Forum de la mémoire d’El Moudjahid, Hommage à Djelloul Malaika et Mokhtar Kerkeb : Des hommes d’exception

Ph.:Billal
Ph.:Billal

L’ancien diplomate Noureddine Djoudi a retracé à cette occasion quelques aspects les plus significatifs de l’apport de l’Algérie, à travers le travail militant des regrettés Djelloul Malaika et Mokhtar Kerkeb. L'Algérie était en effet devenue, dès le recouvrement de l’indépendance, la citadelle des révolutionnaires africains pour les mouvements de libération en Afrique. Notre pays avait accordé son soutien et des aides multiformes à des figures de proue tels Nelson Mandela, Robert Mugabe, Samora Machel, Agostino Neto, Joachim Chissano, Sam Nujoma et bien d’autres encore. Mettant en exergue le soutien politique, diplomatique, financier et militaire de l’Algérie aux peuples en lutte pour leur indépendance, notamment en Afrique australe, Noureddine Djoudi, non sans parvenir à étouffer son émotion, a rappelé la solidarité sans faille envers les peuples africains dans leur combat contre l’Apartheid, l’injustice et l’oppression. Une mission exaltante Le conférencier a évoqué le glorieux parcours de Djelloul Malaika, un de ceux qui, dans l’ombre, se sont acquittés d’une mission, certes, honorable, mais qui n’était pas sans risques. Il a rappelé que le défunt était heureux de voir l’Algérie indépendante mais que sa joie demeurait inachevée tant qu’il existait encore des peuples qui ployaient sous le joug du colonialisme, notamment en Afrique. L’on comprend, dès lors, qu’il soit désigné par les dirigeants algériens de l’époque pour tisser des contacts avec les Mouvements de libération. Le diplomate a cependant fait observer que L’Algérie ne se contentait pas d’aider les militants de l’ANC (mouvement indépendantiste sud-africain), elle se sentait pleinement engagée à leurs côtés. Djelloul Malaika a activé dans le sens du renforcement de la lutte contre le colonialisme, lui arrivant de dépasser le cadre africain des missions qui lui étaient confiées. Il avait en cela joué un rôle remarqué dans la victoire des nationalistes zimbabwéens lors du référendum de Lancaster House en prenant le parti de celui qui combattait à l’intérieur du territoire zimbabwéen, l’essentiel de l’aide de l’Algérie devait revenir à Robert Mugabe. En cela, il avait adopté la bonne décision. Le colonel Mokhtar Kerkeb, autre homme de l’ombre, encadrait des équipes opérationnelles, n’hésitant pas à s’engager sur le terrain, intimement convaincu de la justesse de la cause qu’il défendait. Il participa dans le camp d’entraînement de Maghnia à la formation militaire de combattants angolais et de responsables du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola). Il ne manquait jamais de s’enquérir de la qualité de cette formation. C’était aussi l’homme à abattre, dira Noureddine Djoudi. Il entra en Angola pour superviser les avancées militaires du MPLA, escorté par des militants de ce mouvement à travers la jungle, parcourant plus de 200 kilomètres à pied. Son rapport a été décisif en ce sens qu’il a permis à l’OUA d’être renseignée exactement sur la situation. L’esprit panafricaniste toujours présent Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, a rendu hommage au soutien de l’Algérie aux Mouvements de libération africains, saluant la mémoire de Djelloul Malaika et de Mokhtar Kerkeb. «La révolution algérienne a pesé de tout son poids sur l’éveil de l’Afrique quant à la nécessité de lutter pour son indépendance». L’Afrique reconnaît la République sahraouie et l’Union africaine oeuvre en permanence pour que la RASD soit présente dans les grandes rencontres de l’Afrique avec ses partenaires, comme ce sera le cas lors du prochain Sommet Afrique-Japon par exemple. Les pays d’Afrique du Nord sont accablés par un voisin qui les considère comme des produits du colonialisme, alors que le régime marocain a collaboré avec l’Apartheid. «En tant que Sahraouis, nous sommes fiers de la position de l’Algérie qui défend le droit du peuple du Sahara occidental et du peuple palestinien à leur autodétermination». A la fin de la conférence, le frère de Djelloul Malaika et la fille de Mokhtar Kerkeb ont reçu des distinctions symboliques.

