er Novembre 1954», et «indique le début de la résistance contre le colonisateur».
«L'Emir Abdelkader avait très vite compris que le colon français était venu pour ne plus repartir et que la résistance devait se faire derrière un commandement unifié», a-t-il noté, avant d'ajouter, dans ce sens, que la Moubaya'a marque le «consensus» et est un «processus éminemment démocratique car elle introduit la notion de choura, la concertation».
«La déclaration de la Moubaya'a est le premier document qui structure la nation et donne naissance au djihad contre le colonisateur. Ce processus marque l'unité de corps pour un objectif précis qui n'est autre que libérer sa nation et placer ses intérêts au-dessus de tout.» Mohamed Lahcen Zeghidi constate que tout au long des 132 ans de résistance contre le colonisateur français, les revendications du peuple algérien n'ont pas changé. «On a l'impression que la déclaration de la Moubaya'a et la Déclaration du 1er Novembre 1954 ont été écrites par la même personne», commente l’historien.
Zeghidi est revenu sur le parcours du chef de la résistance libyenne, le Chahid Omar El Mokhtar. Né en 1862 dans l'est de la Libye, orphelin de père, Omar El Mokhtar a suivi l'apprentissage du Coran et des sciences religieuses dans une Zaouiade Tobrouk. Au débarquement des forces d’occupation italiennes à Benghazi, en 1911, Omar El Mokhtar est désigné par le Roi Senouci, en exil en Egypte, pour diriger la résistance.
El Mokhtar réunit autour de lui les tribus libyennes et remportera des victoires décisives, notamment dans la région du Djebel Akhdar. Le 12 septembre 1931, il est fait prisonnier suite à une embuscade. Le 16 septembre, il est exécuté, par pendaison, «martyr d’une Libye en lutte contre le joug colonial», a conclu l'historien.
Sami Kaidi