
Face à l'inertie de certains porteurs de projets, l'Agence Algérienne de Promotion de l'Investissement (AAPI) entame le retrait des attributions provisoires de terrains, pour les réallouer à des opérateurs prêts à concrétiser leurs investissements.
Une démarche qui vise à assainir le portefeuille foncier et à accélérer la dynamique économique.
C’est un coup de semonce qui résonne avec force dans le milieu des affaires algérien. L'Agence Algérienne de Promotion de l'Investissement (AAPI) a annoncé, via un communiqué ferme, le lancement d'une procédure d'annulation des décisions provisoires d'attribution de foncier économique. Dans sa ligne de mire : les investisseurs et porteurs de projets, qui, malgré l'obtention de précieuses assiettes foncières relevant du domaine privé de l'État, n'ont toujours pas finalisé l'enregistrement de leurs projets. Ils disposent désormais d'un délai couperet de huit jours, pour régulariser leur situation, sous peine de voir leur attribution purement et simplement retirée. Cette décision, loin d'être anodine, marque une nouvelle étape dans la volonté des pouvoirs publics de passer d'une logique de distribution de rentes à une culture de la performance et du résultat. Selon l'AAPI, cette mesure radicale intervient «après que l'Agence a épuisé toutes les voies possibles». Contacts répétés, mises en demeure formelles... rien n'y fait. L'absence de réaction de la part des bénéficiaires a été interprétée par l'agence comme un «manque de préparation effective pour le lancement des projets». En filigrane, cette opération vise à combattre deux maux qui ont longtemps freiné l'investissement productif : l'attentisme et la spéculation foncière. En gelant des terrains stratégiques sans les exploiter, certains opérateurs privent l'économie nationale d'opportunités de création de richesse et d'emploi, tout en attendant parfois une revalorisation de leur bien, pour le céder. L'AAPI entend ainsi «libérer» ces terrains, pour les réaffecter «au profit de porteurs de projets prêts à lancer effectivement la phase de réalisation». Cette offensive s'appuie sur un socle juridique solide, à savoir la loi n°22-18 relative à l'investissement. Ce texte, qui a redéfini le cadre de la promotion économique, met l'accent sur la transparence, l'efficacité et l'obligation de concrétisation. Le message est clair : l'octroi d'avantages, notamment fonciers, n'est plus un droit acquis, mais un engagement qui doit être honoré dans des délais raisonnables. Pour garantir la transparence du processus, l'AAPI s'appuie sur ses outils numériques. Les investisseurs concernés sont invités à consulter leurs comptes sur la «Plateforme Numérique de l'Investisseur», véritable guichet unique digital. De plus, une liste nominative des projets menacés de retrait a été rendue publique sur le site officiel de l'agence, ne laissant aucune place à l'ambiguïté. Au-delà de la simple mesure administrative, cette décision est un signal fort envoyé à l'ensemble de l'écosystème économique. Pour les investisseurs sérieux, nationaux comme étrangers, c'est la promesse d'un accès plus rapide et plus équitable au foncier, ressource rare et essentielle. C'est aussi la confirmation que l'État, via son
«bras armé» qu'est l'AAPI, joue pleinement son rôle de régulateur et de facilitateur, en veillant à ce que les ressources de la nation soient allouées aux projets les plus viables et les plus dynamiques. La balle est désormais dans le camp des investisseurs concernés. Les huit prochains jours seront décisifs. Soit ils démontreront leur engagement en finalisant leurs dossiers, soit ils laisseront la place à d'autres plus sérieux, confirmant, par la même occasion, la nouvelle doctrine de l'AAPI : le temps des projets dormants est révolu, l'heure est à l'action, pour une économie nationale de plus en plus forte.
M. M.