Escale : Terreur sur le rail

  • Par Rachid Lourdjane

Victime permanente d’actes de sabotage, la SNTF consacre des milliers d’heures de travail et un budget bien au-delà du seuil normal pour compenser les pertes. La voie ferrée aurait subi 233 «actes de malveillance» au cours de 2020. À part une comptabilité assez sommaire des faits et les constats sans lendemains, que sait-on faire de plus ou de mieux pour endiguer cette terreur qui pèse sur la société et sur les usagers ? Les guillemets posés sur le mot «malveillance» sont justifiés quant aux interrogations utiles sur cette vague de violences implantée dans la durée et marquée par des attaques en règle contre les trains de voyageurs en des endroits connus vers Béjaïa, M’sila, Réghaïa, Thénia, Blida, El-Harrach, Semmar et ainsi de suite. Les 233 actes ne sont que la partie visible de l’iceberg, à la vue des impacts incalculables visibles sur les carrosseries des voitures et le nombre impressionnant de vitres brisées. Les coups de pierres traversant parfois les pare-brises sont à l’origine de sérieux préjudices matériels et humains parmi les passagers et les cheminots, dont l’un d’eux a perdu la vie près d’El-Harrach. Le jour du drame, c’était en 2017, la SNTF et ses clients ont frôlé de près la catastrophe. Le cheminot tué était à son poste de pilotage. Ces faits criminels ne sont pas que chahuts de gamins ainsi relatés assez souvent dans les écrits médiatiques. Hormis l’impact psychologique du caillassage, les blessures constatées vont du traumatisme au décès. Malveillance, dites-vous ? Le terme convient plutôt aux petites incivilités courantes et sans dangers pour le public. N’étant pas approprié, loin s’en faut, il dénature ce terrorisme qui cible les 4.200 km de voie ferroviaire avec un certain silence des juridictions. Les actes de caillassage qui désorientent la force publique figurent au bas de l’échelle statistique des affaires pénales. Comment assurer la sécurité tout le long des zones sensibles ; c’est toute la question. Ces vagues d’attentats nécessiteraient un nouveau regard à la hauteur des préjudices et de la gravité des agressions à objectif de détruire du matériel et accablant les usagers de la SNTF d’une peur au ventre. Sommes-nous donc dans une configuration à profilage terroriste qui s’ajoutent aux vols endémiques de câbles à haute tension, jusqu’à faire abandonner l’usage de l’énergie électrique au profit des anciens moteurs diesel ? L’idée de création d’une brigade canine, annoncée par la DG de la SNTF, prend forme. Mais elle apparaît en deçà de ce qu’on attend pour stopper la terreur sur le rail. Encore faut-il que la SNTF délimite son périmètre privé, en clôturant la voie. C’est une énorme tâche qui induit la réappropriation de son domaine occupé indûment par le bâti sauvage. N’est-il pas temps de requalifier ce cauchemar et poser les sentences qui conviennent, ainsi que les dispositifs sécuritaires et pénaux qui vont avec ?

R. L.

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