
Le parcours héroïque de Mohamed Zamoum a été magnifiquement relaté par son fils Rabah, au Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid avec l’association Machaâl Echahid, mercredi au musée du Moudjahid à Alger.
Rabah Zamoum, auteur du livre Si Salah, mystère et vérité, a précisé que son père, natif d’Aïn Taya, dont le père était instituteur, avait occupé le poste de secrétaire de la mairie d'Ighil Imoula (Tizi Ouzou), en 1953, avant d’être arrêté pour vol et usage frauduleux de cachets officiels au profit de l'Organisation spéciale (OS), par les renseignements généraux, où il sera incarcéré à la prison de Tizi Ouzou et y passera une année, de février 1953 à février 1954, durant laquelle il fut torturé, ce qui lui laissa des séquelles physiques.
À sa sortie de prison, il restera immobilisé deux mois durant pour se rétablir de ses blessures graves.
Le colonel Si Salah a participé au tirage de la Proclamation du 1er Novembre 1954, dans son village Ighil Imoula, tirée à des centaines d’exemplaires et envoyée aux quatre coins du pays, à l’étranger et à l’ONU.
En 1958, il succède à Si Mohammed (colonel Bouguerra) à la tête de la Wilaya IV historique et fut membre du CNRA. Il effectue, pour le compte de la Wilaya IV, une mission au Maroc et en Tunisie. Il revient à l'intérieur, refusant les postes de l’extérieur.
«Il avait fait un voyage en Tunisie pour faire parvenir aux maquis des armes et des munitions, d'où il est revenu remonté contre les intrigues de salon qui empoisonnaient le climat au sein du GPRA à Tunis.»
Rencontre avec De Gaulle
Le fils du colonel Si Salah explique qu’au début de l'année 1960, avec les opérations militaires intensives du plan Challe, «Si Salah était persuadé que la guerre risquerait d’être perdue si aucun secours ne parvenait de l’extérieur, les wilayas historiques continuant à perdre des hommes par centaines». Si Salah était convaincu que «l’indépendance de son pays dépendait de l’intérieur».
«Si Salah et ses deux adjoints Si Lakhdar (responsable politique) et Halim (liaisons générales) rencontrent par la suite le président de Gaulle, le 10 juin 1960, pour discuter du contenu de l'autodétermination. Mohamed Zamoum était l’homme qui a fait le premier pas vers l’autodétermination de l’Algérie, avant que les politiques prennent les choses en main.» Le 14 juin, le Président De Gaulle a lancé un appel au GPRA pour une rencontre, et le 20 juin 1960, le président du GPRA, Ferhat Abbas, décide d'envoyer une délégation pour engager les négociations.
Ayant «accéléré le processus d'indépendance, Si Salah ne survivra pas au cessez-le-feu, tombé les armes à la main au cours d’une embuscade le 21 juillet 1961, tendue par l’armée française à Saharidj, près de M’chedallah, dans la wilaya de Bouira, alors qu’il se rendait en Tunisie pour répondre à une convocation du GPRA ; il est tombé au champ d’honneur alors qu’il n'avait que 33 ans seulement, une année avant l’indépendance, il est mort en martyr dans les mêmes conditions que les colonels Amirouche et Si El-Haouès, qui eux aussi se rendaient en Tunisie». Rabah Zamoum a précisé que son père était l’un des chefs les plus actifs et les plus engagés de la Révolution au niveau de la Wilaya IV.
De sont côté, le chercheur Abdelaziz Boukena a souligné que le colonel Si Saleh avait «hérité» d’un commandement avec énormément de problèmes, notamment le manque d’armes de guerre, de munitions et de moudjahidine, dont les pertes étaient grandes.
Mohamed Zamoum avait essayé d’unifier les rangs des moudjahidine et coordonné les relations avec les autres wilayas historiques, afin d’en finir avec les problèmes que rencontraient les éléments de l’ALN.
Mohamed Mendaci