M. B.

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Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur de la RASD : «La contribution de l’Algérie à la libération de l’Afrique est reconnue»

L’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique a précisé dans son intervention que la contribution de l’Algérie à la libération des pays africains est reconnue, soulignant qu’Alger était la Mecque des révolutionnaires et la forteresse des hommes libres. Le continent africain est fier du rôle joué par l’Algérie a-t-il déclaré. S’agissant des déclarations du prédicateur marocain Ahmed Raissouni, Taleb Omar dira qu’elles sont erronées et ridicules. Le Makhzen est un agent du colonialisme et du sionisme.

H. H.

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Billy Lesedi Masetlha ambassadeur sud-africain à Alger : «L’Algérie est un soutien indéfectible des mouvements de libération»

L’ambassadeur d’Afrique du Sud, Billy Lesedi Masetlha, a mis en exergue dans son intervention le rôle de l’Algérie dans le soutien aux mouvements de libération au Mozambique, en Angola… rappelant que l’Algérie a de bonnes relations avec l’Afrique du Sud depuis la visite de Nelson Mandela en Algérie.

H. H.

Noureddine Djoudi, ancien diplomate et moudjahid : «Un devoir sacré et une éthique»

Noureddine Djoudi a tenu à préciser que le soutien aux mouvements de libération n’est pas conjoncturel en raison du fait que l’Algérie a des racines africaines profondes datant du temps de Massinissa qui s’était opposé à l’empire romain qui voulait conquérir tout l’espace méditerranéen et la Numidie (Algérie actuelle). «Notre responsabilité est un devoir sacré. On a commencé à former des combattants déjà au moment où nous combattions en 1958 ; après l’indépendance on s’est engagés en soutenant le principe d’autodétermination des peuples qui est pour nous une question d’éthique et de morale.»

H. H.

Djazia, fille de Mokhtar Kerkeb : «Un fervent défenseur de l’autodétermination»

Mokhtar Kerkeb, ancien officier de l’ALN dans la wilaya 2, s’est occupé après l’indépendance de l’Algérie des mouvements de libération de l’Afrique, rencontrant notamment Che Guevara . Il sera désigné pour faire un rapport sur ces mouvements par l’OUA. Il était très connu des dirigeants africains et il se rendit dans les maquis en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud, s’enquérant de tous les besoins en armes, en moyens logistiques et rappelant que certains pays étaient sous domination coloniale. Mokhtar Kerkeb va se donner corps et âme. Il connaissait les dialectes, les us et coutumes, et avait une relation très privilégiée avec des dirigeants comme Agostino Neto, Samora Machel et d’autres leaders. Il a fait cela par conviction, mais aujourd’hui, c’est l’occasion de mieux le faire connaître.

H. H.

Mokhtar Kerkeb Un Africain dans l’âme

Mokhtar l’Africain. C’était le surnom de Mokhtar Kerkeb décédé en août 2013 et l’un de ceux qui ont pesé de tout leur poids en termes de soutien et de défense des peuples africains en lutte pour leur émancipation. Mokhtar Kerkeb était officier de l'Armée de libération nationale. Il fut directeur central à la présidence avant d’être nommé inspecteur général de l'armée entre 1981 et 1984. Toute sa vie, il n'a cessé de répéter sa célèbre phrase : «Avant de devenir diplomate, j'étais moudjahid, convaincu que notre mission était de libérer les peuples colonisés partout où ils se trouvent, au Maghreb, dans le monde arabe, sur le continent africain…» C’était pour lui un devoir qu’il assumait avec dévouement, parfois au péril de sa vie. Sa contribution, avec tous ceux qui ont pris la décision d’aider les mouvements de libération, a fait honneur à l’Algérie indépendante.

H. H.

Djelloul Malaika un militant des causes justes

Djelloul Malaika est considéré comme le père des mouvements de libération en Afrique, dans le monde arabe et en Amérique latine. Décédé en août 2015, c’est un moudjahid qui s'est battu vaillamment contre le colonialisme français. Il a rejoint l'Armée de libération nationale en 1955 à une époque qui a vu des affrontements sanglants entre les combattants algériens et l'armée française, et après l'indépendance de l'Algérie, il a été élu député à l'Assemblée nationale constituante. Sa renommée s'étend jusqu’en Palestine où la nouvelle de sa mort a laissé une grande tristesse. Il entretenait une relation étroite avec le dirigeant palestinien Yasser Arafat. Décédé à l'âge de 87 ans, il a défendu tous les mouvements de libération dans le monde en dirigeant un bureau de soutien.

H. H.

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