
Des millions de personnes vivent les tragédies des conflits armés, en particulier les femmes et les enfants, même après les combats, demeurant sous l’effet d’une terrifiante réalité : des sols jonchés d’engins meurtriers qui font des milliers de morts et de mutilés.
Cette douloureuse situation a été traitée, hier, dans le cadre du forum de la mémoire d’El Moudjahid, en coordination avec l’association Machaâl chahid.
Dans son intervention, Messaoud Adimi, chargé de ce sensible et épineux dossier des mines antipersonnel, a déclaré que notre pays a souffert des affres de ces engins de mort que l’armée française avait enfouies par milliers pour encercler l'ALN tout le long des frontières Est et Ouest, plus précisément sur les lignes Morice et Challe. Cette entreprise criminelle avait transformé l’Algérie en prison à ciel ouvert.
Le plus grand nombre de victimes a été recensé dans les principales régions frontalières de par le minage intensif des deux lignes.
En charge exclusive du nettoyage des zones minées, l’ANP a déployé, depuis 1963, en conformité avec l’article 10 de la Constitution, et avec l’aide de l’ex-Union soviétique, des efforts intenses pour assainir les zones infestées. L’ANP a procédé à un nettoyage mécanique dès son adhésion à la Convention d’Ottawa, notre pays a accompli un nettoyage dit humanitaire.
L’Algérie a créé une commission interministérielle composée, entre autres, du ministère de la Défense nationale, de la Santé, des Moudjahidine et de l’Intérieur, à l’effet d’appliquer les directives de cette Convention.
Notre invité a rappelé que l’Algérie enregistrait environ 50 victimes par an et que la France doit prendre en charge les frais importants occasionnés par la destruction de ces mines, la contraindre à en payer les prix. Il a conclu son intervention en mettant l’accent sur les efforts de l’Etat consentis en matière de prise en charge des victimes.
Nous sommes le droit
M. Mohamed Lahcen Zeghidi, co-président de la commission conjointe d’historiens algériens et français «Histoire et mémoire» a indiqué que notre pays a souffert de tous les crimes que subissent aujourd’hui, les Palestiniens, en particulier à Ghaza. Entrant dans le vif du sujet, il soulignera que le dossier des mines antipersonnel date depuis l’année 1957.
La vie des Sahraouis en danger
Quinze millions de mines ont été disséminées dans l’anarchie et par conséquent, il n’y a pas de cartes indiquant avec précision leur emplacement. Nous vivons aujourd’hui, l’époque de la revivification de la mémoire et de la fidélité au serment de Novembre, a déclaré le conférencier, que la volonté politique désigne désormais, les choses par leurs noms, car le détenteur du droit ne doit pas avoir peur de le défendre.
Hamdi Salek Dib, représentant de l’association sahraouie des victimes des mines anti personnel, a mis en évidence les retombées néfastes des champs de mines antipersonnel plantées par le Maroc dans les territoires sahraouis occupés. En effet, 7 à 10 millions de ces engins sont enfouis le long d’une ceinture de 2.720 kilomètres. Le peuple sahraoui subit une guerre au cours de laquelle le Maroc utilise tous les moyens : napalm, bombes au phosphore, construction d’un grand mur qui a partagé le Sahara occidental en deux parties, séparé les familles.
Cette association, créée le mois d’octobre 2005, avec ses propres moyens et avec la solidarité d’organisations internationales, a pu assurer un suivi médical en faveur des victimes.
Il a lancé un appel en direction de la communauté universelle pour exercer une pression sur le régime marocain pour l'amener à cesser la pose de ces instruments de la mort.
M. B.
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Ils ont dit
Nazim Gharabi, fils du colonel Hassan Gharabi :
«Mon père a remplacé chaque mines anti-personnel par un olivier»
Nazim Gharabi, fils du colonel Hassan Gharabi qui a passé toute sa vie sur le dossier des victimes des mines antipersonnel, a expliqué que ce projet joue un rôle crucial, notamment dans les relations algéro-françaises. «Mon père a remplacé chaque mines anti-personnel par un olivier».
Mohamed Djouadi, président de l’association nationale des victimes des mines antipersonnel :
«La France doit reconnaître ses crimes commis en Algérie»
Le président de l'Association nationale des victimes des mines anti-personnel a souligné les effets désastreux des mines ayant fait des victimes innocentes et affirmé que «l’histoire retiendra à jamais les crimes commis par le colonisateur français». Mohamed Djouadi salue la bienveillance du président de la République pour ce dossier, revalorisant la pension d’invalidité au profit des victimes et pour leur prise en charge psychomédicale.
«Le colonisateur a enfoui près de 11 millions de mines le long des lignes Challe et Morice, d’Est en Ouest, ayant fait 7.400 victimes, dont 2.470 après l’indépendance, tandis que les survivants souffrent de handicaps physiques et de traumatismes psychologiques».
Propos recueillis par : Zine Eddine Gharbi
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Déminage et soutien aux victimes : Un défi colossal
Dès l’indépendance, le pays était confronté à un défi colossal, d’autant que la topographie et les reliefs ont rendu la tâche de déminage encore plus complexe. La majorité de ces mines étaient antipersonnel, conçues pour exploser à l'activation d’un pied humain, faisant ainsi un nombre incalculable de victimes parmi les agriculteurs, les éleveurs, et parfois même des enfants qui jouaient dans les champs. Les personnes qui ont survécu aux explosions ont dû faire face à des handicaps permanents. Nombre d’entre elles ont perdu leur capacité à travailler, ce qui les a plongées dans une grande précarité. De plus, l’absence de structures adaptées pour leur réadaptation, la réhabilitation de leurs membres et l’accompagnement psychologique a aggravé leur souffrance.
F. L.