Expulsion de 12 agents consulaires français, Sofiane Chaïb : «Une décision souveraine et proportionnée»

Le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l’étranger, Sofiane Chaïb, a accordé, hier, un entretien à la télévision algérienne, dans lequel il a affirmé que la décision d’expulser 12 agents consulaires français «est souveraine et proportionnée», puisqu’elle «a ciblé uniquement les agents qui sont sous tutelle du ministre de l’Intérieur français, dans la mesure où cette nouvelle affaire est le fait de ses agissements et de ses manœuvres par touches successives» visant à torpiller la«dynamique de réchauffement des relations bilatérales».

Revenant sur les circonstances de l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France, il a réitéré que cette arrestation a été effectuée «dans des circonstances tout à fait inédites». «Il a été arrêté le 8 avril en pleine voie publique, au vu et au su de tout le monde et sans que les autorités françaises compétentes n’aient pris la peine de notifier officiellement, par le canal diplomatique, cette arrestation», a-t-il insisté, précisant qu’elle «s’est faite sur la voie publique, en contravention des immunités et privilèges prévus par l’ensemble des textes et conventions internationales, dont bénéficie l’agent consulaire concerné, mais aussi en faisant fi des usages et des pratiques qui doivent prévaloir entre États en la matière». Cette arrestation a été motivée, lors de l’audition de l’agent consulaire, par «un argument tout à fait grotesque, qui a été utilisé pour motiver cette arrestation, en l’occurrence le fait que le téléphone de cet agent consulaire ait borné à côté du domicile d’un délinquant notoire». Chaïb n’a pas hésité à pointer du doigt la partie qui est derrière cette affaire : «L’ensemble de ces mesures prises l’ont été sur instigation de services sous la tutelle du ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, qui assume entièrement la responsabilité de cette nouvelle situation créée dans un contexte tout à fait particulier.» Il n’a pas manqué de rappeler «qu’il y a eu un entretien téléphonique entre les deux chefs d’État, le 31 mars dernier et c’est un entretien téléphonique qui a permis d’acter cette volonté de renouer le dialogue entre les deux pays et de donner à la relation bilatérale une ambition tout à fait nouvelle, qui englobe l’ensemble des questions de coopération d’intérêt commun. Nous nous sommes retrouvés dans une nouvelle dynamique et l’Algérie s’est pleinement engagée, à travers l’invitation qui a été adressée par le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères à son homologue français qui a effectué une visite, quelques jours après cet entretien téléphonique». En réaction à cette arrestation «ostentatoire» et «indigne», le ministère des Affaires étrangères a «très clairement indiqué (sa) ferme volonté de défendre cet agent consulaire, et nous avons eu recours aux avocats-conseils, qui sont aussi bien au niveau de l’ambassade que du consulat concerné, qui se trouve dans la région parisienne». Après avoir fait preuve de «tempérance face à l’évolution de cette situation» et «en l’absence de réponse» à l’appel lancé de libérer immédiatement l’agent consulaire, «nous avons pris la décision de procéder à l’expulsion de 12 agents exerçant au niveau de l’ambassade et des représentations consulaires françaises en Algérie», non sans rappeler que l’arrestation s’est déroulée «le 8 de ce mois, seulement deux jours après la concrétisation de la visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères, à l’invitation de son homologue algérien». «Donc, deux jours après, nous avons eu droit à cette affaire qui est, en quelque sorte et pour dire vrai, une affaire tout à fait fabriquée et réchauffée. L’argument utilisé concerne un délinquant notoire qui prétexte avoir été enlevé. Il aurait été victime d’un enlèvement et il accuse les services de sécurité algériens d’avoir commandité cet enlèvement, comme si nos services de sécurité avaient quelque chose à faire avec cette vile personne», a ajouté Sofiane Chaïb. Explicitant davantage la responsabilité du ministre de l’Intérieur français dans cette affaire, le secrétait d’État chargé de la Communauté nationale à l’étranger a déclaré avoir bien suivi «les manœuvres orchestrées par ce département ministériel», ainsi que «le fait d’utiliser l’ensemble des services de sécurité, sous tutelle du ministère de l’Intérieur, pour pouvoir, en quelque sorte, créer un incident, qui vient torpiller cette dynamique ascendante et cette volonté, actée par les deux chefs d’État, de renouer le dialogue», faisant le constat «qu’il y a eu une implication visant à torpiller ce processus aussi bien dans la phase de création, en quelque sorte, ou de réchauffement d’une affaire qui date de plus de huit mois». Questionné sur l’impact que cette affaire pourrait avoir sur la communauté algérienne en France, Sofiane Chaïb, tout en rappelant qu’on parle «d’une communauté qui représente à peu près 80 % des Algériens immatriculés auprès de nos représentations consulaires à l’étranger», a estimé qu’il y a «un impact sur notre communauté qui pourrait percevoir, dans ce climat anxiogène, beaucoup d’inquiétude», mais il n’a pas manqué de rappeler que «le président de la République a, à chaque occasion, adressé un message de sollicitude et d’attention» à l’adresse de la communauté algérienne. Il a conclu en soulignant que «le lien humain entre l’Algérie et la France est acté dans le communiqué qui a sanctionné l’entretien téléphonique entre les deux chefs d’État. Ce sont des liens qui sont très forts, humains et c’est un aspect auquel le ministère des Affaires étrangères accorde toute l’importance».

«L’ensemble de ces mesures prises l’ont été sur instigation de services sous la tutelle du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau.»

Il y a «un impact sur notre communauté qui pourrait percevoir, dans ce climat anxiogène, beaucoup d’inquiétude», a affirmé Chaïb, rappelant que «le président de la République a, à chaque occasion, adressé un message de sollicitude et d’attention» à l’adresse de la communauté algérienne.

Synthèse : F. A.

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