Forum des Pays exportateurs de gaz à Alger : La diplomatie énergétique actionnée

En prévision du 7e sommet des chefs d’État et de gouvernement du Forum des pays exportateurs de gaz, prévu le 29 février, d’éminents experts algériens et étrangers ont débattu la question cruciale du gaz et de l’hydrogène vert, lors d’une conférence, organisée hier à la radio nationale.

Analyste expert en géoéconomie, Mahfoud Kaoubi a évoqué la question de la «diplomatie énergétique dans le rapprochement des positions des pays membres dans le forum» et souligné, à cet effet, la nécessité pour le Sommet d’Alger de se concentrer sur l’activation de la logique pragmatique en activant les études pour rapprocher les points de vue entre les Etats membres, tout en mettant en avant la crédibilité et l’expérience de l’Algérie pour mener à bien cette mission de réalisation du consensus et de la stabilité du marché, quelles que soient les positions politiques.
Selon lui, l’obtention de ce consensus passe par la création de comités techniques et de surveillance permanents pour suivre le marché et développer des stratégies adaptées aux variables du marché afin de prendre des décisions au moment opportun, faire face aux défis et aux pressions des pays consommateurs et éviter une guerre de marché en faveur d’un groupe ou un autre. «Le forum devait trouver une voie à suivre pour défendre son avenir face à l’instabilité des prix qui affectera les investissements», a-t-il relevé. De son coté, l’expert de la Banque mondiale, le Jordanien Mamdouh Salama a déclaré que le 7e Sommet du GECF constituera un «tournant dans le monde pour créer une organisation gazière similaire à l’OPEP pour le pétrole» et «dans la politique internationale», en s’appuyant sur le rôle que joue l’Algérie en tant que «grand» pays producteur et 4e exportateur de gaz au monde. Il est question aussi, selon lui, du rôle diplomatique de notre pays qui a été toujours en faveur de la paix au sein de l’OPEP. «Ceci lui a permis d’adopter la même politique au sein du forum du gaz et de son organisation s’il sera créée».
Le spécialiste n’a pas exclu l’idée de «transformer le forum des pays exportateurs de gaz en une organisation» avec une «forte opposition et pression» de la part des États-Unis d’Amérique, qui «continuent à s’opposer» à cette idée, «comme ils s’étaient auparavant opposés à l’OPEP, pour protéger leurs intérêts et maintenir les prix du pétrole et du gaz bas pour soutenir et aider leur économie».
M. Salama estime que le 7e Sommet du forum du gaz en Algérie constituerait une forme «d’auto-défense des exportateurs pour mettre en avant le rôle principal du gaz dans l’économie mondiale et assurer un marché stable, tout en adhérant au principe de justice dans le monde». Il a confirmé que la demande de gaz est aujourd’hui estimée à 48% et que son commerce devrait passer de 450 millions de tonnes à 700 millions de tonnes d’ici 2040, avec un taux de croissance estimé à 3% chaque année. Ce qui donne du pouvoir politique et économique aux pays producteurs. Toutefois, les pays participants parviendront-ils à un consensus comme celui adopté dans les pays de l’OPEP ? En réponse à cette question, Mohamed Tartar, expert en économie, a répondu par l’affirmatif en raison des conditions internationales actuelles qui s’améliorent, selon lui. «Les pays du forum, a-t-il poursuivi, doivent approfondir la consultation et la recherche et continuer avec les résultats qui sont compatibles avec les conditions de l’après Covid-19 et depuis la guerre ukraino-russe. Cela se reflète en fonction des événements de Bab el-Mandab et de l’ennemi persistant à Ghaza et de ses répercussions dans le futur».
Quant à l’expert en économie, Lakhdar Madani, il a affirmé que le Sommet d’Alger est «nécessaire» pour trouver un plan d’action «efficace» pour faire face aux chocs que pourrait connaître le marché du gaz à la lumière des circonstances géopolitiques, soulignant que l’Institut international du gaz, qui sera créé en Algérie, jouera un rôle «central» dans les questions de recherche et développement dans l’industrie gazière et dans la recherche liée à l’augmentation des nouvelles explorations.

Samia Boulahlib

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