Haired Yacine Farès, Vice-Président du Conseil des Jeunes Entrepreneurs et Startups : «Réussir une révolution digitale par la Fintech»

Né à Alger, Haired Yacine Farès a grandi dans un foyer où l'éducation et l'ouverture sur le monde étaient des piliers fondamentaux. Aujourd'hui, il occupe le poste de vice-président du Conseil des Jeunes Entrepreneurs et Startups, et est le fondateur de « MizaniyaPay », une startup Fintech algérienne innovante spécialisée dans le paiement électronique. Son parcours est marqué par une quête constante d'excellence. Fait rare en Algérie, il a obtenu deux baccalauréats la même année, ouvrant la voie à un cursus international de haut niveau. Haired Yacine Farès a choisi de poursuivre ses études à l'étranger dans un programme anglophone, consolidant ainsi ses compétences. Au fil des années, il a acquis la maîtrise de cinq langues – l'arabe, le français, l'anglais, le turc et l'espagnol – et a obtenu un diplôme d'ingénieur en informatique. Son expérience professionnelle s'est enrichie de rôles variés dans des secteurs clés à l'échelle internationale, tels que l'hôtellerie, l'immobilier, le commerce et l'e-commerce, culminant avec un poste de responsable dans une entreprise de télécommunications en Suisse. Après plusieurs années passées à l'étranger, Farès a pris la décision déterminante de revenir en Algérie pour se lancer pleinement dans l'entrepreneuriat. C'est de cette volonté qu'est née « MizaniyaPay », une Fintech qui propose une solution intégrée de paiement électronique, d'ouverture de compte à distance, de gestion de cartes, d'e-paiement et de services financiers digitaux. Son ambition est claire : favoriser l'inclusion financière, simplifier l'accès aux services et accélérer la transition numérique du pays. Dans cet entretien accordé à El Moudjahid, Haired Yacine Farès partage les étapes clés de son parcours, la genèse de sa startup « MizaniyaPay », et ses aspirations pour l'avenir.

El Moudjahid : M. Farès, votre parcours est impressionnant. Pourriez-vous nous raconter votre cheminement, de vos débuts à l'obtention du précieux label «Startup» pour « MizaniyaPay » ?

- Haired Yacine Farès : Mon parcours est avant tout celui d'un jeune entrepreneur passionné par la technologie et désireux de participer activement à la transformation digitale de notre économie. Après une double formation en ingénierie informatique et en sciences politiques et relations internationales, complétée par une expérience significative dans les télécommunications en Suisse, j'ai fait le choix de revenir en Algérie. Mon objectif était clair : contribuer de manière concrète à l'innovation locale. C'est dans cette optique que j'ai lancé « MizaniyaPay », une application de services financiers numériques conçue pour démocratiser l'accès aux services bancaires et aux paiements électroniques. L'obtention du label « Startup » a représenté une étape charnière. Ce label a non seulement validé le caractère profondément innovant de notre projet, mais il nous a aussi ouvert les portes à des avantages fiscaux, à un allègement administratif significatif, et surtout, à une reconnaissance institutionnelle qui a considérablement renforcé notre crédibilité auprès de nos partenaires et investisseurs potentiels. Ce chemin a été jalonné d'efforts constants, de persévérance, mais aussi d'opportunités précieuses offertes par l'écosystème national des startups.

Le soutien institutionnel est vital pour l'émergence des startups. Dans quelle mesure le ministère de l'Économie, de la Connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises accompagne-t-il MizaniyaPay dans son développement ?

- Le rôle du ministère de l'Économie, de la Connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises est absolument déterminant pour l'émergence d'entreprises comme la nôtre. Nous avons bénéficié de son soutien à de multiples niveaux, ce qui a été très encourageant. Par exemple, nous sommes régulièrement invités à des événements stratégiques et participons à des rencontres de haut niveau, notamment celle organisée par la Présidence de la République. Lors de ces débats avec les acteurs économiques sur les réformes nécessaires au développement des startups, nous avons eu l'opportunité d'exposer les réalités du terrain et de ressentir une véritable volonté politique de soutenir l'innovation. De plus, Algeria Venture nous a constamment conviés à présenter nos solutions lors de salons et de workshops, ce qui a considérablement renforcé notre visibilité et élargi notre réseau. Le label « Start-up » obtenu du ministère nous a également permis de bénéficier d'exonérations fiscales, de facilités administratives et de programmes d'accompagnement concrets. Cette attention continue est un moteur essentiel pour tous les porteurs de projets en Algérie.

Au-delà de l'inclusion financière, quelles sont les solutions innovantes proposées par « MizaniyaPay » ? Et envisagez-vous une participation active aux marchés publics, contribuant ainsi à la digitalisation des transactions étatiques ?

- « MizaniyaPay » se positionne comme une plateforme FinTech véritablement innovante, conçue pour simplifier la vie financière de ses utilisateurs. Nous leur offrons la possibilité d'ouvrir un compte à distance, de gérer leurs paiements, d'effectuer des transactions électroniques fluides, et de suivre en temps réel l'utilisation de leurs cartes bancaires, le tout depuis une application mobile intuitive. Notre objectif principal est de réunir sur une seule interface la simplicité, la sécurité et l'accessibilité financière. Outre les particuliers, nous ciblons également les professionnels et les institutions, en leur proposant des solutions de paiements intégrés via API. Notre plateforme permet aussi la vente de produits digitaux et la gestion de paiement NFC, (Near Field Communication, que l'on peut traduire par Communication en Champ Proche) ; ce qui est particulièrement pertinent pour les populations non bancarisées, facilitant ainsi leur inclusion. Concernant les transactions publiques, nous nous préparons activement à y participer, notamment en développant des partenariats avec les entreprises nationales et en proposant nos services comme prestataire technologique pour la digitalisation des paiements publics. Cela s’inscrit dans notre vision de contribuer pleinement à la transformation numérique de l’économie algérienne.

Le cadre juridique est-il adapté à l'évolution rapide des FinTechs ? Quelles avancées ont été réalisées et quels sont les prochains chantiers pour protéger et développer vos activités ?

- Au début, il est vrai que le cadre juridique n'était pas suffisamment adapté aux réalités spécifiques des startups FinTech comme la nôtre. Il y avait un manque criant de textes spécifiques pour encadrer les Prestataires de Services de Paiement (PSP), ce qui compliquait considérablement la reconnaissance et le développement de nos activités. Heureusement, des avancées notables ont été réalisées avec la promulgation de la loi relative aux PSP, qui offre désormais un socle légal clair et sécurisant pour nos opérations. Cela dit, il reste encore des étapes importantes à franchir pour parachever cette adaptation. Nous appelons, par exemple, à la publication urgente des textes d’application liés aux PSP. De plus, nous plaidons pour l’ouverture des bureaux de change, une réforme qui, selon nous, permettrait de capter davantage de devises et d'intégrer plus efficacement la diaspora algérienne dans l'économie nationale. En tant qu'acteur pleinement engagé, « MizaniyaPay » est prêt à accompagner l'État dans tous ses efforts pour renforcer l'inclusion financière et généraliser la digitalisation des services financiers à l'échelle du pays. Notre objectif est commun : bâtir une économie numérique forte, moderne et inclusive.

L'obtention du label «Startup» a représenté une étape charnière. Ce label nous a ouvert les portes à des avantages fiscaux, à un allègement administratif significatif, et surtout, à une reconnaissance institutionnelle.

Des avancées notables ont été réalisées avec la promulgation de la loi relative aux PSP, qui offre désormais un socle légal clair et sécurisant.

Y. Y.

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