
Le quotidien El Moudjahid et l’association Machaâl Echahid ont organisé, hier, une conférence consacrée au martyr Didouche Mourad, tel qu’évoqué dans les Mémoires d’Ali Kafi, Lakhdar Bentobbal et Mohamed Keddid.
L’historien, Ahcène Kilani, spécialiste du mouvement national, auteur du scénario du film sur Zighoud Youcef, s’appuyant sur ces travaux, a mis l’accent sur le militantisme du défunt, qu’il considère comme l’un des architectes de la Révolution de novembre1954.
Didouche Mourad était le chef de la Zone 2, membre du groupe des 6 historiques ayant préparé le déclenchement de la lutte pour l’indépendance. Il était un véritable stratège et un organisateur de l’action révolutionnaire dans le Nord constantinois. Bien imprégné d’une connaissance approfondie de la société politique et sociale de la population algérienne, Didouche Mourad usait d’arguments particulièrement fondés et convaincants pour rallier tout le monde autour de lui. Mohamed Keddid, a consacré plus de 100 pages dans ses mémoires au chahid Didouche, qu’il a rencontré en avril 1954 à El Harrouche, et qu’il a accompagné dans ses pérégrinations dans l’Est constantinois. Il se contente de relater les faits, sans plus. Mohamed Keddid était présent lors de l’arrestation de Didouche Mourad dont il a consigné avec minutie tous les détails des rencontres, réunions, travaux, rapports et autres activités de ce dernier avec les responsables et les chefs de la Wilaya II historique. Le conférencier avait indiqué que le chahid avait une bonne connaissance du Nord constantinois qui s’étendait de Souk Thenine dans la wilaya de Bejaia, jusqu’à Oum T’boul, à proximité de la frontière tunisienne, jusqu’à l’oasis d’Oued Souf, et Touggourt. Cet ancien département français fut le théâtre de manifestations grandioses et hélas, sanglantes, (8 mai 1945, 20 août 1955). Il déclara que 17 membres du Groupe des 22 sont originaires du Nord constantinois.
Un organisateur hors pair
Lakhdar Bentobbal, dit Si Abdallah, un des chefs militaires de la Wilaya II, a, dans son livre Mémoires de l’intérieur, consacré plus de 400 pages à Didouche, qu’il considérait comme un révolutionnaire génial. Bentobbal a consigné, pour la postérité, le courage d’un combattant inébranlable, affrontant l’ennemi avec foi et conviction, exhortant ses camarades (ils étaient 17) à faire face sans prêter attention aux rapports de force, car l’enjeu était plutôt de donner la preuve au peuple que le combat et la résistance sont là. Pour Didouche Mourad, le sacrifice suprême doit être consenti pour montrer la voie au peuple. Bentobbal disait que si Didouche, Benboulaid et, à un moindre degré, Benmhidi et d’autres dirigeants de leur importance, avaient survécu, le visage de la révolution aurait été, sans aucun doute, différent de celui que nous avons connu. Pour Kilani, Didouche était l’initiateur de l’idée de la révolution. Ali Kafi, auteur de l’ouvrage du Militant politique au dirigeant militaire - Mémoires : 1946-1962, indique avoir rencontré et accompagné Didouche Mourad, et était présent aussi alors qu’il était en discussion avec un responsable de la Kasma du PPA de Skikda pour l’inciter à rejoindre la révolution. En page 86, Ali Kafi mentionne qu’il est devenu moudjahid, en tenue militaire, muni d’une arme de marque anglaise, durant l’hiver 1955.
En 1962, le premier chahid à être enterré au carré des Martyrs fut Didouche Mourad, sur décision de l’ancien président de la République, Ahmed Benbella. Le conférencier ne cessait d’expliquer que Didouche avait déployé toute son énergie pour élargir au maximum les rangs de la révolution. Ahcene Kilani a cependant exprimé sa déception d’une insuffisance manifeste de références et d’écrits sur Didouche Mourad. Il espère voir se concrétiser un film sur cette figure illustre.
Rappelons que Didouche Mourad, dit Si Abdelkader, originaire du village d’Ibeskriene, dans la commune d'Aghrib, est né le 13 juillet 1927 à Alger. Encerclé avec ses compagnons de lutte, alors qu’il traversait Oued Boukerker, le 18 janvier 1955, il meurt, vaillamment, à 27 ans, durant la bataille du douar Souadek.
M. B.
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Parler de Didouche Mourad, c’est se souvenir de sa fameuse parole :
«Si nous venons à mourir, défendez notre mémoire»
C’est aussi, évoquer l’école du chahid Mohamed Belouizdad, de Belcourt, du Rama, d’Al Rachad, pépinières de militants disciplinés. Il sera le premier chef de Zone à tomber au champ d’honneur. Tous les intervenants ont été unanimes pour plaider en faveur de la défense de notre mémoire nationale, des symboles de la révolution et du devoir de transmission de cette mémoire aux générations futures. Sans mémoire, il ne peut y avoir d’histoire.
M. B.
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Constantine : Vibrant Hommage à l’homme
De notre bureau : Chahinez Djahnine
Chaque 18 janvier, l’Algérie commémore les nobles sacrifices du martyr Didouche Mourad, le jeune révolutionnaire qui a hautement contribué à la mise en action de la Révolution du 1er Novembre 1954.
Militant dès son très jeune âge, déterminé, il était l’un des membres influents du comité des six révolutionnaires qui se sont concentrés sur la préparation du déclenchement de la guerre de Libération, et ont étudié le contenu de la proclamation du 1er novembre 1954, le découpage de l’Algérie et la désignation des premiers responsables des six zones militaires historiques. Militaire de premier rang, Didouche Mourad était chef de la zone 2 du Nord constantinois où il réussi à la perfection à structurer les troupes de l’ALN, selon une stratégie efficace dans toute cette qui connaîtra par la suite l’offensive du 20-août-1955 dont l’impact a ravivé, à l’international, la dimension de la révolution armée du peuple algérien, mais aussi ce grand martyr, qui a su mobiliser les troupes des jeunes autour de la question du recouvrement de la souveraineté nationale. Dans ce cadre, Dr Allaoua Ammara, historien qui vient de publier un livre intitulé Les mémoires du moudjahid Mohamed Kadid a affirmé à El Moudjahid que cet héros était le cerveau qui a organisé secrètement les actions des troupes armées du FLN et de l’ALN au commencement de la révolution dans le Nord constantinois la Wilaya historique II. Se référant à son ouvrage et les témoignages de Kadid, Didouche Mourad a jeté les bases de la révolution armée dans le Nord constantinois et a organisé les actions des troupes de l’ALN dans d’autres régions comme Souk-Ahras, Mila, Annaba, El Harrouch (Skikda). L’écrivain, spécialiste de l’histoire de l’Algérie, révèle dans cette même optique que le révolutionnaire était clairvoyant, compétent, doué, expérimenté pour détourner l'attention de l’armée coloniale qui s’activait sans relâche pour le localiser.
Outre ses actions militaires en tant que chef du Nord constantinois Didouche Mourad avait un parcours exceptionnel d’un grand militant de la cause nationale, souligne Allaoua Ammara. Il ajoute qu’il était l’un des chefs de l’organisation spéciale O.S durant la période allant de 1947 à 1950 et aussi l’un des chefs du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) en activant pour concrétiser l’unité et pour planifier par la suite la révolution
C. D.