
La question du financement requiert une importance capitale pour les start-up, pour en faire le poumon de l’économie. Nos banques sont-elles suffisamment offensives pour injecter de l’argent dans des projets dits à risque ?
À cette question, Noureddine Ouadah, ministre de l'Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, affirme que «c’est l’investissement qui finance l’innovation, pas la dette». Ces financements risqués, explique-t-il, sont assurés par le fonds d’investissement dédié à ces jeunes pousses, tout en étant «actionnaire» des entités financées. La création de l’ASF en 2020, sous forme de société de capital-risque, est «un signal fort» de relever que le financement type investissement est lancé «pour faire confiance aux compétences algériennes». Des acquis sont réalisés. Toutefois, le ministre fixe la barre plus haut. Objectif : disposer de «plusieurs ASF complémentaires». En plus du Fonds d’investissement dédié aux start-up dans le domaine de l’IA (intelligence artificielle), la cybersécurité et la robotique, M. Ouadah relève la nécessité d’opter pour des «fonds thématiques pour chaque secteur clé de l’économie nationale, à l’instar de l’Énergie, des Énergies renouvelables et de l’Agriculture». Ces mécanismes «vont accompagner cette dynamique de création de star-tup» et seront «garants, outre la spécialisation, d’une meilleure maîtrise». L'ASF demeure le seul organisme de financement des start-up en Algérie. Un effort exceptionnel est mené dans le domaine de l'accompagnement financier de ces entreprises. D’où l’appel du ministre, pour une diversification de fonds d'investissement publics, mais surtout privés, notamment pour la phase d'accélération de la création de start-up. Dans le même ordre d’idées, le ministre affirme qu’entre 2020 et 2024, «notre écosystème était en construction, pour passer de nos jours à une phase de consolidation». Et indique que plusieurs institutions internationales ont affirmé que l’une des meilleures façons de soutenir la durabilité de l’écosystème des start-up est de diversifier les moyens de financement. Saisissant cette opportunité, le ministre annonce que le mécanisme réglementaire qui véhicule le financement des start-up va être enrichi dans les prochaines semaines, précisant que le Fonds commun de placements à risques, un nouveau venu, «garantira plus de souplesse».
Une conjugaison des efforts des entrepreneurs, des fonds d'investissement et des universités est plus que nécessaire, pour arriver à un écosystème de start-up plus performant qui aura de l'impact sur l'économie nationale. L’introduction du financement participatif, appelé crowdfunding, a marqué, selon le ministre, une avancée majeure, offrant aux entrepreneurs une nouvelle alternative pour lever des fonds et accélérer la concrétisation de leurs projets.
Outre le financement, la levée de fonds à l’international est cruciale pour ces jeunes pousses, pour une meilleure compétitivité. Sur ce sujet, le ministre affirme qu’une feuille de route est tracée avec comme objectif suprême d’atteindre 20.000 startup d’ici 2029. Cette démarche se décline en quatre axes : la création de plus de start-up , pouvoir en créer des entités plus matures, plus résistantes. Face à ce dilemme, le financement surgit. Par-dessus-tout, il y a nécessité d’améliorer la visibilité des start-up, notamment à l’international. Enchaînant, M. Ouadah indique que «nos start-up ont, d’abord, besoin de confiance en interne». Pour ce faire, le ministre souligne que plusieurs mécanismes réglementaires et des incitations sont mis en place. Et cite, à titre d’exemple, l’article 41 des marchés publics qui permet à toute institution publique de contracter directement avec la start-up labellisée. Aussi, M. Ouadah relève l’importance de l’open innovation et l’utilisation d’une partie de ces impôts, pour résoudre ces problèmes en faisant confiance à une start-up ou un incubateur algérien. «Cette confiance interne est obligatoire pour voir émerger des champions à l’international», indique le ministre, précisant que «nous envisageons de faire émerger plusieurs licornes-des start-up valorisées à plus d'un milliard de dollars chacune, en 2029».
F. I.