Forum de la mémoire d’El Moudjahid : Zighoud Youcef, l’homme symbole

Un hommage a été rendu, mercredi au Forum de la mémoire, au martyr de la guerre de Libération, Zighoud Youcef, à l’occasion du 65e anniversaire de sa mort (1921-1956).

Organisé conjointement par l’association Machâal echahid et le journal El Moudjahid, les animateurs duForum ont évoqué le parcours du combattant tombé au champ d’honneur lors d’un accrochage avec l’armée coloniale, alors qu’il avait commencé à organiser les rangs du Front de libération nationale à l’Est du pays.
Le Dr Allal Bitouni, historien et enseignant à la faculté d’Alger qualifiera le martyr de «véritable héros national ayant participé aux premières formations politiques révolutionnaires, membre du groupe des 22 qui ont organisé le déclenchement de la révolution, puis adjoint de Didouche Mourad, chef de la Zone 2. Il est confirmé commandant de la future wilaya II après le congrès de la Soummam et devient le fer de lance de la révolution et leader du Nord constantinois». Dans sa communication, l’invité du Forum dira que «l’homme du 20-Août 1955, qui a lancé les attaques historiques, a été à l’origine d’un tournant crucial dans l’histoire de la révolution, avec des représailles sanglantes perpétrées par l’armée française contre la population». Relatant son parcours et ses faits d’armes, le Dr Bitounia a mis en exergue la «forte personnalité» de ce colonel de l’armée de Libération nationale qui avait adhéré au Parti du peuple algérien (PPA) dès l’âge de 17 ans, puis l’élu du Mouvement pour le triomphe les libertés démocratiques (MTLD) avant d’intégrer l’Organisation de l’armée secrète, ce qui lui avait permis de se forger. Arrêté en 1950 et emprisonné à Annaba d’où il a pu s’évader, il avait participé activement au déclenchement de la révolution en 1954 et avait planifié, avec Didouche Mourad, la grande offensive du 20 août 1955 dans le Nord constantinois. L’historien rappellera qu’«après le décès de Didouche Mourad, il adopta une autre stratégie consistant à impliquer les populations dans le révolution».

L’entrée en scène  des masses rurales

L’intervenant rappellera que ce génie, convaincant jusqu’à la moelle, a réussi à toucher les masses populaires. «Par son ampleur et son caractère populaire, l’offensive du 20 août 1955 marquera profondément la révolution et l’entrée en scène des masses rurales fit irrémédiablement basculer l’Algérie dans la révolution. Le plan insurrectionnel de Zighoud était de lancer des offensives en attaquant des postes militaires et en déferlant sur les villes et les villages. L’administration militaire coloniale n’y avait vu que du feu», relate le chercheur. Son compagnon de lutte, Si Ammar Seghir, évoquera la «grande sagesse, la profonde piété et le courage» de ce martyr. Témoin des attaques du 20 août 1955 en tant que djoundi chargé de la sécurité, Si Ammar se remémore sa première rencontre avec Zighoud, connu alors sous le nom de guerre de «Sidi Ahmed», et, étape par étape, relate les difficultés rencontrées avant et pendant l’attaque et l’opportunité du choix de l’heure de l’offensive fixée à midi par Zighoud Youcef. «À midi, donc, des milliers de fellahs ont participé aux côtés des moudjahidine à l’attaque, notamment des postes de police, de gendarmerie, des bâtiments publics et des installations appartenant à des colons». Le choix de la date n’est pas fortuit, précise le compagnon du martyr : «Il s’agissait pour Zighoud de desserrer l’étau sur les Aurès et la Kabylie. Cette date a été choisie parce qu’elle rappelait l’exil du roi Mohammed V et faire ainsi savoir au gouvernement français qu’il y avait une coordination entre les pays du Maghreb».
Pour le Dr Bitouni, les Algériens ont prouvé par ces attaques leur entière adhésion à la révolution. La rupture était consommée. À l’international, on ne pouvait plus parler de «rébellion isolée».
Zighoud Youcef tomba au champ d’honneur au cours d’une tournée d’inspection des unités placées sous son autorité, un certain 23 septembre 1956 à Sidi Mezghiche dans la wilaya de Skikda, à l’âge de 35 ans.
Farida Larbi

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Amar Belkhodja, historien :
«Un Organisateur hors pair»

L’écrivain et chercheur en histoire, Amar Belkhodja, a rappelé que Zighoud Youcef n’était pas seulement le chef militaire de la wilaya II historique, mais aussi un homme politique qui participait à la prise de décisions dans la conduite de la révolution.
Le nom de Zighoud Youcef est lié aux offensives du Nord constantinois organisées le 20 août 1955, qui constituent un deuxième déclenchement de la lutte de Libération après celui du 1er novembre 1954. Il y avait une osmose entre le commandement de la révolution et le peuple. Le chercheur est revenu sur les objectifs essentiels des offensives du Nord constantinois, rappelant la continuité de la révolution, l’inscription de la cause algérienne à l’ONU dans le but d’internationaliser la question algérienne, de traduire la solidarité avec le sultan du Maroc exilé à Madagascar. Cette solidarité entrait dans le cadre de l’édification de l’union magrébine.

Si Ammar seghir, compagnon  de Zighoud Youcef :
«Le courage d’un combattant»

Latrache Amar, dit Si Ammar Seghir, qui était proche de Zighoud Youcef, a déclaré que les offensives du Nord constantinois ont sauvé la révolution. Il a tenu à souligner les grandes qualités de Zighoud Youcef, mettant l’accent sur sa proximité avec les moudjahidine, son courage, sa connaissance des faits et gestes de l’Emir Abdelkader, qui était son modèle. H. H.

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Dossiers  de la Mémoire

En marge d'une conférence organisée au siège du ministère à l'occasion de la célébration du 66e anniversaire de la bataille d'El Djorf, M. Rebiga a précisé que le travail des différentes commissions concernant le dossier de la Mémoire «se poursuit», soulignant que le traitement de ces dossiers «peut se faire à travers les différentes activités scientifiques et conférences historiques qui emploient l'arme informationnelle, sur laquelle il faut compter pour défendre la mémoire nationale et la faire connaitre via les réseaux sociaux». La question des dossiers en suspens avec la partie française figure parmi «les priorités», a-t-il fait savoir, soulignant qu'«on ne peut parler d'une réconciliation au détriment de la mémoire collective algérienne et on ne peut être tolérant concernant cette question». «Nos relations avec toute partie doivent être basées sur le principe du respect de l'histoire, de l'identité et de la mémoire nationale», a-t-il soutenu.

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